QUEBEC
Pourquoi le QUEBEC?
Ce fut assez particulier cette année. Je savais que j'allais partir en juillet mais les jours passaient et je ne me m'étais toujours pas décidé sur la destination. Une correction de copies de bac jusqu'au 5 juillet, quelques sorties à Bordeaux...mon esprit était occupé ailleurs. Mais les réservations ne m'attendaient pas, et je me trouvais comme souvent face à des billets hors de prix ...et parfois pour ne pas aller bien loin. Il me restait dans le panier: la Guyane, sauvage mais à la vie très chère pour ce que je voulais faire. Terre-Neuve depuis Londres, nécessitant un peu d'organisation mais je n'avais pas la folle envie de me retrouver seul en pleine nature pendant ces vacances. L' Ukraine....avec un billet très peu onéreux mais en été ce n'est vraiment pas la bonne saison. Et puis pianotant chez Nick je tombe sur un miracle, un Bordeaux-Montréal direct avec de supers dates, de supers horaires à 479 euros au milieu de places à 8 ou 900 euros! Je réfléchis une soirée, visite le Virgin pour lire le guide et le prends le lendemain. Il me reste une semaine pour m'organiser un peu. Pas mal de travail pour trouver un itinéraire, écrire et trouver des gens pour m'héberger sur Couchsurfing. Parfois c'était même un peu trop et je saturais un peu. Le Québec n'est pas forcément le coin que je mettais en priorité en été mais là , au dernier moment, je trouve très confortable de partir dans ce pays peu lointain, francophone et où il me sera simple de voyager. Je crois que je n'avais pas envie, après tout le travail nécessaire pour l' Ecosse, de planifier un " grand " voyage pour cet été. Bon choix, je ne le sais pas encore mais je vais passer vraiment du bon temps là-bas.
PLAN DU VOYAGE
Je suis parti seul pour environ 3 semaines, du 13 juillet au 5 août 2011.
L'itinéraire, décidé en une semaine ne fut pas si simple à trouver. Sans voiture, étant tributaire des bus, et soucieux d'être hébergé par les locaux, il a fallu parfois pas mal de recherches pour que tout se tienne. La configuration du "pays" ne se prête pas facilement à une boucle.
J'ai d'abord passé 5 nuits à Montréal, puis 1 nuit à Trois-Rivières, 1 nuit à Arvida, Ste-Rose-du-Nord et Tadoussac (fjord du Saguenay et baleines) avec passage en traversier sur l'autre rive. 2 nuits à Rimouski (parc du Bic). 1 nuit sur l'Ile-Verte, 5 nuits à Québec, 2 nuits à Joliette ( festival de musique Mémoires et Racines) puis enfin 3 nuits à Ottawa.
Les distances sont longues, certaines villes riches et je conseille de ne pas trop vouloir en faire. La Gaspésie, les Maritimes, les parcs de l'intérieur...il reste tant à faire.

PERIODE :
De mi-juillet à début août. Au niveau du climat c'est sûrement une bonne période. Grosses chaleurs à Montréal et canicule possible. Plus de 30°C, largement. Prévoir un bon chapeau et de la crème solaire. Au bord du St-Laurent les températures sont plus fraîches, prévoir un peu plus que mon petit pull. Une polaire et une veste imperméable manquaient à mon équipement. Il peut en effet bien pleuvoir (cf orage au parc du Bic) et la température peut chuter en quelques minutes. Prévoir encore plus chaud pour ceux qui veulent faire l'excursion en zodiac.
Au niveau de la fréquentation touristique...là c'est un peu moins bon. Les vacances de la construction sont vers la fin juillet, ajoutez à cela les touristes européens et d'ailleurs et cela fait beaucoup de monde dans certains coins. Je pense à Québec par exemple. Mais il est aussi possible en évitant les endroits trop fréquentés de ne pas être gêné par ces flots. Allez voir sur l'Île-Verte par exemple.
Pour en savoir plus sur le climat et les bonnes périodes , le site de QUAND PARTIR.
NIVEAU :
Un voyage-vacances très simple à organiser. Voyager au Québec, avec la langue et la proximité culturelle n'est pas chose aventureuse. Tout est simple pour un européen. C'est de plus un pays très sûr et stable. Il reste une nuance. Pour voyager comme moi, en Couchsurfing, en bus, en pouce etc...il faut quand même avoir un peu de temps pour planifier tout et s'en sortir à peu de frais. Voyager sans trop réfléchir se fait facilement mais il faudra accepter d'y consacrer un budget assez conséquent.
HEBERGEMENT ET BUDGET (2011) :
Le voyage m'est revenu à 1540 euros pour 23 jours ( 479 euros d'avion+guide à 22euros+transports aéroport à 30 euros+ le reste sur place). J'ai eu un très bon prix pour le vol avec Air Transat en l'achetant une semaine avant. Une aubaine car tous les vols étaient à 800 ou 900 euros depuis des semaines. Vraiment un coup de chance.
C'est donc un budget très bas pour tout ce que j'ai fait. J'ai payé deux nuits sur tout le séjour ( 30 et 60$), le reste étant passé chez les gens qui m'hébergeaient.
Le budget bus est assez conséquent mais j'ai, dans la deuxième partie du séjour, fait beaucoup de pouce pour le réduire quasiment à zéro.
Prévoir beaucoup d'argent pour les musées souvent proches des 10$ et il y en a assez pour s'occuper.
Je mangeais de gros petits-déjeuners pour environ10$ TTC ( taxes et pourboires inclus), des sandwichs pour 5 ou 6$, des glaces pour 5$. Pas trop de restaurants comme en Asie ( compter 20$).
Un site pour convertir le dollar canadien en euros. Pour info 1CAD$=0.71€ en juillet 2011.
Pour préparer ce voyage j'ai utilisé :
SITES GENERALISTES
- les sites et le guide du Routard .
- le site officiel de l'office du tourisme du Québec. Très bien fait.
TRANSPORTS
- le site des transports de la ville de Québec. Pour planifier son trajet en ville.
- le site de la compagnie Orleans Express. Grosse compagnie de bus.
- le site d'Intercar. L'autre grosse compagnie de bus.
- le site des transports ferroviaires. Pour les horaires des trains.
- le site de l'aéroport de Montréal.
- un site de covoiturage populaire au Québec et pratique.
