NOUVELLE ECOSSE
- LA VIDEO DU SEJOUR
- UN LONG VOL : MAIS OU EST DONC CETTE PORTE B19 ?
- VERS L’ÎLE DU CAP BRETON, LE LONG DU SUNRISE TRAIL
- EN ROUTE VERS L’ILE DU CAP BRETON : DE ANTIGONISH A LOUISBOURG
- LA TEMPÊTE AUTOMNALE :VOITURE ET SAUVETAGE A MAIN-A-DIEU
- VOYAGE DANS LE TEMPS ET MER FURIEUSE A LOUISBOURG
- OLD SYDNEY ET PARC NATIONAL DU CAP BRETON VERS INGONISH
- A PIED DANS LE PARC NATIONAL DU CAP BRETON
- PARTIE NORD DU PARC NATIONAL DU CAP BRETON : A LA RECHERCHE DES ORIGNAUX
- DERNIERE JOURNEE DANS LE PARC NATIONAL DU CAP BRETON :LES CLASSIQUES
- EN ROUTE VERS L’EASTERN SHORE
- EASTERN SHORE : RANDONNEE AU TAYLOR HEAD PARK
- DARTMOUTH ET HALIFAX : LES VILLES TRANQUILLES
- CONCLUSION
- UN GRAND MERCI A TOUS LES ANIMAUX
POURQUOI LA NOUVELLE ECOSSE?
La Nouvelle Ecosse résonnait en moi depuis quelques années déjà, depuis le voyage en Colombie Britannique où un local m’avais conseillé d’aller là-bas pour déguster les meilleurs fruits de mer du monde, durant la courte saison estivale. Et puis j’ai aussi un peu toujours ma boussole qui me ramène vers le Canada, immense pays au pouvoir attractif intense, avec sa population accueillante et ses clichés tenaces : sirop d’érable, chemise à carreaux, gens sympas, accents, musique folk, bleuets, orignaux et ours dans les forêts. J’avais déjà repéré la Nouvelle Ecosse pour un voyage estival, à suivre les voitures sur la route panoramique du Cabot Trail mais décidemment je n’aime pas les hautes saisons, quitte à sacrifier le soleil, des musées, les homards et les animations. C’est un autre voyage, juste avant la torpeur hivernale, sans personne autour, sur des routes désertes et avec les couleurs automnales si célèbres qui se programmait. . En juillet je sautais sur l’occasion et réservais mon billet. Se couvrir un peu plus, sortir les bonnets et les gants, se préparer à la tempête et à une certaine solitude. Voilà mon premier automne canadien.
Voyage avec Jamila , du 21 octobre au 4 novembre 2018.
Jamila
La Dame au grand coeurVincent
Faire ou ne pas fairePLAN DU VOYAGE
Notre ville d'entrée et de sortie sera HALIFAX.
Nous allons faire une sorte de 8 dans la partie est et nord de la province. Soit environ une moitié de la surface de l'île, ce qui est largement suffisant pour 2 semaines . On va commencer par 1 nuit à l'aéroport avant de rouler vers le Sunrise Trail et Antigonish où nous passerons la nuit. Le lendemain nous roulerons pour l'Île du Cap Breton, vers Louisbourg et Main-à-Dieu où nous passerons 2 nuits. De là nous irons vers Sydney et ses beaux musées pour 1 nuit dans un beau bnb victorien. Ensuite nous roulerons vers le parc national du Cap Breton. Nous y passerons 3 jours avec des nuits à Ingonish, Dingwall et Grand Etang près de Chéticamp. Puis route vers le sud depuis Margaree Forks ( 1 nuit) vers Sherbrooke , Liscomb River et Moser River ( 1 nuit). Nous longerons l'Eastern Shore et dormirons à East Petpeswick avant de retourner la voiture à l'aéroport. De là nous rejoindrons en bus Dartmouth où nous passerons 2 nuits , visitant la ville et sa voisine Halifax.
PERIODE :
Au niveau du climat, la saison automnale n'est pas censée être la meilleure. Nous avons eu deux journées avec des fortes pluies et des vents jusqu'à 100 km/h. Autant dire, impossible de trouver quelque chose à faire hors des villes. Nous avons eu de la neige sur les sentiers et c'était limite sur les routes au niveau du verglas sur l'île du Cap Breton. Niveau température , cela gelait parfois la nuit. Sinon on avait entre 0.5 et 12 degrés selon les jours . Globalement il faisait quand même froid avec le vent et l'humidité . Bien se couvrir car il n'y a souvent rien pour se réchauffer. Mais pour marcher ce climat n'est pas désagréable.
Pour en savoir plus sur le climat et les bonnes périodes , voir sur le site Où et Quand sur Halifax.
Au niveau fréquentation on est en basse saison, on devrait dire en "morte saison". Je crois que nous n'avons pas croisé un seul touriste français, ni européen d'ailleurs durant tout le séjour. Quelques touristes du Canada ou des USA mais vraiment on se sentait seuls la plupart du temps. Tout est fermé, les ports sont déserts, les parkings dans les parcs et dans les sites touristiques aussi. Une vingtaine de personnes pour le Skyline Trail, le plus réputé du parc national du Cap Breton, une dizaine sur le site de Louisbourg, voilà le maximum de fréquentation! Pour ça on a adoré. On se croyait dans des décors de cinéma ouverts que pour nous. C'est un voyage exclusif pour celui qui n'aime pas partager les sites avec la masse estivale.
Au final, même si on perd un tas de festivités, si on ne mange pas de homards frais, l'automne , avec ses couleurs et son ambiance (Halloween) fut pour nous une merveilleuse saison
NIVEAU :
Très facile
Pour peu que vous parliez un peu anglais et que aimiez conduire il est aisé de voyager dans ce pays. La conduite est très calme et reposante. Les routes sont souvent désertes et les locaux roulent tranquillement et ne doublent que rarement. Aucun stress là-dessus, même pour sortir de l'aéroport.
Le paiement est en DOLLAR CANADIEN.
Le système de transport est très bien fait et ponctuel, à l'aéroport ou dans Halifax et Dartmouth. Les horaires, les prix sont affichés un peu partout.
Les cartes bancaires sont très utilisées. Les gens parlent anglais et parfois si vous êtes chanceux français.
Niveau physique...rien à dire. Il y a peu de dénivelé dans cette province. Certains sentiers sont de vraies autoroutes, d'autres sont plus accidentés mais rien de bien technique. Pour les randonnées dans les parcs, comme chez nous, il faudra faire avec sa condition physique du moment. Les parcs sont bien gérés et les sentiers bien balisés. Dur de se perdre.
Niveau hygiène, pas une seule alerte de santé. C'est un pays moderne, rien à ajouter. L'eau du robinet avait parfois un drôle de gout, je ne pense pa qu'elle soit si bonne que ça à la longue.
Aucun sentiment d'insécurité . Je n'ai vu aucune bande de gars inquiétante, ni bagarres, ni scènes violentes. J'ai trouvé l'ambiance très relax, y compris dans les gares routières et ferroviaires. Les gens sont amicaux et serviables.
Un voyage confortable ,relaxant niveau moral et je rentre apaisé et en forme .
HEBERGEMENT ET BUDGET (2018) :
Le voyage nous est revenu à 1300 euros/personne pour 14 jours ( 420 euros d'avion(super prix!),15 euros pour le guide, 375 euros de logement, 150 euros pour louer la voiture et environ 340 euros sur place ) . Ce qui est un bon rapport qualite-prix pour un voyage au Canada dans une province pas si facile d'accès.
Pour trouver un hébergement ce fut très simple avec Booking, AirBnb et un peu de Couchsurfing à Dartmouth ( difficile de trouver des membres ailleurs).
La prix des chambres doubles était au maximum de 90 euros par nuit, avec petit déjeuner. Les moins chères à environ 55 euros. Difficile de trouver des logements vraiment pas chères hors saison mais à deux c'est très acceptable, d'autant que jamais on n'a été déçus. Par contre bien tout réserver avant de partir car là-bas c'est le désert et même si il y a des panneaux le long des routes, il faut penser que la plupart des endroits seront fermés pour la saison.
Sur les entrées de musées, elles sont entre 5 et 18 dollars. Bon rapport qualité prix. Quant c'est un peu cher c'est qu'il y a beaucoup à voir et que vous allez y passer la journée comme au Musée de l'Immigration d'Halifax. Profiter des soirées gratuites comme à l'Art Gallery of Nova Scotia d'Halifax, gratuite en nocturne le jeudi.
Sur les transports.La voiture est indspensable car il n'y a pas de transports publics sur la plupart des sites où nous sommes allés.
Nous n'avons pris les transports en commun qu'à Halifax et à Dartmouth : de et vers l'aéroport et le ferry. Pas besoin de prendre le bus sinon, les villes sont petites et la plupart des sites d'importance sont au centre.
Pour nous nourrir, on faisait nos courses dans les supermarchés et ce n'était pas simple de trouver de la nourriture saine. Des édulcorants partout, du lait modifié, du gras......Ce n'était pas le grand frisson niveau cuisine. On mangeait surtout des légumes, du poisson surgelé ( pas vu une seule poissonnerie ouverte!) , des pétoncles surgelées... Sinon on n'allait pas au restaurant . On aurait aimé des stand de poissons mais hormis à Halifax et à Dartmouth où on a bien mangé , ce fut le désert culinaire.