MONTREAL
Mercredi 13 juillet:
Un départ tardif, quasiment mi-juillet. Pas trop de stress ni d'envie d'ailleurs. Je ne réfléchis pas et me lève, très tôt, savourant comme toujours mes derniers moments dans mon confort. Bizarre, rien à voir avec le départ pour l' Ecosse où nous étions tous très motivés. Partir seul ne sera jamais pour moi excitant. Lutter un peu contre soi-même, à chaque fois. Et toujours le plaisir au bout alors j'accepte cette flemme passagère. C'est d'Agen que commencera mon voyage cette année. Un TER matinal avec banquiers et travailleurs bordelais. C'est assez confortable, impression de partir en weekend chez Nick. Gare St-Jean, navette aéroport, passage devant le Grand Théâtre, allées de Tourny...puis je quitte ces lieux confortables par habitude. L'aéroport de Bordeaux n'est pas des plus stressants mais il faut se mettre doucement dans la peau du voyageur solitaire. Tel un automate, je passe les étapes de la certification : billets, passeport, douane, re-passeport, salle d'embarquement. Se plier sans émotion au rituel et se retrouver assis près de son hublot dans mon airbus Air Transat. Une compagnie qui sonne Low Cost et qui va se révéler assez surprenante. Première remarque: le petit film où une chanteuse (Ariane Moffatt) annonce qu'elle va retourner à Montréal. Très frais, original, genre " Juno ", et détendant l'atmosphère. Puis le commandant parle, et là je ne peux m'empêcher de sourire: présentement......prêt pour l'envolée. Tout de suite cela met de bonne humeur, loin des discours austères des compagnies françaises. Le service sera bon, je mange bien, je regarde des films...bref une bonne surprise. Les 7H50 de vol ne me laisseront pas si fatigué à l'arrivée. Partir sans escale , depuis Bordeaux est vraiment un luxe. Arrivée donc sur la terre canadienne après un long survol de l'estuaire du St-Laurent, assez immense vu du ciel. Cherche les baleines....mais c'est un peu haut! Alors c'est comment Montréal vu d'en-haut? Rien d'impressionnant, des quartiers résidentiels avec pas mal de golfs et de piscines, des grattes-ciels mais rien de géant, au fond des collines-montagnes et des rivières autour. L'aéroport n'est pas non plus immense ni très moderne. Pour une fois la sortie de l'avion n'est pas une douche humide et moite: atmosphères, odeur, peu différentes de notre vieille France. A la douane le fonctionnaire inspecteur me pose pas mal de questions, intrigué par mon couchsurfing sûrement. J'aurais du donner une fausse adresse... comme tout le monde! Retrait au DAB, achat d'une carte 3 jours pour les transports en commun et me voilà parti pour le centre-ville dans la navette express puis en métro. Je dois rejoindre Julie à son boulot, dans une résidence d'étudiants près de Guy Concordia. Suite à une erreur de sa part je passe pas mal de temps à chercher son adresse pour finalement tomber sur le gardien de la résidence qui connaîtra une Julie! Petit contretemps sans importance. La résidence universitaire est un mix entre mes souvenirs anglais et les résidences visitées avec Caroline à Boston. D'ailleurs la ville depuis le début me fait penser à une ville américaine. Géographiquement, je suis très près du Massachusetts il est vrai. Julie sert les repas à des jeunes plutôt nantis qui passent des stages de langues durant l'été. Un lieu sympa où nous allons rester jusqu'à ce qu'elle débauche. Je suis son premier hôte et je la sens un peu réservée. Elle n'a pas une très bonne image des Français et m'avoue que les Québécois ne se sentent pas si proche de nous. J'en suis un peu surpris tant nous aimons chez nous le made in Québec. Il est vrai que pas mal de nos clichés sur ces gens , leur accent etc....peuvent agacer. J'espère lui montrer une autre facette de mon pays et tente de la rassurer. Ici on mange tôt, avant 19h....je grignote donc quelque ribs car je comprends bien que plus tard sera trop tard pour manger. Retour en métro pour moi, en vélo pour Julie à Préfontaines. Quartier francophone, est de la ville, pas de touristes. Atmosphère sympa, encore une fois entre Londres et Boston. Petits jardins, balcons fleuris, terrasses, pelle à neige. Je vais hésiter mais ne les suivrai pas (elle et son colocataire) en ville pour voir un gros feu d'artifices. Trop crevé, presque un tour de cadran pour moi. Me voilà au cœur de Montréal, dans le bain dès mon arrivée. Tout s'annonce bien.
Jeudi 14 juillet:
Une forcément très bonne nuit. Rare de me voir attendre dans mon lit en regardant, frais , le réveil indiquer 8 h. Je n'ose pas trop faire de bruit, pourtant Julie est déjà sur l'agréable terrasse, travaillant à son ordinateur. Elle n'embauche qu'à 16h30, je lui propose le parc olympique, le Biodôme et les environs, pas loin de son quartier, mais cela ne l'emballe pas. Elle me propose un petit déjeuner typique dans son quartier , pas de problème. Genre snack de Pulp Fiction, avec banquette en sky , café chaud au comptoir, mémé silencieuse au fond de la salle et serveuse inamovible qui ne compte pas faire ça toute sa vie mais...En fait ce sont des variations de petit déjeuner anglais, parfait pour moi, j'adore ça. Sortis de là, sans avoir décidé de notre programme nous prenons le bus direction " le Plateau- Mont-Royal ". Elle voulait marcher dans le parc. Nous allons sous un soleil déjà chaud remonter une célèbre rue de la ville, la rue St-Denis, célèbre pour son côté bobo, ses bars et ses boutiques. Comme ça, le matin, rien d'impressionnant. Une grande rue-avenue avec des magasins. Nous prendrons ensuite un bus pour monter au mont Royal, en compagnie de quelques touristes avec carte et bouteille d'eau. Du sommet une petite marche agréable nous mènera à un superbe belvédère au pied d'une grande bâtisse vide sans intérêt, appelé chalet. Des sportifs partout qui font leurs étirement après leur entrainement ( montée des escaliers...), des touristes, des familles. Belles vues sur la ville et sur les buildings proches VIDEO. Pas une impression d'immensité forcément mais c'est agréable. Un mix d'environnement assez nature et d'un downtown à l'américaine. Nous redescendrons à pied vers l' université McGill ( prononcer mégill!). Rien d'impressionnant quand on a vu Harvard ou Cambridge. Quelques belles parties mais c'est trop urbain pour moi. De bien vilains immeubles aussi. Je vais ensuite suivre Julie, qui marche à un pas assez rapide...jusqu'au vieux Montréal. Un rythme un peu trop rapide, je n'ai pas envie de voir tous les quartiers dès mon premier jour. Que retenir? Des grattes-ciels, pas aussi fameux qu'à NewYork mais quand même peu habituels pour un français. Des avenues à l'américaine, des banques, des vieilles églises parfois au milieu. Bizarre. On se croit aux Etats-Unis mais les gens parlent français! Près du Vieux Montréal les touristes seront plus nombreux, il y a tout ce que je n'aime pas sur la place Jacques Cartier.
Les restaurants alignés, les caricaturistes, les souvenirs etc...Aujourd'hui la télé sera là pour un show en direct avec paraît-il un groupe assez connu devant nous. On s'arrête alors , un peu plus loin au niveau du port, pour prendre une bière. Une visite au pas de course...mais je reviendrai pour explorer un peu plus. Julie rentre ensuite chez elle, je poursuis ma visite. Au programme: deux musées importants: le musée des Beaux-Arts et celui de l'Architecture (gratuit de 17H3O à 21 h le jeudi).Avant ça, après un arrêt au métro Peel, je vais visiter la cathédrale Marie-Reine-Du-Monde. Bel édifice basé sur les plans de la basilique St-Pierre, située devant le tranquille square Dorchester, rempli de lecteurs sur leur bancs et en face d'un énorme édifice , le plus grand de l'empire britannique en 1933, qui garda même les joyaux de la couronne durant la guerre. Belle cathédrale, peu de monde mais pas tant d'émotion que ça. Par contre, je vais un peu plus loin visiter une petite église anglicane, St-Georges, située devant la Gare Windsor, ancien hôtel Windsor où Georges 6 dormit avant la guerre. Personne, un joueur d'orgue qui s'entraîne VIDEO, beaucoup de bois, de beaux vitraux, j'adore cette ambiance et je vais y rester un bon moment. Rien à faire, ce qui est à tendance britannique me touche, toujours. Il y a une atmosphère particulière dans leurs lieux, un passé puissant qui s'exprime un peu partout . Je remonte ensuite vers le musée des Beaux-Arts, situé dans un quartier rempli de marchands...d'art forcément. En rénovation dans une de ses parties, il reste quand même beaucoup à voir. Gratuit pour les expositions permanentes, l'exposition du moment sur Jean Paul Gaultier ne m'intéressant pas plus que ça. Beau musée, je prends beaucoup de plaisir avec les maîtres anciens du 17ème. J' adore leurs scènes de villages, de tavernes, leurs portraits, je me transporte vraiment dans cette époque avec plaisir et admiration. D'autres belles pièces, un peu de peintures modernes mais le meilleur était vu. A la fermeture, après un énorme sandwich au rôti de bœuf, je me rends à pied au musée de l' architecture. Et là, surprise. Je ne m'attendais pas à tant aimer. L'exposition porte sur l'architecture pendant la seconde guerre mondiale. Passionnant. J'apprends énormément sur le camouflage en temps de guerre, sur la construction des usines , sur l'impact des bombes sur un immeuble, sur l'agencement des usines pour fabriquer messerschmitt, V2 ou autre bombe atomique, sur les abris anti-atomiques. Je n'ai malheureusement pas le temps de tout voir ayant rendez-vous un peu plus tard. Vraiment adoré. Je rentre ensuite en coup de vent me changer chez Julie pour la rejoindre avec une amie sur la terrasse de l'hôtel de la montagne, à la Terrasse Magnétic (fermée depuis) . Superbe vues sur les grattes-ciel, vraiment, au soleil couchant. Ambiance un peu branché mais supportable. Un petit New York. Journée très bien remplie, je rentre bien fatigué en métro et cette fois arrive avant Julie et son vélo supersonique. Pas de stress, un voyage qui s'annonce tranquille. Il n'y aura pas d'émerveillement, de choses extraordinaires comme sur Bornéo, pas d'appels au rêve, mais des ambiances et du plaisir. C'est déjà bien.
Vendredi 15 juillet
Bonne nuit, je me réveille dans un appartement vide. Tout le monde est parti travailler. Juste un mot de Julie me disant de laisser la clé et soulignant les petits bons moments du séjour. On verra que la fin ne sera pas aussi sympa. Je décide de laisser mon sac et de partir en ville. Je reviendrai ce soir lui dire au revoir . Début de journée. D'abord, se restaurer. On peut dire que ce n'est le voyage le plus éclatant du point de vue de la gastronomie. Les prix me freinent pas mal et je sens que cela va se finir comme aux Etats-Unis, dans les snacks et sandwicheries. Un gros petit déjeuner de type anglais, un calcul de pourboire approximatif et je trouve un bus pour me rendre au stade olympique. Superbe journée, voire trop chaude. Bermuda, chemise ouverte, crème solaire et vieux chapeau élimée: vraiment l'air d'un touriste ! L'arrivée sur le site est assez impressionnante. Immense stade dont le toit est relié à une tour panoramique VIDEO. Autour, d'autres bâtiments dont l'ancien vélodrome transformé en musée de la biodiversité:le Biodôme. Je vais passer pas mal de temps dans cet endroit qui recrée plusieurs écosystèmes dont la forêt tropicale, les rives du Saint-Laurent etc... Je vais aimer mais pas adorer. D'abord il y a un peu trop de monde à mon goût et beaucoup d'enfants. Ensuite quand on rentre de Malaisie, la vue de cette " fausse forêt " déçoit un peu. On pense ensuite aux Galapagos, à la mer Rouge...et on ne peut s'empêcher de comparer. Bref je me sens blasé de dire ça mais j'ai pu voir tout ça ou presque en vrai donc cela a moins d'intérêt. J'ai donc passé mon temps à m'imaginer quand revivre et revoir ces écosystèmes . Et l'appel est fort. Ensuite je n'ai pas autant appris que dans d'autres lieux du genre, je pense au magnifique site de Stralsund voire à l'Océanorio de Lisbonne. Je retiendrai: la reconstitution des berges du St-Laurent, les manchots et pingouins dans leur milieu polaire par exemple. Je me dirige ensuite vers le jardin botanique proche, sous le cagnard. L'un des plus grands du monde et là par contre je vais adorer.
Et pourtant cela commence par une déception, l'insectarium, si riche, est quasiment tout fermé pour travaux. Juste une intéressante exposition sur les insectes sociaux. Je vais ensuite me promener avec grand plaisir jusqu'à la fin de l'après-midi. Je retiendrai le pavillon du Japon avec son charmant jardin de thé que je visite en très petit comité avec un guide, les superbes expositions sur l'art du papier japonais, la partie " premiers habitants " avec pas mal d'infos sur ces peuples autochtones, le jardin Chinois et ses superbes monuments autour d'un lac, le jardin alpin, les lacs tranquilles et enfin le clou final: les serres VIDEO. Je les visite presque seul un peu avant la fermeture. Superbe ambiance et surtout une muséographie très claire et passionnante. Vraiment un must. Je finirai complètement seul dans une superbe exposition sur le fondateur du parc dans les années 30. Un superbe parc donc et vu à la bonne saison. Je rentre tranquille, mange au PFK près de chez Julie (très lents ces fast foods, je le remarque) et arrive devant chez elle. Elle est là à m'attendre, énervée. Elle est en fait sortie du boulot un peu plus tôt et n'avait pas son tel pour recevoir mon message. Elle a donc attendu devant la pas de sa porte. Je prends mon sac et m'en vais, le tout dans une atmosphère très froide qui me désole. Je me retrouve vite à l'autre bout de la ville chez Valérie, une prof de français, qui m'accueille chaleureusement. Ouf! Nous passons la soirée à discuter sur le vocabulaire québécois, son humour, les " maudits " français. Sympa, je me couche avec plaisir entre le chat et l'aquarium du salon.
Bonne journée. Mais, est-ce du au petit problème avec Julie, ce n'est pas l'extase. J'ai parfois l'impression de tuer le temps, un peu seul, mais je vois, j'apprends, c'est déjà une chance.