En général, les petits déjeuners offerts étaient très copieux et parfois délicieux . Ils nous tenaient une bonne part de la journée . On a beaucoup aimé les gauffres au sirop d'érable ou avec des bleuets et des framboises.
Les marchés . On n'a vu que celui du terminal de ferry de Dartmouth ou celui du Seaport Market à Halifax. Les deux étaient très intéressants avec là un tas de bons produits locaux et une très bonne ambiance.
Pour préparer ce voyage j'ai utilisé :
SITES GENERALISTES
- le site officiel du tourisme sur l'île du Cape Breton.
- le site officiel de l'office du tourisme de Nouvelle Ecosse . J'y ai commandé une brochure qui me fut très utile pour préparer le voyage.
- le site des parcs du Canada.
- le site du guide Bradt. Il est très bien fait, vraiment et nous a beaucoup servi.
- le guide Ulysse. Plus succint, bien pour une première approche.
LA VIDEO DU SEJOUR
En 5 minutes un résumé du voyage en musique.
UN LONG VOL : MAIS OU EST DONC CETTE PORTE B19 ?
Halifax n’est pas facilement accessible en cette fin d’octobre. Passer par Amsterdam, voler pour Toronto, y découvrir l’immense aéroport où les douaniers sont remplacés par des machines et où les écrans trônent sur toutes les tables. Faire la queue, attendre, marcher un peu perdu (où sont les correspondances ?) , repasser une douane avec cette fois de vrais douaniers , passer près des tapis à bagages, sortir, repasser à la fouille ( à fond), marcher, courir même dans les couloirs sans fin jusqu’à la porte d’embarquement et ne pas rater son vol. Assez d’adrénaline pour ne pas dormir sur un tour de cadran, et un tee-shirt et des chaussettes déjà mortes ! Arriver à 0h50 dans le tranquille aéroport d’Halifax, téléphoner sur un poste à une opératrice pour lui demander la navette de notre hôtel, sortir, remonter le col de sa veste, se retrouver dans les 5 minutes à l’arrière d’un minibus en écoutant de la musique country et dans un bon lit dans la demi-heure.
VERS L’ÎLE DU CAP BRETON, LE LONG DU SUNRISE TRAIL
Je pensais me réveiller un peu plus tôt face aux 5 heures de décalage horaire mais nous avons tenu jusqu’à 8h 30 dans le confort de notre motel d’aéroport. Ma première remarque concerne le petit déjeuner. Nous avons été surpris du calme dans la petite salle à manger, bien loin des discussions parfois bruyantes entendues aux Etats-Unis par exemple ou dans d’autres lieux touristiques. Disons que la première impression est justement que nous sommes bien loin d’être dans un flux touristique. La Nouvelle-Ecosse est très peu densément peuplée, elle n’est pas la première destination touristique qui vient à l’esprit quand on pense au Canada et nous sommes en plus à la fin de la période touristique. La salle à manger est donc aussi bruyante que celle d’une maison de retraite quand Derrick sévissait encore. Gaufres noyées dans du sirop d’érable, sièges genre « diners » de bord d’autoroute : nous sommes bien au Canada. Dans le hall un gars en sweat XXL vantant les mérites de l’Alberta attend pour louer sa voiture, nous on patiente devant les niaiseries de la téléréalité canadienne (là c’est de la conduite sur glace avec des « stars »). Un gars très sympa, genre O’Conner de « Fast and Furious », nous conduit tranquillement à l’aéroport et fait même un gros détour pour nous mener au hall de location, belle attention. On nous propose uns BMW, on voulait une Yaris, mais ils n’ont pas plus petit ! Ce n’est pas vraiment le genre de voiture souhaité pour un road trip mais on bon on n’a pas le choix. C’est toujours mieux que les pickups et les autres 4X4 garés à côté. Nous partons sous un beau soleil sur la highway direction Truro. Tranquille, vitesse limitée à 110 , quelques gros camions mais vraiment peu de monde . La route est très belle avec toutes ces couleurs automnales, ces collines et ces forêts aux alentours. Nous passons Truro, puis New Glasgow sans vraiment apercevoir ces villes qui de toute façon sont bien petites devant nos standards. Il y a à peine 1 million d’habitant sur un territoire grand comme le Danemark ou l’Ecosse.
Dans on jardin nous sommes accueillis, avec un certain dédain cependant, par un porc épic tranquillement occupé à traverser. C’est pour nous remarquable et cela s’ajoute à tous les autres animaux observés aujourd’hui (je peux aussi rajouter les ratons laveurs, morts, au bord de la route, et un petit écureuil acadien brun, vif, que nous n’avons pas écrasé).
Nous passerons une belle soirée dans notre confortable chambre, un peu décorée à l’anglaise, dinant d’une soupe et de garlic naan . Très belle journée, avec de belles lumières et déjà un sentiment de tranquillité absolue, sentiment rare et vraiment original. Tout semble vivre ici au ralenti, se préparant à l’hiver qui arrive. Et nous en prenons pour 10 jours !

Quelques PHOTOS de la route vers l'île du Cap Breton.
EN ROUTE VERS L’ILE DU CAP BRETON : DE ANTIGONISH A LOUISBOURG

Quelques PHOTOS de l'Isle Madame.
LA TEMPÊTE AUTOMNALE :VOITURE ET SAUVETAGE A MAIN-A-DIEU
Programme bouleversé aujourd’hui à cause d’une météo capricieuse, colérique on peut dire. Il pleut averse, le vent souffle les gouttes à l’horizontale (pointes à 100 km/h annoncées) et rien ne changera de la journée. Nous pensions visiter la Forteresse de Louisbourg mais en cette saison, les buildings sont supposés être fermés en majorité (d’après la propriétaire du motel) et nous ne nous voyons pas du tout visiter l’endroit, vaste sous la tempête. La seconde option était la marche sur le sentier vers le phare de Louisbourg. A oublier. Il y a bien un musée en ville sur le chemin de fer, mais il est comme tout ici « CLOSED ». Voilà bien le mot qui convient le mieux à la saison. Nous décidons alors de rouler vers Glace Bay, ancienne capitale des mines de charbon de la région. Ville sans charme particulier, nous faisons un tour devant le musée de la mine, malheureusement fermé. Nous ne verrons que quelques wagons de chargements sur le parking. Frustrant. Un peu plus loin, dans l’ancien hôtel de ville nous passons devant le Glace Bay Heritage Museum, malheureusement ouvert 3 jours par semaine et pas aujourd’hui ! Nous finissons sur le site historique où Marconi envoya outre atlantique le premier message par les ondes en 1902. Petite maison avec une antenne. Fermée aussi. Achat de vivres dans un grande surface un peu déprimante quand il s’agit de trouver des préparations sans additifs, des fromages sans lait modifié, de confiture sans sucralose et où règne la malbouffe. Et même pas de poissonnerie alors que l’on ne voit que des villages de pêcheurs dans les environs. Encore frustrant. Le vent se lève, la tempête forcit, alors on rentre lentement, sur la route côtière ou parmi les routes forestières vers Main-à-Dieu où nous avons une location pour la nuit. Petit arrêt sans sortir de la voiture sur le port de Port Morien, où des maisons rouges typiques donnent du cachet au quartier du port. En route on remarquera que la plupart des maisons possèdent un bateau de pêche, dans leur jardin, et des tas de casiers empilés autour. Mais nous ne verrons aucun homard frétiller...avant le hall de l’aéroport le dernier jour ! 14h, on demande à la propriétaire de prendre le logement à Main-à-Dieu un peu plus tôt et on se réfugie à l’intérieur…sans avoir rien fait de bien intéressant aujourd’hui. Les éléments ont eu raison de nous. Nous observons depuis la fenêtre, bien protégés, bouquinons et patientons. Il n’y a strictement rien à faire dans le coin. Pas un café, pas un musée d’ouvert. Juste attendre et écouter la radio Acadienne sur un vieux poste Général Electric ou bien épuiser les cassettes de musique folk de la location. Malgré mes envies de nature je ne sortirai pas voir le port à 1 km de là. J’avais bien pensé à un acte de bravoure solitaire sous la tempête, et à mon retour en héros. Jamila m’aurait servi un bol de Royco Minute Soup et cela aurait fait une belle publicité des années 80. Mais j’ai préféré rester et cuisiner.
VOYAGE DANS LE TEMPS ET MER FURIEUSE A LOUISBOURG
Ce matin, le ciel est radieux, pas de vent et une température plutôt clémente. Nous sommes tout excités de rattraper le temps « perdu ». Nous commençons par le port de Main-à-Dieu, avec ses pontons privés, ses maisons de pêcheurs au homard un peu partout, avec bateaux et casiers dans le jardin. On imagine le spectacle que doit être le coin en saison vu le nombre incroyable de casiers que nous avons vu depuis le début du séjour. La ressource est-elle inépuisable ou feront-ils comme avec la morue ? Nous roulons ensuite tranquillement sur une route au milieu de la forêt vers Louisbourg et sa forteresse, un endroit assez fascinant.
A quelques kilomètres de la ville moderne a été reconstruite dans les années 60 environ un quart de la ville historique de Louisbourg, fondée par les français au milieu du XVIIIème siècle. L’endroit est sauvage, en bord de mer et il n’en restait que quelques ruines avant le projet pharaonique, censé redonner du travail aux anciens travailleurs des mines.
Il faut s’imaginer un mélange de St Malo, de la citadelle de Brouage, de l’ambiance de l’île d’Aix ou d’un Fort Boyard pour se figurer les lieux. Avec à peine 10 visiteurs sur le site on se sent vraiment privilégiés et totalement imprégnés dès notre arrivée. Le site n’est pas pour autant vide avec quelques ouvriers restaurant les bâtiments avant l’hiver. Accueil sympathique dans la maison jaune et c’est parti pour près de 3 heures de visite, bien que la plupart des bâtiments soient fermés en cette basse saison et que tous les animateurs costumés aient quitté les lieux. C’est un peu dommage mais nous gagnons aussi le calme et la solitude. Voir le forgeron ou prendre un verre au Café l’Epée Royale aurait été sympa c’est sûr. Munis d’un plan très bien fait nous déambulons sur le site avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme, entrant dans des entrepôts avec fourrures, canoé, raquettes , pièges de trappeurs, visitant des cours de maisons avec des jardins potagers, des chèvres paisibles, passant sous l’enseigne de l’Hôtel de la Marine faisant face à l’entrée principale , la porte Fréderic, donnant sur le havre de Louisbourg…Nous grimpons dans le demi-bastion Dauphin où l’on visite la caserne, à côté de la poudrière . Nous suivons les remparts pour arriver dans le bastion du Roi, avec sa grande cour avec ses dindons et la caserne dans laquelle on visite une exposition retraçant l’incroyable travail que nécessita ce projet, tant au niveau archéologique qu’aux niveaux historiques ou artisanaux. L’endroit est vraiment unique. On sait que cela n’est qu’une reconstruction et que le gouverneur et ces messieurs de la Plagne ou de la Vallière n’ont pas franchi véritablement ces portes mais pourtant on se prend au jeu tant le site semble être …réel.
Je me dis souvent que dans nos villes historiques on est souvent dans le même cas, et qu’à force de rénovations on ne sait plus vraiment ce qui est d’origine ou ce qui est rajouté et que l’on n’est donc jamais sûr de voir l’endroit tel qu’il fut du temps de ses habitants. L’illusion est donc ici remarquable et peut-être ne triche-t-on pas plus qu’ailleurs avec l’histoire. En tout cas, nous avons adoré. J’ai vu un tas de forteresse dans ma vie mais là au bout du bout du Canada, face à l’Atlantique, dans un tel décor avec le phare de Louisbourg au loin, les vagues énormes et la lande autour, l’ambiance est vraiment unique.
Régulièrement des bancs et des panneaux offrent des informations et de superbes vues. Sous le soleil, on ne se lasse pas du spectacle, de ces lumières, de cet océan d’écume, de cette ambiance maritime automnale, d’autant plus que l’on ne croise quasiment personne. Un très bel endroit, accessible à tous et immédiatement gratifiant.
Nous jetons ensuite un œil au musée du chemin de fer de Louisbourg, fermé pour la saison, tranquillement assoupi en bordure de rails.
Juste à côté somnole un garage qui semble désaffecté avec ses vieilles Chrysler et son chien en laisse menaçant. Une maison offre aux regards de belles décorations d’Halloween de l’autre côté de la route. Quelques wagons sont visibles dans la partie plein air du musée.
Un saut à la pompe pour remplir le réservoir gourmand de notre BMW et nous voilà bientôt à Sydney, dans le quartier historique, dans un BnB au charme victorien, le Celtic Charm.
La 2ème plus grande du pays nous semble bien calme. Dans le quartier historique, difficilement identifiable, nous observons les jolies maisons en bois puis nous longeons le port sur une promenade déserte. Un monument retrace l’épopée des convois de bateaux qui partaient d’ici durant la seconde guerre mondiale pour apporter de l’acier en Europe sous la menace des U Boats allemands. Rien de bien spécial sinon, un port où les bateaux ont disparu pour l’hivernage, quelques immeubles moderne sans charme, une rue commerçante un peu triste avec marchands de comics et même un coffee shop un peu déglingué. On finira par manger au Subway, c’est pour dire. Soirée confortable au son des classiques country et folk. Très belle journée.

Quelques PHOTOS de Louisbourg.
OLD SYDNEY ET PARC NATIONAL DU CAP BRETON VERS INGONISH
Quel plaisir de se réveiller au calme dans le quartier historique de la ville, d’être les seuls clients du BnB et de profiter des gaufres fraîches aux fraises et aux bleuets dans la petite salle à manger, au son du tic-tac de l’horloge ! Notre première visite est juste dans la rue à côté. Jost House est une maison du XVIIIème siècle, pas bien grande, mais le genre de musée que j’adore. Chance ? Un bateau de croisière est à quai, ce qui permet au musée d’être ouvert, sinon je pense qu’il serait fermé pour la saison. Nous poussons une petite porte et nous sommes accueillis par deux dames en tenues d’époque, qui entre français local et anglais vont nous faire visiter une partie de la maison.
Le sous-sol d’abord, avec le four à pain et sa plume pour vérifier la température, sa cheminée servant à la cuisine et ses poutres bas de plafonds. A cette époque la taille moyenne était loin de nos standards. Au rez-de-chaussée nous entrons dans la chambre avec son lit, très court, en matelas de corde et ses rideaux pour la clarté et pour empêcher les maladies de se répandre.
Dans le salon, des sortes de mannequins en costume reposent près de la cheminée, sur les fauteuils sous les portraits de la Reine Victoria et de son fil, le Roi Edward. Puis nous montons à l’étage où nous nous régalons des moquettes au sol et des panneaux sur les animaux et les plantes du pays. J’apprends que la musaraigne a un cœur qui bat plus vite que le colibri et elle doit manger incessamment pour ne pas mourir. Plusieurs pièces aussi et dans chacune une exposition différente. La salle marine d’abord avec de nombreuses coupures de journaux d’époque relatant les drames de la mer. Incroyable photo du Queen Elizabeth, transportant 15 OOO soldats, face à une vague scélérate qui faillit le couler. Salle de l’apothicaire ensuite où sont disposés un bon nombre de médicaments et d’ustensiles anciens. Puis une salle sur les tapisseries et les broderies avec entre autres un châle offert par la reine.
Dehors la neige tombe dans le petit jardin. A 50 mètres de là se trouve l’autre maison historique de Sydney, la Cossit House, de 1787, la plus vieille de la ville. Nous devons faire avec un groupe de croisiéristes, éléphants dans un magasin de porcelaine, ce qui enlève un peu de sérénité dans la visite mais qui apporte des animations car là aussi des bénévoles déguisés en tenues d’époque présentent les lieux. Et puis ces touristes là ne restent pas bien longtemps : quand le chef fait tinter sa cloche ils décampent tous. La maison est du même type que la précédente, avec un jardin de plantes aromatiques, une cuisine dans laquelle un monsieur nous présente les menus de l’époque et nous fait même goûter une bière de mêlasse.
On apprend que les tomates étaient les légumes du diable, que les crustacés n’étaient pas mangés sauf en cas de famine et que les homards pris dans les tempêtes se trouvaient piégés dans les rochers et pullulaient. On visite un petit bureau, une sobre salle à manger avec le journal de correspondance de l’époque puis à l’étage deux petites pièces qui servaient de chambre à coucher. Modeste mais très agréable comme toutes ces maisons musées. Une bénévole nous avoue que cette neige qui tombe est très inhabituelle en cette saison et que l’hiver sera rude cette année. Nous quittons ensuite Sydney, finalement bien satisfaits de cette étape agréable. Rocade et highway (tranquilles), nous filons vers le nord par la route 105. Les paysages deviennent de plus en plus sauvages et jolis. Les collines au loin sont couvertes d’une fine pellicule de neige, les reliefs prennent de l’embonpoint. Nous passons un bras de mer sur un pont gardé par une pauvre dame et son panneau STOP, dans le vent et le froid, avant de suivre un 4x4 et son panneau « Ne pas dépasser », genre départ de grand prix de formule 1. Nous roulons en BMW, et nous sommes en pole position. Nous nous arrêtons à St Anns , dans un centre d’artisanat gaélique. C’est joli, on retrouve les tartans écossais, de l’artisanat anglais ou irlandais. Mais pour nous, ce n’est pas vraiment intéressant d’y acheter quelque chose. Dehors les corneilles picorent les citrouilles d’Halloween dans le vent. Nous sommes maintenant sur la célèbre route du Cabot Trail et c’est vrai que c’est à la hauteur de la réputation. Belles vues sur l’océan, couleurs intenses de l’automne, rivières, petits hameaux. Aucun commerce de bouche depuis des kilomètres, du coup, on se fait avoir et on ne mange pas à midi. Il y avait bien ce général store à Wreck Cove, avec son architecture du far west, mais rien de quoi faire de vraies courses. Un peu avant le parc la route s’élève vers le Cap Smokey, un promontoire qui surplombe l’océan de 380 mètres. Un aigle de mer plane au-dessus de nous, ce sera le deuxième de la journée. Le ventre vide on hésite à partir dans le vent glacial dans le parc du cap, on préfère assurer le ravitaillement en descendant vers les Ingonishs, petits hameaux à l’entrée du parc du Cap Breton. Passage obligé pour payer les droits d’entrée (pour 3 jours) puis nous trouvons l’unique supermarché digne de ce nom fermé à cause de funérailles. Il nous faudra poursuivre jusqu’à Neils Harbour , à une vingtaine de kilomètres par une superbe route il est vrai.