Samedi 16 juillet:
Pas mal de bruit dans la rue , canapé un peu étroit mais une bonne nuit quand même. Léger petit déjeuner avec Valérie , quelques correspondances pour les jours futurs (toujours un programme peu clair) et je pars en métro vers le quartier Jean-Talon. Je commence d'abord par errer dans ce qu'ils appellent " la petite Italie ". Pas très dépaysant mais quelques trattorias et des pépés sur les bancs pour donner du cachet au quartier. Le marché Jean-Talon, proche est une merveille pour les yeux. Pas par son site ou son architecture mais par ses produits. Des étals multicolores de fruits, de myrtilles (les bleuets), de produits locaux...Très appétissant. Quelques achats, un passage frustrant dans un immense magasin de guitare mais je ne me décide pas à manger là. Je vais errer dans les environs dans un quartier assez afro ou chinois, en tout cas très cosmopolite pour finir dans le métro pour le Vieux Montréal. Bon, vieux...ne veut pas dire Prague. Des pavés au sol mais on ne se transporte pas bien loin dans le temps. Halte au marché Bonsecours avec de belles boutiques assez touristiques . Des touristes, des restaurants... Jolie place d'armes VIDEO devant la basilique Notre-Dame. Quelques vieux bâtiments intéressants. Je vais tester aujourd'hui ma première poutine. Des frites , une sauce gravy et du fromage! Très gras, un plat de bûcheron en plein hiver! Pas un régal gastronomique pour moi tout ça! Les environs de la place Cartier sont vraiment trop touristiques. J'y passe vite, m'arrêtant seulement dans une très belle galerie d'art ( la guilde graphique ) puis au musée Pointe-à-Callière. Très intéressant avec ses fondations archéologiques, son superbe spectacle multimédia sur l'histoire de la ville et ses nombreuses informations qu'il apporte sur la ville. Un bon moment et une muséographie moderne à mon goût. Encore une fois je n'aurai pas le temps de tout voir. De là je vais marcher de nombreux kilomètres sur la promenade qui longe le vieux port et le canal Lachine. Très agréable en soirée au milieu de tous ces habitants qui font du sport, du bateau, des piques-niques. Je suis particulièrement impressionné par la vue du Silo 5 VIDEO , immense bâtiment désaffecté qui rappelle l' importance de la ville autrefois dans le commerce des céréales. J'observe longuement les bateaux attendant dans les écluses. Je vais ensuite longer les quais du port, profitant de belles vues sur la ville et le fleuve. Beaucoup de monde, une atmosphère presque balnéaire. La soirée se passer au Parc Jean Drapeau, situé sur une île proche, où se déroule le festival WE du monde. Musiques et nourritures de tous les continents. Très sympa . De là je verrai un très long et très beau feu d'artifice, sur fond de ville illuminée. En fait je vis ici ce que je pourrais vivre en France en juillet. Les festivités, les feux, l'été quoi . Bonne journée. En vrai touriste, sans trop de partage. Errant avec mes sandales et mon vieux chapeau au milieu des locaux en tenue du samedi. Impression de m'occuper. De passer le temps...à la recherche de choses exaltantes. J'apprends, je vois...seul...
Dimanche 17 juillet:
Un œil entrouvert pendant la nuit à l'arrivée de Valérie, rien d'autre à signaler. Le chat, l'aquarium et le bruyant ventilateur ne m'ont pas lâché. J'attends un peu ce matin, trouvant peut-être impoli de partir sans échanger au moins quelques mots. Alors je m'organise pour les prochains jours, écrivant par-ci par là à mes futurs hôtes. A 11h je décide quand même de partir un peu explorer la ville, non pas que mon programme soit lourd (en fait je meuble même un peu) mais il faut voir du pays en voyage, c'est un peu le but. Je vais, encore sous un soleil de plomb (32°C) me diriger vers l'Oratoire Saint-Joseph, un très célèbre et très fréquenté lieu de pèlerinage sur un des flancs du Mont Royal. L'arrivée est assez remarquable, ce grand édifice sied en hauteur et on y accède par de longs escaliers. Au milieu d'eux une voie est réservée à ceux qui souhaitent monter à genoux et il y en a! Bon ok c'est un petit Lourdes, avec tous ces gens malheureux qui espèrent, en priant, soulager leurs peines mais le visuel reste agréable. On retrouve une salle remplie de cierges assez impressionnante, une crypte avec ses dévots, une esplanade avec une remarquable vue sur la ville, des reliques, une muséographie pour croyants et des gens de toutes nationalités. Aujourd'hui il y a un pèlerinage mexicain et je vais rencontrer quelques groupes d'hommes avec chapeaux et jeans mal taillés, assez clichés du mexicain du 7 ème art. Je ne m'attarde pas. Peu d'émotion finalement. Un énorme petit-déjeuner à base de viande séchée, d'œufs et de patates plus tard, je reprends le métro pour McGill pour me rendre au musée McCord. Quartier du centre -ville assez désert ce dimanche. Intéressant musée , très calme. Tout d'abord une exposition des 90 plus beaux objets des collections pour célébrer le 90ème anniversaire du musée. J'y passe pas mal de temps à observer ces vieux manuscrits, ces objets d'art des natifs, ces photos d'époque. Je me transporte en Nouvelle France, c'est donc gagné. Joli exposition aussi sur Montréal, son climat, le hockey, la coupe de la glace du St-Laurent, les années folles...Dans une atmosphère très calme je suis passe un bon moment . Mais voilà il doit être 16h30, le musée n'était pas immense malgré mon application et je ne sais plus quoi faire. Les pages du lonely sont toutes annotées, plus rien d'ouvert à cette heure-ci (ou quasiment) . Que faire? Je vais, un terme que j'emploie bien souvent, malheureusement, errer dans le centre. Avec mon look de pauvre touriste désargenté, je ne suis pas très à mon aise dans les galeries marchandes du métro McGill, dans la rue Ste Catherine ouest. Trop de choix, encore les mêmes marques. Je n'arrive pas à me faire plaisir avec les fringues. Je dois chercher mon look: un peu rocker, un peu baroudeur, un peu classe. Je ne sais pas encore quelle voie choisir. Il serait temps à 36 ans. Tout mais finalement rien . Tout mon problème! On verra bien si je relis ça dans 20 ans! Une église, St Christ Church, je m'y engouffre. Très peu de monde, une messe. Cela sent le vide.