Quelques PHOTOS de Sydney.
Très joli petit port, avec du cachet et un phare. Nous nous arrêterons au retour à Black Brook Beach, à Mc Kinnons Cove, à Green Cove , à Lakies Head autant de petits arrêts le long de la route pour observer la côte et cette pierre rose parfois qui ne manque pas de charme. C’est très beau mais il est à peine 17 h et tout devient très sombre. Il neige un peu, alors nous rentrons dans notre cottage d’Ingonish. Les journées passent vite en cette saison. C’est parfois frustrant. Il faut jouer avec les kilomètres, la météo capricieuse, le ravitaillement…On a les jambes qui démangent. Gros plats de pâtes aux champignons et pétoncles avec un fond de musique folk, préparation des tortillas à l’omelette aux oignons pour demain. Nous sommes prêts, la météo semble nous laisser une ouverture, modeste quand même. Bonne journée néanmoins, on s’habitue au rythme de ce road trip, au milieu de ces couleurs flamboyantes et de ces paysages remarquables.
A PIED DANS LE PARC NATIONAL DU CAP BRETON
Une belle journée, sans trop de nuages, sans vent et avec de bonnes températures (entre 2° et 5°C). Nous prenons un gros petit déjeuner et quittons vite Ingonish pour profiter du parc avant la journée de demain qui s’annonce exécrable. Au programme aujourd’hui, un mix de forêts, de lacs, de côtes et de collines enneigées.
-Mont Broad Cove (un peu moins d’une heure, 2, 3 km) : On se gare après quelques centaines de mètres d’une bonne piste avant de grimper en forêt vers un promontoire offrant de belles vues sur la baie d’Ingonish. Un petit écureuil peu farouche nous accueille chez lui. C’est très beau avec ce parterre bigarré de feuilles colorées, assez facile et nous apprécions vraiment de marcher à la fraîche sans avoir froid, dans un air pur, sans moustique et sans l’uniformité du paysage estival, où le vert se retrouve partout. Belle petite montée donc, pour se mettre en appétit.
-Lac Warren : C’est un peu le lac de Walden mais avec deux r. Il est juste à quelques centaines de mètres plus loin sur la même piste. On s’y gare et y observe les berges calmes. Une sorte de perdrix nous accueille. On peut en faire le tour mais cela ferait trop pour nous avec notre programme.
On reprend ensuite la route du Cabot Trail vers Neils Harbourg, joli petit port de pêche avec son phare, ses maisons avec vues, les bateaux et les casiers dans les jardins. C’est l’image carte postale de ce voyage, tant nous en avons vus. Bien sûr l’animation estivale aurait été intéressante à voir.
-White Point : Après un ravitaillement au Coop local, nous continuons sur la route côtière, hors du parc, vers White Point, petit port au bout du bout, au pied d’une pointe rocheuse où nous irons marcher. Nous remarquons les innombrables traces de pneus sur la route, ici, et partout ailleurs sur l’île, autant de rencontres fortuites avec la faune locale. Les zigzags impressionnants ne poussent pas à appuyer sur l’accélérateur. Mais ici tout est limité à 80 km/h la plupart du temps et la conduite est très calme et courtoise. La randonnée vers la pointe rocheuse est très agréable, facile aussi. Nous y restons une bonne heure, à observer les collines enneigées du nord-est de l’île du Cap Breton et bien sûr le rivage et ses animaux.
L’océan est calme aujourd’hui. On reste un bon moment à suivre la chasse des phoques, tranquilles près du bord, occupés à plonger et à nous observer. Des oiseaux marins aussi, parfois sur les rochers à se sécher les ailes au soleil. Très bel endroit. Nous mangerons dans le petit port, où il ne reste qu’un bateau dans l’eau, au pied des casiers.
On poursuit la route côtière vers Smelt Brook et South Harbour. Les vues sont toujours aussi belles et c’est un plaisir de suivre la ligne jaune centrale de cette bande de bitume qui ondule dans ces paysages magnifiques.
-Mica Hill (environ 3 h pour 9, 2 km) : Un peu de piste depuis le Cabot Trail et on se gare au bord du lac Paquette, très joli. Le sentier est bien différent des autres. On a de la neige sur le parking et la quantité augmentera jusqu’à atteindre vingt bons centimètres dans certains creux vers le sommet.
Le sentier monte graduellement dans la forêt puis dans la lande , propose des plateformes en bois panoramiques, se détériore un peu parfois dans des passages humides , passe de petits ruisseaux sur des ponts en bois recouverts de neige, avant d’atteindre le sommet , recouvert de rochers et de lichens, de flaques d’eaux gelées et de neige. On adore. C’est une très belle randonnée, par l’immensité du paysage, par le sentiment de solitude que l’on ressent au milieu du wild, par les couleurs rouge, orange, verte, par les petits sapins enneigés. Du sommet on voit très bien au loin l’île Saint -Paul, l’océan, quelques lacs…mais pas d’orignaux ni d’ours, dommage. Un lièvre nous saluera quand même pour notre départ.
Nous finirons la journée dans les environs, à Dingwall, village tranquille comme indique un panneau au bord de la route. Le reste aurait été surprenant. Petit phare, petit musée sur l’île Saint-Paul, belles vues sur les collines du nord -est de l’île et caravane dans un jardin pour nous. Bien chauffée, confortable, nous y passerons la soirée avec joie après cette très belle journée.
Un peu du sentier Mica Hill.
PARTIE NORD DU PARC NATIONAL DU CAP BRETON : A LA RECHERCHE DES ORIGNAUX
Finalement je propose de réécrire ma dernière phrase…car le chauffage s’est arrêté en fin de soirée, je pense à cause d’une panne de gaz. On s’est donc gelés car une caravane alors qu’il fait 5 °C dehors, ce n’est pas très confortable. Au réveil, comme prévu, le temps est exécrable : pluie et vent sur tout le Cape Breton. L’unique radio que nous captons confirme qu’il n’y aura pas d’améliorations …et pourtant. Nous trainons donc habillés comme dehors et buvons un thé pas terrible pour se réchauffer. Avec ce temps, la journée s’annonce courte : rouler et ne pas pouvoir sortir. Nous quittons finalement le lieu un peu avant 11 heures et roulons plein nord vers Bay St Laurence , une des dernières communautés du nord de l’île. Le vent et la pluie sont vraiment violents, on ne sortira même pas de la voiture dans le petit port. Nous poursuivons vers Capstick, communauté de quelques maisons de pêcheurs au bord d’une belle anse où rentre la houle. C’est aussi la fin de la route goudronnée, nous n’irons pas plus loin vers Meat Cove. Il y a trop de vent et nous ne voyons pas l’intérêt d’aller là-bas pour risquer d’abîmer la voiture (ils prévoient des rafales à 100 km/h) sur une route en corniche sans bitume et sans visibilité. Dommage cette route depuis Dingwall doit être magnifique par beau temps. Alors nous avançons très lentement, nous n’avons que ça à faire aujourd’hui. A la rigueur nous aurions pu aller à la messe. Il y avait un parking plein devant une église.
La partie nord du Cabot Trail est vraiment déserte ce dimanche matin. On traverse des endroits où franchement je n’aimerais pas vivre tellement ils sont isolés. Pourtant on trouve des maisons, un peu partout au milieu de nulle part comme vers Big Interval. La route s’élève, l’ambiance devient même plus montagneuse, alors que nous ne sommes qu’à 400 m d’altitude, pas plus. La neige est aussi plus abondante. Le temps se calme un peu quand on se trouve devant le sentier Lone Shieling : une boucle de 600 mètres très agréable avec la visite d’une hutte de fermier écossais reconstituée en hommage à un immigrant qui a cédé une gros part de terrain au parc et qui avait demandé cette faveur. Le sentier longe une rivière dans une très belle forêt essentiellement constitués d’érables. Le tapis de feuilles jaunes et rouges est très beau et toute cette nature si près de la route suffit à nous enchanter.
Un peu plus loin nous marchons sur le sentier du ruisseau Mac Intosh, un sentier plat d’1,7 km le long d’un ruisseau, toujours dans la forêt, avec écureuils et au bout deux ponts de bois et une belle cascade fortement alimentée par les pluies du jour .Agréable endroit. De plus une grosse salle hors sac nous permet de manger à l’abri. Drôle de sensation, très grand parking, très grande salle et nous sommes seuls au milieu.
Le prochain arrêt sera Pleasant Bay, un joli petit port qui se spécialise durant l’été aussi dans le tourisme de l’observation des baleines. Cela se voit sur les petites agences, fermées pour la saison, qui colorent un peu le port, ce qui change de ce que nous avions vu précédemment. Un centre d’interprétation des baleines est juste à côté mais il semble fermé. En fait, encore une fois, nous sommes les seuls dans le coin. Les lumières sont belles sur la petite plage, et les casiers à homards sont notre seule compagnie.