Le contraste est saisissant , dehors cela grouille de monde sur une sorte de marché du dimanche, les gens consomment et magasinent. La croyance moderne, l'apparence et le bien alors qu'à 10 mètres à vol d'oiseau on lit l'évangile. Quel contraste! L'ancien et le nouveau monde. Sur la place des arts on se prépare au spectacle du Festival du rire de ce soir ( il y aura Arthur et Elie Semoun! En promo en plus!) . Pas intéressé. Bref j'aurais peut-être du enlever un jour ici, il faudra que j'y pense pour Québec. La ville est pourtant bien sympa, mais il n'y a pas de sites, de monuments pour plusieurs jours. Ce n'est pas Londres, NYC , Istanbul ou Paris. Et à la différence de certaines villes d'Asie ou d'Afrique, la rue n'offre qu'un spectacle quelconque, le notre . D'ailleurs j'écris devant un magasin YvesRocher! Dur de s'évader avec ça! Et puis les plaisirs ont un prix, pas question ici de voir un restaurant et de s'asseoir en disant , donnez moi votre spécialité! Le voyage seul dans un pays riche est un peu plus simple à organiser mais plus dur à vivre finalement. Mais attention, le moral est bon. J'ai juste une pause et pas grand chose à faire ce soir. Et si j'allais voir le dernier Harry Potter? Une petite visite au quartier chinois, forcément délimité par leurs arches rouges . C'est vrai qu'en un instant on se transporte dans un autre continent: massage plantaire, pharmacopée exotique, épiceries, restaurants...10 minutes d'Asie pour mon voyage. Rien d'extraordinaire. Je décide alors de tenter ma chance au cinéma dans le quartier latin vers UQAM. Prêt à payer... mais la 3D me refroidit un peu, finalement je renonce, j'irai le voir à Soulac. Une dernière hésitation pour revenir au festival WE du monde mais devant le monde dans le métro je conclus la journée et rentre assez tôt ( 20h) à l'appartement. Montréal, c'est terminé pour moi. Pas mal de boulot ce soir, demandes de confirmation pour ma nuit de demain qui ne vient pas, écritures en urgence à d'autres hôtes potentiels, recherche infructueuse de covoiturage, achat d'un billet de bus, écriture à une auberge de jeunesse...Beaucoup de temps sont nécessaires pour celui qui voyage comme moi. Je comprends que certains n'ont pas le courage de bosser autant leur parcours . Gros orage dehors, cela fait du bien après ces journées vraiment chaudes. Soirée sympathique avec Valérie devant un bon film " Mambo Italiano " pour m'introduire aux subtilités de la langue québécoise, qui me fait vraiment rire. L'accent, les noms des gens ( Lajoie, Letarte, Poulain...) c'est vraiment un univers charmant pour nous. Quelques musiques locales, à la recherche de folk music qui sent la forêt. Je m'endors crevé vers 1h. Dehors, devant le motel de passe, la ruche s'anime.
TROIS-RIVIERES
Lundi 18 juillet:
C'est sans voir Valérie que je quitte l'appartement ce matin. Elle a vraiment le sommeil lourd et je n'arrive pas à la réveiller . Tant pis, 9h30 je pars à la gare des bus de UQAM pour attraper un bus pour Trois-Rivères. Peu de monde dans cette gare, clean et tranquille. Ciel un peu gris, trajet sans histoire avec Wifi inside. Paysages...très quelconques. RAS. A mon arrivée Trois-Rivières semble un petit peu endormie avec sa petite gare routière bien déserte. Je file manger un bon snack (enfin) au Sacristain puis rejoins Natacha qui vit non loin du centre ville. Rues peu habituelles chez nous, des balcons, encore des balcons, du bois...Elle habite avec un colocataire qui passe la plupart de son temps derrière son ordinateur. Décoration artistique avec vinyles au mur, accordéons, guitares dans un joyeux désordre. Natacha est massothérapeute artiste. Nous partons pour un petit tour de ville (en fait au supermarché) et je la quitte pour partir visiter les quelques attractions locales. Le centre historique est très petit, 2 ou 3 rues, mais je vais apprécier. Non pas que ce soit une vieille ville à la française mais quelques belles maisons, une situation proche du fleuve et surtout deux petits musées vont me ravir. Le premier, le musée des Ursulines, sœurs à l'origine cloîtrées ici depuis l'époque d'évangélisation en Nouvelle-France. Petit musée comme j'aime. Seul ou presque, dans le silence, je prends mon temps et apprends beaucoup. J'avoue avoir été particulièrement ému par les témoignages vidéos des vieilles sœurs ( dont une a 100 ans aujourd'hui) .Elles rayonnent une bonté qui fait chaud au cœur et je reste absorbé par leur rencontre virtuelle. Il reste encore 80 sœurs de moyenne d'âge 85 ans. Elles seront la dernière génération et sont donc un témoin inestimable de cette époque. Je visite la chapelle, les salles de classe, la salle de réception avec une ancienne élève qui me sert de guide. Rien d'extraordinaire en soi mais ce musée me touche. J'ai toujours aimé ces monastères-écoles. Depuis 2007 le site appartient à une corporation laïque et sert toujours d'école primaire et secondaire. Je ressors de là vraiment ravi. En face du musée: un joli petit jardin en bordure de fleuve, une rue très calme avec de belles maisons. Je poursuis par la visite du musée des traditions populaires et de la prison. En fait malgré mon billet combiné, et à cause de l'heure, je ne vais presque rien voir du musée (et pas le meilleur, une salle sur un faux vaisseau spatial, une exposition sur les girouettes).Je n'aurai pas le temps de voir les bonnes salles. Dommage. Par contre je vais passer beaucoup de temps au cours de la passionnante visite de la prison.Fermée en 1986 elle détient le record de longévité en Amérique du Nord. Réputée pour son insalubrité on la disait la plus difficile du pays. Je vais adorer et beaucoup apprendre sur le milieu carcéral canadien, très dur voire moyenâgeux. Le guide plein d'humour, c'est une constante au Canada je vais le vérifier, nous amène dans les salles de confinements, le quartier des femmes, le trou...
Le clou de la visite reste la rencontre avec un ancien prisonnier qui nous témoigne longuement son séjour ici et en particulier dans le cachot en sous-sol. Très émouvant. Le cachot que l'on visite ensuite a été utilisé non officiellement jusqu'à la fermeture. Une chaîne, de la terre battue, pain et eau et pas de chauffage. Pas de toilettes bien sûr. Le moyen-âge en 1986. Les prisonniers de Trois-Rivières n'avaient rien à faire de leur journée. 1 douche par semaine. L'horreur.18H: le musée ferme. Je vais un peu errer en ville où il n'y a pas grand chose à faire: un petit square, une belle église, une rue qui concentre toute l'animation , un petit front de mer. Je vais me reposer quelques temps dans la moderne bibliothèque lisant Rock and Folk ou Première. Petit repas rapide et Natacha me convie à une soirée chez ses amis. J'hésite beaucoup, envie de rentrer, assez crevé. Une balade en bord de fleuve, très agréable en soirée VIDEO puis je me décide à les rejoindre. Et je ne vais pas regretter. Il y a ici 4 musiciens: un pianiste atypique, Frederic-k qui veut faire des musiques de films, un guitariste qui rentre demain en cure de désintox et qui va improviser toute la soirée. Puis Natacha et sa copine qui vont me surprendre avec leurs compositions et leur chant. Vraiment de grande qualité . Je vais adorer leur musique et leur esprit si créatif. Beaucoup d'alcool, de cigarettes, énormément de bruit (les voisins ne diront rien!) et quelques bons délires VIDEO1,VIDEO2,VIDEO3 . Comme cette montée sur le toit de l'immeuble où l'un des convives balancera ses chaussettes sur le pare-brise d'une décapotable. Au volant un mec format gladiateur et son pote. Oups! Finalement ils passeront la soirée avec nous! Belle hospitalité et soirée bien sympa. Artistes, certains un peu tristes, mais différents et créatifs. On rentrera en traînant l'accordéon dans les rues désertes de la ville. Le canapé m'attend. Courte mais riche étape dans cette ville sans touristes .
Cliquer sur les photos pour agrandir et quelques indications.
ARVIDA ET SAGUENAY
Mardi 19 juillet:
Courte nuit, levé 7h. Natacha m'accompagnera au bus et nous déjeunerons ensemble au bord du Saint-Laurent VIDEO. Sympathique jeune femme. C'est maintenant parti pour 5 heures de bus (87dollars!) jusqu'à Arvida. Quelques jolis paysages sous le soleil et un fleuve jamais bien loin. Un changement à Québec puis la route devient vraiment plus sauvage. On traverse pendant des kilomètres des paysages de forêts et de lacs. Je suis frappé par la couleur très sombre, très bleue de ces étendues. Avec cette luminosité et ce soleil c'est comme-ci on avait saturé les couleurs. Je pense déjà à une hypothétique aventure en canoë avec les potes. On en reparle dès mon retour. Nous traversons la réserve faunique des Laurentides (enneigée dès mi-octobre) puis c'est la descente vers Chicoutimi puis Arvida. Toutes ces villes un peu dispersées n'en forment en fait qu'une seule: Saguenay. A première vue c'est pas terrible. Larges rues, carrefours géant, grands magasins, usines...Une ville assez neuve construite pour les gens de l'usine Alcan, proche. Impression de se retrouver dans un trou paumé. C'est donc au terminus d'Arvida, qui est en fait une épicerie et une station essence que j'attends Steven. C'est un Écossais qui a trouvé l'amour il y a 25 ans lors d'un séjour d'étude. Depuis il est prof d'anglais ici. Maison dans lotissement cliché des films américains. Une première pour moi. Pas encore Wisteria Lane mais il y a de ça. Quelques mails obligatoires pour mon organisation (très compliqué) et nous partons en ville amener un ami de Steven à son travail. Sans voiture ici, c'est très compliqué. Steven va ensuite me servir de guide tout au long de l'après-midi. Vraiment sympa. Nous allons voir la seule maison de Chicoutimi rescapée d'un déluge d'eau en 1996 et devenu un musée...symbole de la résistance! Petite balade sur les bords de fleuve, très calme. Ponton quasi désert, pas un bateau qui navigue. C'est en fait ce qui va manquer tout au long de la journée: un peu de vie je trouve. Arrêt pour déguster une super glace noix-érable, pour le moment le sommet gastronomique du séjour.
Montée sur l'autre rive sur un belvédère au sommet d'une colline avec de belles vues sur la ville VIDEO. Le site est beau on peut le reconnaître. Je m'imagine ici l'hiver quand la rivière gèle, quand le vent glacé du Lac St-Jean souffle sur la ville. Au loin, la forêt remplie de tous le bestiaire mythique du Canada. Des ours, des pumas, des orignaux arrivent parfois en ville !Nous allons ensuite longer la partie sud du fjord du Saguenay jusqu'à La Baie (VIDEO). C'est joli, tranquille, paisible, champêtre avec ses fermes laitières, son vert dans les prés. Nous arrêterons au pied de la station de ski du Mont Bélu. Cela fait assez bizarre, les pistes s'arrêtent presque aux maisons de bord du fjord. La Baie est remarquable l'hiver quand un village se construit sur la glace avec bars , commerces...Là, le site est beau malgré la grosse usine, mais encore une fois un peu terne. Je repense à la Baltique au nord de l'Allemagne qui m'avait beaucoup plus ému. Peut-être faudrait-il revenir avec un soleil plus rasant? Pas un touriste pourtant pour nous gêner. Sur le retour on s'arrêtera à la fromagerie Boivin pour déguster une bonne poutine locale. Je ne prends que le petit format, qui passera sans problèmes. Nous finirons par visiter l'ancien site du village de St-Jean-Vianney, détruit en 1971 par un glissement de terrain. Il reste des morceaux de bitumes dans la forêt, un escalier d'église et pas grand chose d'autre. Si les restes d'un pont ou une bande de jeunes assez louche traine, au milieu de nulle part. On ne s'attardera pas. Passage ensuite sur un pont en aluminium, original, au milieu d'un réseau de barrages hydroélectriques. Ici l'eau et le courant ne sont pas chers me dira Steven. Une belle balade donc. J'ai beaucoup appris sur le coin. Sans mon hôte il est certain que l'étape aurait été bien terne. Là c'est cool. Crevé , je me suis fait guidé. C'était la journée pour ça.
SAINTE-ROSE-DU-NORD
Mercredi 20 juillet:
Très bonne nuit. Je vais rester toute la matinée chez Steven à m'occuper de mon programme, téléphonant par-ci par là et regardant l'arrivée de l'étape du Tour de France, que je n'ai jamais aussi bien suivi. Un signe du manque d'aventure de ce périple évidemment. De retour d'Inde je retrouvais la France en demandant : " Alors qu'est ce qui s'est passé? ". Là je me sens bien plus proche. Steven m'amènera au bus vers 12h, dans la gare routière quasi vide de Chicoutimi. Direction Ste-Rose-du-Nord. En 40 minutes de bus je me retrouve déposé sur un bord de route assez désert. Le village est en contrebas , au bord du fjord. Quelques kilomètres de marche en descente, sous un temps calme, au milieu des prés : je ne suis pas mécontent et n'essaye même pas le stop malgré les quelques voitures qui passent VIDEO. En arrivant au village, on remarque une maison en bois et des sculptures de types scandinaves. Cela , plus quelques maisons rouges me feront c'est vrai penser à un coin de Norvège. Je trouve facilement la maison de Nadine qui est là, seule avec son chat et son superbe bouvier des Flandres. C'est une ancienne enseignante qui passe un doctorat de sciences de l'éducation. Son mari et ses enfants ne sont pas là aujourd'hui. Je suis d'abord charmé par leur maison: beaucoup d'espace, de bois, de livres. Exactement ce que je pouvais attendre dans un tel village. Ma chambre à l'étage me convient parfaitement. Quelques paroles échangées, Nadine doit travailler, je pars sous la pluie visiter le coin. Arrêt à l'office du tourisme où la jeune employée m'affirme s'ennuyer . Très peu de monde aujourd'hui. Je compte partir en marchant sur un belvédère qui surplombe le village mais la pluie me pousse à rentrer dans le petit musée de la nature, proche. Et là c'est le coup de coeur. D'abord on ne rentre pas dans un musée mais chez des gens. En 1972, une institutrice du coin décide de monter un petit musée sur sa passion: la nature de son village. Aujourd'hui ce musée a dévoré une grande partie de sa maison et la dame est toujours là. Je me retrouve donc seul avec elle. C'est partie pour une visite mémorable. Avec sa baguette elle m'interroge sur quelques pièces " C'est quoi cet arbre? ", " C'est quoi le nom de cet oiseau? ". Je dois m'en sortir avec une petite moyenne. J'adore l'ambiance et vais passer beaucoup de temps à observer tous ces petits objets amassés depuis des années. Un lynx renversé par son mari, un jeune ours, des requins de fond du Saguenay, des rapaces, un coyote, un orignal, des poissons rares... Tout se qui se trouve dans le coin y est. Je remarque et lis avec soin les pensées que la dame écrit sur des champignons depuis des années. Très émouvant. Belle collection de loupes (excroissances des arbres), balais de sorcières, écureuil volant...Et la patronne qui passe dans sa salle à manger faire cuire les patates et qui m'oublie puis revient. A la fin, panne de courant! J'ai adoré cette femme passionnée et ce petit musée VIDEO. Quand elle ne sera plus là , que va-t-il rester ? Je ressors de là apaisé.