La route s’élève alors vers le Wreck Cove Point d’où un belvédère permet d’observer les baleines en saison. La route est ensuite assez spectaculaire avec de belles vues sur la sauvage rivière Mac Kenzie . On sent là l’entrée du wilderness. Notre prochain arrêt sera le lac Benjie, une courte et facile randonnée de 3 kilomètres qui va beaucoup nous plaire. Nous serons seuls, en cette fin d’après-midi, dans un décor de landes et de forêts, pour rejoindre le lac sur un sentier détrempé, avec de la neige aussi. C’est un endroit à orignal et nous sommes là pour ça. En arrivant au bord du lac, j’entends comme des bruits dans l’eau. Il est là, à environ 15 mètres, énorme et nous fixant. Le temps que je sorte, tout excité, mes jumelles, il s’échappe en marchant dans la forêt dense. Quelle rencontre ! Nous verrons des traces sur le sentier mais plus d’autre spécimen. Par contre, sur le petit ponton en bois au bord du lac, très beau juste par lui-même, nous apercevrons une loutre, sortant la tête hors de l’eau dans notre direction, plusieurs fois en émettant de petits cris. Première fois que j’en vois une dans son milieu naturel. Un peu plus loin nous nous arrêtons sur le sentier « la tourbière », un petit circuit très facile au dessus de la tourbe et agréable malgré la luminosité rasante. La nuit tombe, la pluie aussi, nous filons droit toutes lumières allumées vers Chéticamp, sans trop regarder autour, nous y reviendrons demain.
Au final une très bonne journée, que nous pensions perdue et qui finalement nous a offert son lot de surprises. Nous savons déjà que nous quitterons le parc avec regret tant les paysages, l’atmosphère automnale et la simple conduite sur le Cabot Trail nous comblent. Et ce malgré la météo très capricieuse.
DERNIERE JOURNEE DANS LE PARC NATIONAL DU CAP BRETON :LES CLASSIQUES
La famille canadienne qui nous hébergeait était fan de base-ball alors nous avons vécu une immersion culturelle devant Los Angeles-Boston. Stacey me dit qu’il y a beaucoup de similitudes entre le jeu de base-ball et le tennis et que je devrais aimer ce sport. Je ne sais pas, moi je vois surtout qu’il y a un tas de publicité et que tous les clichés sont là : cela mâche, cela crache et cela se frappe sur l’épaule de manière virile quand le home -run est validé. Bonne soirée tranquille.
Ce matin nous quittons Grand Etang, où nous sommes logés, sous un ciel couvert mais la température est très douce. Nous retournons dans le parc pour marcher sur les sentiers les plus célèbres: l’Acadien et le Skyline.
-L’Acadien (8,4 km ; moins de 3 h) : On se gare près du gros centre de l’entrée du parc. Il y a bien quelques voitures, celles des employés du bureau du parc mais sinon tout est vide, le camping comme les sentiers. Enfin, pas exactement, dès nos premiers pas, les écureuils et les chipmunks nous accueillent par leurs cris d’alarmes, leurs facéties et leurs poursuites aériennes parfois. On en verra tout au long de la journée. Puis une grosse chouette décolle devant moi et se pose un peu plus loin. Voir sa grosse tête pivotante me fixer est très émouvant car je n’en avais jamais vue en liberté, posée et en plein jour, alors que je les entends tous les soirs dans mon village. Le sentier monte graduellement sur un plateau d’où l’on profite d’une très belle vue sur la côte au nord de Chéticamp. Seul problème, on ne s’habitue pas à cette hausse soudaine des températures et on regrette l’air frais des jours précédents. Sur le plateau, on avance lentement pour espérer surprendre des orignaux en vain, on échouera tout au long de la journée, même si nous identifierons de nombreuses traces. Puis le sentier redescend vers le lit d’une rivière qu’il longe dans un sous-bois jusqu’au point de départ. Une bonne mise en jambe mais ce n’est pas mon préféré du parc. Je l’ai trouvé moins enthousiasmant, peu propice à l’imagination, peut-être que la température et l’ensoleillement ont rendu le coin un peu mois sauvage.
-Le Skyline (environ 9 km, moins de 3 h). C’est le sentier le plus célèbre du parc. On nous a dit que deux semaine avant il y a avait 1200 personnes qui passèrent là ! C’est vrai que les parkings sont immenses…pour 12 voitures ! Nous les avons comptées. C’est juste 10 fois plus de monde que ce que nous avions l’habitude de voir les jours précédents. Mais 20 personnes sur 9 km, ce n’est rien, même pour un sauvage comme moi. On accède au site en suivant la route côtière (il n’y en a qu’une) vers le nord par une route alternant les montées et les descentes raides, images que l’on retrouve sur n’importe quelle photo Google sur le Cabot Trail. Le sentier commence par des panneaux nous mettant en garde sur les dangers des animaux du parc, et nous présente les orignaux que tout le monde souhaite apercevoir ici. Aucune difficulté, c’est tout plat, et très stable au niveau du sol (un peu trop de gravier à mon goût même sur une partie du parcours). L’environnement est très agréable avec une forêt peu dense d’arbres un peu rabougris, de belles vues sur la mer et des bancs pour pouvoir admirer le paysage. Le point le plus fameux et la descente vers un promontoire au -dessus de l’océan, sur un ponton en bois très photogénique. Nous l’avons pour nous tout seul. La vue est magnifique sur l’océan (très bon spot pour observer les baleines) , sur la côte jusqu’à Chéticamp ou sur la route du Cabot Trail. La végétation est ici très fragile, d’où le ponton, ainsi, un peu avant sur le plateau, que dans un exclos en bois façon Jurassique Parc pour que les orignaux ne viennent pas manger un peu plus des pousses d’arbres d’une forêt qui ne peut se régénérer sous une telle pression. Une structure en bois de plusieurs mètres de haut permet d’avoir une vue d’ensemble du site. Mais toujours pas d’orignaux autour. Nous nous contenterons d’une scène rigolote où un chipmunk, pas du tout géné par notre présence, déterre et enterre ses provisions dans un ballet incessant. Un petit serpent traversera aussi la route. Au final une bien belle promenade que j’imagine horrible en saison à faire la queue sur le ponton.
C’est avec tristesse que nous quittons le parc, notre permis s’arrêtant à 16 H. J’essaye de profiter au maximum, mais toujours une consolation me pousse à me dire qu’il y aura d’autres voyages bientôt. C’est une erreur qui empêche de vraiment vivre chaque expérience comme unique, fuyante et infiniment précieuse. C’est un peu comme avoir la nostalgie d’un présent, par anticipation et de chercher des remèdes par la fuite en avant. Il m’est juste impossible de ne penser et de ne vivre que dans un point du temps. L’avant et l’après prennent trop de place. Je cherche la solution.

Quelques PHOTOS du parc national du Cap Breton.
C’est avec tristesse que nous quittons le parc, notre permis s’arrêtant à 16 H. J’essaye de profiter au maximum, mais toujours une consolation me pousse à me dire qu’il y aura d’autres voyages bientôt. C’est une erreur qui empêche de vraiment vivre chaque expérience comme unique, fuyante et infiniment précieuse. C’est un peu comme avoir la nostalgie d’un présent, par anticipation et de chercher des remèdes par la fuite en avant. Il m’est juste impossible de ne penser et de ne vivre que dans un point du temps. L’avant et l’après prennent trop de place. Je cherche la solution.
Nous traversons Chéticamp, longue succession de maisons séparées les unes des autres, lieu assez animé par rapport à ce que nous avons vu ces derniers jours. Belle église en pierre, quelques commerces, port tranquille.
Belle route côtière avec la lumière rasante, petit arrêt au port de Belle Cove, un de plus puis nous roulons vers une ferme isolée au bout d’une route défoncée pour dormir chez Peter vers Margaree Forks. Longue barbe et musique folk à fond dans la ferme, âne et chats dehors, gars super sympa et belle étape à côté du poêle dans une ambiance typiquement canadienne. Demain, nous quittons l’île du Cap Breton pour l’ Eastern Shore.

Quelques PHOTOS de l'Île du Cap Breton.
EN ROUTE VERS L’EASTERN SHORE
La ferme s’éveille, Peter et ses aides Woofers sont déjà au travail à trier les légumes quand nous déjeunons de beans dans le poêlon et d’œufs de la ferme. Nous quittons cet endroit sympathique et authentique pour une grosse journée de route afin de rejoindre la côte est de l’île, censée être la plus isolée de l’île. La route côtière se nomme ici le Ceidihl Trail et c’est vrai que tout ici rappelle l’Ecosse dans le nom des lieux. Dunvegan, Inverness, Glenville…la route est tranquille avec de belles vues sur le Golfe du St Laurent mais rien qui ne mérite un arrêt tant tout ce qui est visitable est « Closed for the season ». Mabou, Port Hood, on s’arrête quand même à Sunset Beach, une plage tranquille, avec un vieux ponton en décrépitude et une atmosphère toujours assez étrange car nous sommes les seuls dans les parages. Judique puis un arrêt en face de la baie St George vers Creignish pour admirer l’immensité totalement plate de l’océan aujourd’hui. Quelques panneaux nous en apprennent sur la vie des pêcheurs et des mineurs du coin dans les années 60. Les drapeaux canadiens et de Nouvelle Ecosse flottent paresseusement au vent. Une voiture sur le parking, quelques promeneurs au loin sur le sentier côtier, tout est si calme. Sur la digue de Canso, nous retrouvons quelques camions, une atmosphère un peu plus industrielle avec une carrière à graviers, et quittons l’île du Cap Breton. De l’autoroute sur la highway 104, puis la route 7 jusqu’à Sherbrooke. La route est assez classique, sans stress, elle longe une belle rivière connue pour ses saumons à une époque et arrive dans la petite ville célèbre pour son village reconstitué comme il devait être fin XVIIIème- début XIXème siècle.
On se croirait dans un décor de cinéma, rien que pour nous, car nous sommes les seuls garés sur l’immense parking du site. Seuls des locaux s’arrêtent gentiment pour nous demander d’où nous sommes et pour nous renseigner sur le site. On va adorer se promener sur le site qui en saison est rempli de personnes en costumes, d’animaux et d’animations. Mais là, même si tout est fermé cela reste très intéressant pour nous, en regardant par les fenêtres. On voit l’intérieur de la pharmacie, l’école, le palais de justice, l’atelier du forgeron, celui du menuisier, le restaurant de l’hôtel, des intérieurs de maisons. On se croirait dans un décor de cinéma, façon Dr Quinn ou La petite maison dans la prairie, privatisé pour nous. Juste à côté coule une belle rivière où seules les corneilles dérangent le silence. Nous poursuivons vers la côte : Liscomb, Spanish Bay…C’est très joli, avec un tas de petites îles et de plages désertes. A Liscomb River, nous marcherons sur le Mayflower Point Trail (2,9 km), sentier escarpé et très humide le long de la rivière, dans une forêt dense de mousses, de petits sapins et d’arbres morts. L’ambiance est très wild malgré la proximité de la route. Un panneaux déconseille même de partir seul en raison des ours et conseille de se signaler au bureau du lodge, proche, mais fermé maintenant. Le sentier est agréable et certains passages près de la rivière pourraient exprimer ce qu’est une rivière isolée de toute civilisation. Un peu plus loin sur la route nous nous arrêtons à Marie Joseph, un endroit un peu désolé avec quelques épaves de bateaux, dont un très gros, une vieille pêcherie, une vieille boutique, qui ont périclité. Un endroit un peu sinistre. A Moser River, nous passerons la nuit dans une vieille maison à la décoration vintage, ce qui pour nous est un réel plaisir. Pâtes aux pétoncles et tarte aux noix de pécan bien grasse au dîner. Tout roule pour nous.
EASTERN SHORE : RANDONNEE AU TAYLOR HEAD PARK
Très bonne soirée dans notre vieille demeure, bien que le fait que la porte d’entrée ne ferme pas une veille d’Halloween en lisière de forêt soit un peu inquiétant. Mais nous avons survécu. Par contre, étrangement, un clou se trouva planté dans un de nos pneus ! Mais la BMW a des ressources et roule même à plat. Un petit coup d’air, aidé par un local typé en pick-up et Iron Maiden au poste devant l’épicerie locale à Moser River, et cela repart jusqu’au prochain garage de Sheet Harbour. Après un peu d’attente à la station Irving (pause repas) , un garagiste-chemise-carreau et ACDC dans le garage nous rassure. Idem pour le loueur de voiture appelé au téléphone, en roulant lentement on peut rouler à plat. Sheet Harbour est un endroit plaisant où nous nous promenons le long de la rivière qui tombe en rapides dans l’océan. Des panneaux expliquent l’époque des scieries, des centrales hydrauliques, de l’industrie du bois au départ d’un petit sentier sur un ponton de bois descendant vers l’embouchure.
Notre véritable but de la journée n’est pas là mais dans le parc Taylor Head, à quelques kilomètres de là. C’est une des nombreuses pointes qui s’avancent sur l’océan, au milieu d’une région connues pour ses dizaines d’îles inhabitées. On y accède par 5 kilomètres de piste, le long de la côté. Au terminus, un grand parking où nous seront encore les seuls. Nous allons choisir le grand tour, additionnant le sentier balisé en rouge et celui en jaune pour aller jusqu’à la pointe. Autant le dire, ce n’est pas un sentier très roulant. Nous mettrons 3h30 pour parcourir environ 11 kilomètres (les boucles faisant 4 et 8 km) . L’endroit est très sauvage, le sentier est souvent très étroit, escarpé, au milieu des branches mortes, ou sur les gros galets de la côte. Souvent très humide, plat, très odorant (mais d’où vient cette odeur de pain grillé ?) et vraiment très agréable. Les couleurs automnales sont remarquables, entre le vert des mousses et des lichens, le rouge, le gris des troncs des arbres rabougris sous l’effet du vent, le blanc de certaines plantes des prairies et le bleu de l’océan. Et puis le calme : quelques oiseaux marins, un phoque qui pêche, un porc-épic qui passe devant nous tranquillement ne suffisent pas à troubler le silence d’une journée sans vent.
Seule une petite houle anime la côte du bruit de ses vagues au bord. C’est un très bel endroit, très original, très paisible et offrant des paysages et une végétation dont je ne connais pas d’équivalent en France. La highway 7 suit de nouveau la côte, avec toujours un tas de beaux paysages, de petites anses, d’îlots, mais il est trop tard pour nous, nous ne ferons que passer. A Lake Charlotte nous ferons juste un petit arrêt à Memory Lane, un petit parc où est reconstituée une petite ville des années 40, créée en relocalisant des buildings menacés et en les restaurant. Le site est fermé, nous ne verrons que le bureau mais la vision de tous ces objets et de ces affiches inciterait en en voir plus. Un petit coup de pompe à la dernière station disponible et nous arrivons à East Petpeswick , dans une belle maison au bord de l’eau où nous passerons la soirée d’Halloween dans le confort en espérant trouver notre voiture en état de rouler demain matin.
Quelques ambiances maritimes.

Quelques PHOTOS en plus de l'Eastern Shore.
DARTMOUTH ET HALIFAX : LES VILLES TRANQUILLES
Comme prévu la voiture se matin penche bien d’un côté. Nous nous traînons vers le village proche de Musquedoboit Harbour où un type repère directement la panne. Heureusement à quelques mètres un accès libre aux pompes (dire que je dois parfois payer cela en France !) nous permet de mettre assez d’air pour rouler jusqu’à l’aéroport, à moins d’une heure de là. Dernières routes boisées, au milieu de nulle part et arrivée super tranquille au service de retour des voitures. Vraiment, aucun stress, même moi j’aurais pu conduire ici ! On rend une voiture avec un clou dans le pneu et on part, attendant qu’on nous demande quelques dollars dans les prochains jours quand même. Un peu moins d’une heure tranquille dans le bus vide et nous descendons à Dartmouth où nous logeons ce soir chez Ingram et Syd, deux photographes canadiens fort sympathiques. Les sacs sur le dos nous commençons par visiter l’Evergreen House, une maison historique victorienne dans laquelle vivait une très célèbre écrivaine canadienne, Helen Creighton. Nous allons adorer cet endroit que nous allons explorer de fond en comble. Nous adorons d’abord l’ambiance de ces maisons anciennes où le moindre détail nous intéresse : le pare-feu près de la cheminée pour éviter de faire fondre le maquillage au plomb des dames ou pour qu’elles ne rougissent pas, acte très mal vu à l’époque, les poignées basses pour donner l’impression que les portes sont plus grandes, donc que les plafonds sont plus haut, signe de richesse… Puis les portraits de la reine Victoria, le petit bureau pour écrire près de la cheminée, le piano sauvé in extremis dans la rue avant que les éboueurs ne l’emportent. Nous sommes seuls, hormis les employés qui restaurent l’endroit. De la véranda on observe l’océan et le jardin.
Et puis il y a quelques expositions intéressantes : une sur les compétitions d’avirons sur le lac Banook, une autre au sous-sol, succincte, sur la photographie mais surtout, à l’étage une très intéressante sur l’explosion d’Halifax, du 6 décembre 1917. Deux navires se percutent dans le port, l’un contient des produits hautement explosifs et c’est le drame. La plus grosse explosion d’origine humaine avant l’ère atomique. Des débris projetés à 1500 m/s, un canon retrouvé à 4 km, et bien sûr une ville ravagées et 2000 morts. Avant le drame du Titanic, c’est l’élément le plus marquant de l’histoire navale de ce début de XXème siècle dans la zone atlantique. L’exposition est passionnante, avec les témoignages des rescapés, l’héroïsme de certains, les morceaux de ferraille et les photographies d’époque.
Et puis nous adorons enfin l’histoire de la dernière propriétaire, une dame qui passa sa vie à enregistrer et à retranscrire les chants populaires de sa province. On y découvre des témoignages et des photos très émouvantes de ces vieux marins ou paysans poussant la chansonnette. Elle a aussi recueilli et vécu des expériences surnaturelles, qu’elle a retranscrites dans un livre célèbre au Canada, Bluenose Ghost. Voir son bureau, ses photos ou sa petite bibliothèque remplie de livre d’aventures était passionnant.
Un peu plus loin, nous nous faisons inviter dans un club de curling. C’est très dépaysant d’assister à ces matches, de derrière la vitre, un œil sur les écrans offrant une vue sur la « cible ». La moyenne d’âge est assez élevée, il est vrai, et certains ont du mal à marcher aussi vite que la pierre avance mais nous n’avons observé aucune fracture du col du fémur durant la séance. C’est très dépaysant de voir ces papis s’amuser à ce sport national. Une première pour nous au Dartmouth Curling Club.