Vu le temps et la pluie, je me réfugie dans l'église du village qui a la particularité d'être remplie d'objets d'art en bois. Atmosphère calme, je m'occupe en chantant du Eddie Vedder. Je quitte ensuite le lieu pour le petit port. Une jetée en bois avec un ou deux bateaux . Autour , un snack et un magasin de souvenirs. Tranquille, peu de monde. De là je vais marcher sur les deux sentiers qui amènent à des belvédères. Pas très long, je suis seul et savoure VIDEO. Je vais rester un bon moment sur les rochers à observer ce calme fjord VIDEO. Pas un bateau, rien. Je suis vraiment bien. Le soir arrive je me réfugie dans le snack ,et savoure un repas correct mais face au fjord, lisant religieusement les propos sur le bonheur. Je suis bien dans ce coin, bien mieux qu'à Montréal finalement. C'est le Canada qu'on s'imagine, mais plutôt sur la côte ouest je trouve. De retour chez Nadine nous partons promener le chien, pour 5 minutes me dit-elle. Et puis nous croisons ses voisins et leur rendons visite. Des gens terribles. Lucas , un allemand, ancien ingénieur et sa compagne, artiste de cirque sont de vrais aventuriers. Il a traversé à vélo du Mexique au Pérou, monté au passage le Chimborazo, fait le tour de Nouvelle Zélande, roulé de Berlin en Gambie, traversé la Norvège en hiver etc... Je suis impressionné par son courage. Tout seul avec sa tente pendant des semaines. Bravo. Sa compagne n'est pas de reste. Je prends plein d'information sur le voyage à vélo, définitivement un des mes prochains projets. Encore une soirée surprenante avec des gens vraiment intéressants. Je me sens à coté d'eux un parfait touriste! Nous finissons la promenade du chien dans les rues désertes du village...et nous sommes au cœur de l'été. L'hiver Nadine me raconte l'ambiance glacée, les motos-neige dans les rues, le fjord gelé et m'invite à revenir à cette époque. Sûr que j'en ai envie!
TADOUSSAC
Jeudi 21 juillet:
Grosse pluie ce matin, je suis condamné à rester dedans et à suivre (avec plaisir) l'arrivée au Galibier du Tour de France. Juste une sortie pour acheter 2 cartes postales (chères) à l'épicerie du village et pour jeter un dernier coup d'œil au petit port. Atmosphère tout de même à mon goût avec la brume accrochée aux montagnes , et le bruit de la pluie sur l'eau calme du fjord. Quelques oiseaux pêcheurs plongent. Nadine me raccompagnera un peu plus tard en voiture à l'arrêt du bus, toujours sous la pluie. Une bien belle étape, sûrement l'une des plus sauvage de mon séjour. Bus quasi vide pour Tadoussac. La route est belle mais le mauvais temps ne me permet pas de tout apprécier. J'arrive devant l'auberge de jeunesse de Tadoussac. Une vraie fourmilière qui grouille de partout. Pas vraiment envie d' être là , je regrette un peu mon Couchsurfing mais ma chambre est petite, cela devrait aller. Le bus me coûte plus cher que la chambre, aberrant! Je quitte vite les lieux pour me diluer dans la ville , prenant un petit repas rapide sur une terrasse proche où j'écris un peu .Tadoussac est finalement une bien jolie petite ville lovée dans une très belle baie. Ok des touristes, des hôtels, des gîtes un peu partout mais on est quand même loin de St-Tropez (une ferrari quand même) . Quelques petits sites à visiter: un petit musée sur l'histoire du trafic de fourrures, un centre d'interprétation des baleines, une petite église. Pourtant je ne veux pas m'enfermer aujourd'hui et fonce donc sur les sentiers faciles et panoramiques . Très bien balisés, ils donnent lieu à de belles vues et sont très agréables à parcourir. Malgré une légère pluie voire une légère froidure, je vais rester pas mal de temps sur la pointe observant les ballets du ferry, des zodiacs et des bateaux . L'ensemble reste malgré tout très sauvage et me plait vraiment. Pas de baleines pour moi aujourd'hui mais de la brume parfois. Encore un autre sentier, achat d'un billet (bateau mais pas zodiac, j'ai déjà trop froid au bord alors....) pour demain matin puis je me fais plaisir d'une bonne soupe et d'un fish and chips dans un bon restaurant avec vue sur le port. Nécessaire car l'humidité m'a un peu refroidi et mon petit pull n'est pas à la hauteur. Après le souper, encore un tour sur la pointe, à la tombée de la nuit VIDEO. Toujours pas d'animaux mais l'atmosphère reste très agréable. Retour vers 21h à l'auberge de jeunesse qui regorge de vie et est finalement très sympa dans le genre, toute générations confondues. Finalement je ne regrette pas d'avoir décidé de rester une nuit ici, le site mérite vraiment une halte.
Vendredi 22 juillet:
Pas simple de dormir avec un concert de blues endiablé et de nombreux hurlements alcoolisés sous la fenêtre. Plus un lit qui craque et bouge et une chaleur étouffante...L'esprit auberge de jeunesse quoi. Vers 7H30 tout le monde se lève ( le boulanger correzien et le couple de français...) , c'est l'heure requise pour les tours aux baleines du matin, le pèlerinage obligatoire ici. Je vais déjeuner avec mes voisins français avant de partir à pied pour la marina (assez proche) . Temps un peu couvert mais pas de pluie. Les recommandations sont: s'habiller chaudement. Je vais tenter les reef sans chaussettes et le petit pull, soyons fous. Le bateau de la compagnie 2001 est le plus petit des gros. Le zodiac aurait été impossible ce matin, l'eau du St-Laurent est entre 2 et 4°C au large! Pas trop de monde , parfait, le reste m'aurait énervé. Nous allons partir pour 3 heures de croisières à la recherches de ces géants des mers qui passent l'été ici pour se nourrir . C'est l'effet combiné d'une géologie sous-marine à la sortie du fjord du Saguenay et d'un arrivage de plancton du Labrador qui fait remonter cette nourriture en abondance dans le coin. La croisière sera plaisante mais nous rentrerons un peu bredouilles. Quelques marsouins, un béluga, plusieurs petits rorqual et un rorqual commun mais d'assez loin et de manière très fugitive. Pas de bol, le brouillard a pas mal gêné le capitaine pour repérer les animaux. J'ai donc droit à rester sur le bateau pour un deuxième tour ou à un billet gratuit valable un an. Sympa. J'ai encore en mémoire la merveilleuse sortie au large de Boston, je les reverrai un jour. Nous finissons la croisière par visionner les fonds sous-marins des environs de Tadoussac avec une caméra immergée. Beaucoup d'oursins , des crabes...Une dernière virée dans le fjord et nous rentrons. Sans mon bus je serai bien resté un peu plus. J'ai maintenant un peu de temps devant moi, je vais me promener sur la plage , sous le soleil, admirant cette jolie baie VIDEO . Je croise un groupe d'ados français en Abercombie qui se font faire la morale sur les horaires par leur accompagnateur. La jeunesse ne change pas. De retour à l'auberge, je manque de louper mon bus. Il était là, se chargeait et au dernier moment, pas une vérification internet je m'aperçois que c'est le mien, je l'attrape de justesse .