Nous passons sur le canal Shubenacadie , reliant le port d’Halifax et la baie de Fundy au XIX ème siècle et arrivons sur la promenade de Dartmouth, vers le pavillon de la paix, un horrible et pour moi inutile monument pyramidal contenant une vitrine avec des morceaux de murs ( Chine, Berlin…) et un tas d’autre symboles politiques sans grand intérêt. Très peu de monde dehors, quelques promeneurs et des bancs libres pour déjeuner en face d’Halifax, toute proche, en face de nous. De ce côté la capitale de la province semble un New York en miniature, échelle 1/10 ème mais on se croit bien en Amérique du Nord. Nous sommes surpris par le calme des lieux, même le terminal du petit ferry vers Halifax est très tranquille. Nous traversons le parc tout proche (belles vues sur Halifax du haut de la colline) et attendons patiemment nos hôtes devant leur maison en bois typique du secteur, à une bonne dizaine de minutes du terminal. Pour la soirée nous prendrons le ferry pour Halifax. Marrant petit bateau, sans voiture, bien calme et bien loin d’être plein. Loin des ferrys d’Istanbul, ville environ 100 fois plus peuplée, et de l’agitation de ses quais. De l’autre côté en quelques minutes, on découvre une ville tranquille, relaxante et pas très animée on peut le dire. Je m’attendais en fait à beaucoup plus grand et vivant mais Halifax est à l’image de cette province maritime où le décor a du mal à trouver des figurants pour jouer dedans. Le quartier près du terminal est assez branché avec de beaux restaurants, des trottoirs impeccables, des éclairages, des musées, des buildings. On monte d’abord à la Citadelle, qui se rejoint facilement à pied en quelques minutes. La Vieille Horloge est en réparation et le site là-haut n’est pas éclairé la nuit. Alors on profite juste de la vue sur la ville, enfin de la partie entre la colline et le port, ce qui n’est qu’une petite tranche d’urbanisation. On cherche le lieu de l’explosion de 1917 au milieu des immeubles et on imagine les canons placés où nous sommes tirant vers le havre en période de guerre au XVIIIème siècle.
Nous mangerons ce soir dans un très bon petit restaurant libanais de très bons sandwichs au poulet ou au fallafel avant de nous rendre à l’Art Gallery Of Nova Scotia, qui ouvre ses portes gratuitement le jeudi soir de 17h à 21 h. Non seulement l’ambiance dans un musée d’art la nuit est toujours remarquable mais nous allons aussi adorer l’endroit pour ses œuvres exposés. Sur les conseils de la guichetière nous commençons par l’exposition sur Maud Lewis, une artiste de la province, née en 1903 et morte en 1970.
Nous allons être particulièrement émus par cette dame, par son histoire et par sa vie. Dans une grande salle, nous somme d’abord accueillis par une musique folk des années 70 qui tourne en même temps qu’un film sur la vie de l’artiste. Les murs sont recouverts de dessins colorés, de style naïf, voire enfantin, représentant la nature, les bois, la forêt, en fait tout ce que Maud voyait de chez elle et son rayon d’action n’était pas bien grand. Maud souffrait dès son plus jeune âge d’arthrite juvénile et se trouva bien vite à la mort de ses parents sans le sou. Everett l’épousa bientôt et ils s’installèrent dans une petite maison, de 4 m sur 3, sans eau courante, sans électricité, au bord d’une route. Cette maison est une œuvre en elle-même, Maud la recouvra de peintures, sur le poêle, sur la porte, sur les murs. A la mort d’Everett, la maison tomba en décrépitude avant que le musée d’Halifax ne la restaure, ne la démonte et ne la remonte ici, dans cette salle.
A la vue des photos de cette petite dame, de son vieux mari, vivant simplement dans cette maison, de toutes ces images colorées et à l’écoute de cette musique, je suis véritablement et profondément ému, comme rarement dans un musée (si on excepte les musées sur l’holocaust, mais c’est différent). Cette œuvre est un modèle d’espoir. Cette dame, handicapée, a su créer un univers magique, a trouvé son bonheur dans la création et dans une vie simple. Ce fut une découverte pour moi et un enchantement. Quelle incroyable histoire !
Nous n’avons pas le temps de visiter tout le musée, loin de là, alors nous nous concentrons sur une salle d’art moderne, au sous -sol. Rien de dérangeant, mais des œuvres intrigantes, comme ces tableaux fait d’un million de petits ronds faits au pochoir. Belle exposition aussi de peintres flamands et puis des scènes plus canadiennes qui nous parlent forcément en fin de séjour. On ressort de là enchantés, les derniers, avant que le beau bâtiment ne sombre dans la pénombre. Il ne reste qu’à rejoindre l’embarcadère du ferry, quasiment désert à 21h, à profiter des vues sur Halifax, puis il faudra ne pas faire de bruit dans la maison d’Ingram et de Syd. Tout le monde dort et ne nous voulons réveiller personne.
Le lendemain, nous visiterons le Musée de l’Immigration au Pier 21. Nous y resterons jusqu’à la fermeture vers 17h tellement il y a à voir et à apprendre. Du débarcadère du ferry, nous marcherons le long du front de mer sous une forte pluie, mais rien ne peut ici entamer notre enthousiasme. Quelques passants par-ci par -là mais pas de touristes, jamais. Halifax ressemble vraiment pour nous à un décor, c’est incroyable. On évite les flaques, on lit quelques panneaux sur la promenade, il y a beaucoup, on passe devant la statue de Cunard, le célèbre armateur de croisières puis on arrive au musée dans un décors qui me rappelle un peu ce qui s’est fait dans les hangars du port de Bordeaux, quand les bâtiments portuaires délaissés reprennent vie .
Le musée est très grand. Il est situé dans les locaux où, de 1928 à 1971 arrivèrent les immigrants. De grandes baies vitrées donnent sur le quai d’où ils débarquèrent tous et non loin sur l’île Georges. C’est très calme et très relaxant.
Nous allons particulièrement aimer l’exposition sur l’histoire du Quai 21, avant que les aéroports ne prennent le relais pour le transit des immigrants. Le visuel, dans ce musée récemment rénové, est déjà très agréable. On découvre une cabine en « classe touriste », des tables à manger, les malles remplies d’objets , disséminées un peu partout entre les salles, un wagon de train pour ceux qui continuaient vers l’est, l’épicerie, la salle où les immigrants patientaient pour rencontrer le douanier…On est vraiment transportés dans ces époques. Là joie, l’espoir, la nostalgie sont présents dans les témoignages, nombreux, tant visuels qu’auditif (le musée est très interactif). Ce n’est pas une exposition déprimante même si les causes réelles de ces départs sont elles bien tristes. Un film montre les témoignages, souvent émouvants, d’immigrants fiers d’être adoptés par ce merveilleux pays qu’est le Canada (ah la fibre patriotique nord -américaine !). Un très bon moment.
Pour déjeuner nous sortons du musée pour le Seaport Market, non loin, sur les quais, pour de bonnes nouilles chinoises bien copieuses, dans un environnement calme et apaisant.
La visite continue avec la salle de l’immigration canadienne. Le thème de l’immigration est alors développé sur une période beaucoup plus étendue, de l’arrivée des premiers colons à nos jours. Toujours beaucoup de témoignages émouvants sur la condition des peuples autochtones, sur les traités et les guerres qui ont causée des mouvements de population vers le Canada (Rwanda, Ouganda, Syrie, Printemps de Prague). On apprend beaucoup sur les conditions de vie des nouveaux immigrants, sur les exclus aussi, refusés aux frontières. Enfin au rez-de-chaussée, une exposition temporaire sur les réfugiés sera elle beaucoup plus glaçante et plus déprimante.
On y découvre les conflits actuels ou récents, la condition de réfugié dans les camps, la peur, les passeurs, la souffrance. Beaucoup d’écrans et d’images terribles qui nous font réfléchir à l’horreur que subissent en permanence des population de part le monde, comme si c’était un jeu de rôle, chacun son tour, sauf que les pays riches achètent l’arbitre et passent le leur. On ressort de là déprimés sur l’impossibilité dans laquelle se trouve l’homme face aux conflits qui semblent constitutifs de notre humanité.
Nous terminerons la journée par une promenade humide dans Halifax, luttant contre le vent sous notre parapluie bien peu efficace. Nous passons devant la Government House, édifice ancien tout droit sorti d’une ville écossaise. Juste en face nous nous abritons sous l’arche de l’Old Burying Ground, cimetière à la façon britannique, sans rien de remarquable ni de déplaisant non plus. Nous trouvons refuge dans la maison du seigneur, à la Basilique Sainte-Marie, où un office se déroule dans une ambiance de secte, face à quelques fidèles bien tristes. Rien de bien remarquable mais le lieu est sec et ouvert. Un peu plus loin, la belle bibliothèque d’Halifax brille de tous ces feux et expose son architecture moderne, toute faite de verrières. Le jardin public est déjà fermé, nous rentrons en longeant la Citadelle, flânant comme on peu le faire sous des trombes d’eau aux Historic Properties, petit quartier ancien dévolu maintenant aux commerces branchés. C’est sûr, c’est plus beau qu’un mall mais cela reste classique, artificiel et vu dans chaque ville maintenant. Le même type de beau restaurant, de beaux coiffeurs…Bon, cela me laisse de marbre. Nous jetons l’éponge, rincés et essorés, et rentrons à l’abri à Dartmouth, où, vers 19h, nos hôtes sont déjà en mode « sommeil » avec leur enfant en bas-âge. Nous sommes bien chez eux, avec eux, dans cette ville, dans ce voyage, dans ce pays et dans notre chambre pour finir la soirée.
Nous profitons de notre dernière matinée en ce début de week-end pour profiter des joies du Couchsurfing. Ingram nous accompagne au ferry avec sa fille. Bottes et sac à dos et nous voilà à traverser le vieux cimetière de Dartmouth avant de se retrouver dans un café du coin où toute la population absente des rues semble se donner rendez-vous. Des gens de tous âges sont là, malgré l’aspect un peu hipster des serveurs. Ils sourient et font la queue pour des grosses viennoiseries ou de larges tasses de café (qui sont en fait leur « small size » !). Le lieu célèbre son anniversaire alors les cadeaux pleuvent. Ivy aura un sac de cadeaux : de quoi peindre, de quoi siffler et de quoi se recouvrir la tête. Le cupcake est offert ainsi que le photomaton et tout le monde s’y bouscule. Les gens se saluent, je ne retrouve pas l’ambiance de nos cafés bordelais, définitivement. Les gens ont l’air heureux et relax. De l’espace, de la nature, voilà une des recettes du bien être citadin.
Au terminal du ferry se trouve un marché couvert, le samedi. L’endroit est vraiment adorable, avec des odeurs aguichantes de toutes parts, des artisans, des apiculteurs, des mamies qui vendent leurs tricots, un chanteur folk sur une scène, des plats des caraïbes, des soupes, des légumes… C’est très apetissant pour nous mais il est un peu tôt.
Nous prenons congé de nos hôtes quelques heures pour repasser côté Halifax afin de visiter le Musée Maritime, situé sur la promenade, tout près du débarcadère. Les expositions les plus célèbres sont celles sur le Titanic et sur la Grande Explosion de 1917 mais tout le reste demeure digne d’intérêt. On croit tout savoir sur le naufrage du Titanic mais c’est à chaque fois toujours aussi émouvante de découvrir les circonstances de ce drame effroyable. Halifax a été la ville la plus proche du naufrage, là où les corps ont été rapatriés et la ville reste marquée à jamais par cet épisode tragique de l’histoire. On découvre avec curiosité les transatlantiques du pont supérieur, les conditions de vies des cabines des 3 classes, et surtout les reliques du bateau : meuble, chaussures d’enfant, morceaux de gilets de sauvetage…Puis des images des recherches archéologiques, les messages d’alerte « avarie importante. Nous coulons ! » qui annoncent l’horreur, l’arrivée du Carpathia …C’est passionnant et terrifiant à la fois.
Juste à côté une exposition traite des naufrages et des épaves. On se rend compte que tant d’autres personnes ont subi ce sort là, dans un anonymat parfois total. C’est très intéressant et très bien fait. On en apprend sur les archéologues, les chasseurs d’épaves, les mutineries…
D’autres salles complètent la visite avec d’énormes maquettes incroyables comme celles du Lusitania ou de l’Aquitania et même des voiliers et des canots en taille réelle au rez-de-chaussée. Devant l’exposition sur la Grande Explosion, nous en savions déjà beaucoup depuis l’Evergreen House mais c’est ici un peu plus développé. Je retiens l’horreur des énucléations consécutives aux brûlures aux yeux de ceux qui ont observé l’explosion, avec anesthésie au chloroforme ou à la cocaïne ! Et puis des mines, des torpilles, un perroquet de pirate (un vrai ! avec sa webcam), un pirate ( un faux) accroché au gibet pour pourrir dans l’entrée du port d’Halifax, des épées d’abordage, des lentilles de phares, un sous -sol au plancher qui craque sur l’histoire de la navigation à voile avec un belle reconstitution d’un intérieur de navire avec couchettes et poêle, et d’un atelier de menuiserie avec tous les outils et les cordages…Bref de quoi se régaler et encore on n’a pas tout vu. Un très beau musée donc, loin d’être poussiéreux.
Dernier ferry pour Dartmouth. Nous savourons ces instants, observant les locaux saluer les employés qui ouvrent les portes de débarquement en disant « Take Care ». On se demande dans quel pays nous sommes, bien loin de la France malheureusement. Au marché de Dartmouth qui se vide (il est 13h30) nous achetons de très bons Fish Cakes et Fish Burgers là où travaille Syd avant de les manger avec Ingram et son père à la maison. Lui aussi photographe, lui aussi sympathique. Nous repartirons avec son livre sur la vie des pêcheurs de Lunenbourg. Quelle belle attention ! Pour finir Ingram nous fera poser comme des stars dans la rue, avec réflecteurs de lumières comme dans les shooting de mannequins ! Très sympathique famille.
Un peu de marche, un bus tranquille et nous voilà à l’aéroport, presque désert. On entendrait presque les plaintes des pauvres homards retenus vivants et vendus dans les bassins du hall de départ. Sans aucun stress et dans une ambiance encore plus tranquille que celle d’un micro aéroport de province nous attendons notre vol pour Toronto. Honnêtement, je ne crois pas avoir dans ma vie pris un vol dans de telles conditions de bien être. Et puis un long retour, l’Atlantique, Amsterdam, la foule à Toulouse et 35 heures au total sans dormir avant de retrouver mon lit.

Le lien vers les quelques PHOTOS de Dartmouth et Halifax
CONCLUSION
Avec environ 10 millions de kilomètres carrés, le Canada, que j'ai pu aborder à ses deux extrémités orientales et occidentales m'apparait encore plus aujourd'hui comme le pays des grands écarts et des amplitudes. A attendre dans l'aéroport de Toronto, observant médusé ces douaniers automatiques robotisés et tous ces écrans disposés à n'importe quel recoin de table, dans les bars, dans les restaurants, de telle sorte qu'aucun regard autre que pointé vers ses pieds ne peut éviter le contact numérique, je constate le contraste accablant entre cette vision et les deux semaines que nous avons passées en Nouvelle Ecosse. Je découvre là le pire de la modernité, l'homme robotisé et abruti, écrasé par un lobby qui souhaite greffer un écran dans nos cerveaux et l'ennui humain, tellement évident et présent. En Nouvelle Ecosse nous étions à l'autre bout de cette évolution, à observer les orignaux et les loutres à la tombée de la nuit, à se réjouir d'un porc épic dans le jardin ou du jeu de quelques écureuils. Même l’aéroport d’Halifax semblait atteint de sérénité et de tranquillité absolue. Le grand écart n'est pas simple, je dois manquer de souplesse. Mon corps et mon esprit ne veulent pas se plier en fait. Je ne me plie qu’à ma nature. Amplitude aussi dans la saison. J'ai connu le Canada au Québec et en Colombie Britannique en pleine saison estivale, sous une affluence modérée et me voilà dans la morte saison, dans des ports vides et calmes, sur des parkings déserts, dans des villes musées totalement privatisées pour nous-mêmes dans une ambiance de décors de cinéma. Rarement je n'avais ressenti un tel contraste. Je pensais connaître le voyage hors-saison, je ne connaissais pas la Nouvelle Ecosse fin octobre. Mais cette absence d'animation, de fruits de mer frais et d'Européens en shorts et marcel, je l'ai plutôt appréciée comme un luxe, comme une rareté à préserver. Ce voyage s'est déroulé dans une tranquillité quasi hypnotique et avec un sentiment de liberté addictif. Les sites, les paysages, tout semblait se dérouler comme un tapis rouge, privilégiés que nous fûmes. Et puis l'accueil des locaux, qui semblent si apaisés face à nos concitoyens, l'émotion dans les musées, l'histoire acadienne, tout a concouru pour faire de ce voyage un vrai moment de plaisir partagé.
LA NOUVELLE ECOSSE EN 10 COUPS DE COEUR :
- La rencontre avec un orignal au lac Benjie ou la vision précise d’un aigle de mer en pleine chasse à Livingstone’s Cove
- L’exposition émouvante sur Maud Lewis à l’Art Gallery of Nova Scotia d’Halifax
- Le magnifique parc du Cape Breton et ses ambiances sur le Mica Hill ou autour du lac Benjie
- Les petites maisons musées à Sydney ou à Dartmouth
- les musées de l’immigration et de la marine à Halifax
- la visite quasi exclusive de la forteresse de Louisbourg pour se retrouver du temps de Louis XIV
- une promenade nocturne un peu avant Halloween dans les rues désertes de Louisbourg
- la houle puissante sur le sentier du phare de Louisbourg
- observer les phoques sous le soleil à White Point
- la visite exclusive du vieux village de Sherbrooke
LE POUR: la gentillesse des habitants, le calme hypnotique parfois de la hors saison, les routes tranquilles, les parcs et les randonnées, les paysages marins, la faune sauvage, la remontée dans l’histoire, l’atmosphère acadienne, les musées émouvants et passionnants
LE CONTRE: hors saison de la pêche, la plupart des commerces « closed for the season », des sites touristiques fermés (ou presque), la difficulté à bien se nourrir parfois, l’absence de festivals et de concerts
UN GRAND MERCI A TOUS LES ANIMAUX
-plusieurs aigles de mer dont un en train de chasser
-un héron en haut d’un arbre
-un porc épic dans le jardin puis un autre au bord du sentier
-des écureuils et des chipmunks , tournant, virevoltants , se chamaillant ou cachant des provisions dans des cachettes
-une grosse chouette posée sur une branche et en plein jour à courte distance
-un lièvre
-une perdrix
-un serpent
-un cerf avec bois à côté du parking
-une loutre dans un lac, sortant la tête et émettant des cris d’alarme
Et un orignal placide barbotant dans un lac avant de retrouver la forêt dense