RIMOUSKI
Le conducteur me dit " t'étais caché où?Je rentre dans un bus bondé et trouve place près d'une mamie qui mange et me pose des questions avec un accent incompréhensible. C'est alors une succession de beaux paysages jusqu'aux Escoumins où je descends , seul, en bordure de la grande route. Encore un fois les arrêts ne sont pas très pratiques, je vais devoir marcher pas mal pour atteindre le fleuve et le départ du traversier. Ambiance sympathique, je suis le seul piéton au milieu des voitures. Beau temps et paysages marins agréables. Je vais passer la traversée à scruter une fois encore la surface du fleuve pour espérer voir des baleines. Résultats: quelques bélugas, des marsouins mais rien de vraiment géant. Je suis vraiment peu chanceux d'autant que je vais rencontrer pas mal de gens qui ont tous de superbes expériences de contact rapprochés avec ses géants des mers. La chance ne peut me sourire à chaque fois. Arrivé à Trois-Pistoles, je vais encore marcher beaucoup pour trouver l'arrêt des bus pour Rimouski. Le bord de mer est assez joli sous le soleil, je remonte à vive allure de l'embarcadère vers l'église de la ville, assez originale, puis rejoins le centre commercial où je vais passer plus de 2 heures à attendre. Vraiment rien à faire, même le hareng fumé à goût de cendrier ne m'aidera pas à patienter. Des transitions inutiles que nous rencontrons tous à chaque voyage. C'est donc de nuit vers 22h que j'arrive à Rimouski, encore une fois dans une gare routière très excentrée. Je demande ma route et marche environ 3O minutes pour atteindre le centre de cette ville étudiante, sans grand charme apparent. Petit problème, j'ai mal noté l'adresse. Entre les rues ouest et est il y une sacré distance, je vais donc errer longuement et m'énerver un peu pour finalement arriver vers 23h30. Et là le choc!Il y a déjà 6 couchsurfeurs dans la maison d'Aurélia, Laurens et Servet. Une vraie ambiance d'auberge. J'aurais pu me sentir mal à l'aise (ils sont tous étudiants!) mais tout le monde m'apparaît très sympa alors je reste cool, sociable et naturel. Mon âge me permet de voir ces jeunes voyageurs avec un certains recul. Le stop, les auberges, la teuf...Une époque. Des bordelais, un parisien, deux suisses, une hollandaise. Nous allons passer une bonne soirée sur le signe des échanges. Après le délicat problème des couchages , repos bien mérité bien après minuit.
Samedi 23 juillet:
Réveil communautaire vers 10 h, queue pour la douche et énorme et délicieux petit déjeuner . Des gaufres, des pancakes, des fruits....chacun apporte un peu et tout se passe dans une très bonne ambiance VIDEO. Puis les groupes se séparent, du stop, des destinations communes. Les sacs disparaissent , la maison retrouve un peu de son calme. Aurélia va gentiment nous amener en voiture avec Charles pour le parc du Bic, à une vingtaine de kilomètres de là. Charles est un étudiant en chimie bordelais de 24 ans. Un gars calme et sympathique. Le parc de Bic est un petit parc en bord de fleuve (on peut dire mer vue la salinité) très bien organisé, avec sentiers balisés, centre d'interprétation et camping. Un peu regrettable d'ailleurs qu'une route puisse le traverser. Surtout pour les piétons que nous sommes, rares ici. C'est un très bel endroit mais la journée a bien failli être gâchée par un assez violent orage. Malgré la météo nous sommes partis en warrior, en reef , petit pull et sans veste ( je n'en ai pas ici!) pour moi. Pire pour Charles, en tee-shirt. La pluie arrivant, nous nous réfugions dans un des rares abris, sous lequel un guide nous fait observer les phoques (VIDEO). Encore une fois, pas de chance, je n'en verrai pas. On se gêle , en plein vent et mouillés. Le temps est vraiment ici très changeant et on perd de nombreux degrés en quelques minutes. C'est vraiment très aléatoire . Des touristes de Montréal nous proposent de nous amener à la ferme rioux, où l'on trouve de quoi se nourrir et où on assiste à des conférences. Ayant du mal à nous réchauffer nous assisterons à un intéressant exposé sur le fleuve St-Laurent dans une sorte de grange voisine . A la sortie le grand beau temps est là. La journée peut vraiment commencer et ce sera un vrai plaisir. Nous commençons par un sentier en forêt où nous nous faisons dévorer par les moustiques. Pas de vues, juste de la forêt, nous marchons à vive allure pour nous retrouver sur l'anse des culs mouillés. Vraiment très beau et personne . Nous restons un bon moment à nous promener sur les rochers admirant le panorama (VIDEO). Un peu de forêt puis encore un littoral merveilleux que nous longeons. Eau claire et calme, bois flottés, couleurs vertes et rouges flamboyante. Un vrai plaisir.
Je m'imagine ici en kayak ou en bivouac. De retour au parking nous demandons à un couple s'ils pourraient nous amener à l'entrée du parc, à quelques kilomètres de là. Difficile de refuser. De là, sur la grande route qui longe la rive sud du St-Laurent nous allons patienter une petite demi-heure avant qu'on nous prenne en stop. Il était temps, un nuage venant droit de l'océan rampait littéralement vers nous apportant vent frais et pluie. Encore une fois, incroyable comme le temps change vite. Et dire que c'est la canicule à Montréal !Le gars, un jeune garagiste, nous dépose devant la maison, vide, mais je sais comment rentrer. Les occupants sont partis voir le coucher de soleil sur le fleuve, un spectacle quotidien à Rimouski. On ressent le besoin de rester dehors et de profiter, l'été est très court par ici. Nous parlerons d'ailleurs encore une fois de la météo, des -40°C... C'est un élément essentiel de la vie des gens d'ici , on le ressent. Trop affamés, nous décidons avec Charles de partir manger en ville. Ce sera le Retro 50, restaurant à la Pulp Fiction avec banquette rouge et Grease sur les murs. Un soupe-burger-poutine pour moi. Bon. Et puis même si tout est ici artificiel, j'aime bien cette ambiance cliché des années 50. Mais pourquoi passent-ils de la chanson française? De retour à l'appartement, les supers collocs mangent ensemble avec un ami. Encore de très bonnes recettes d'Aurélia qui semble être la personne à avoir dans une collocation. En tout cas, celle-ci est très réussie. Ils mangent très bien, ensemble, partagent, invitent des gens, des couchsurfeurs...Une démarche d'ouverture que j'apprécie beaucoup. Alors on va encore passer la soirée à discuter, à goûter du Porto au sirop d'érable, délicieux, du thé spécial...Ici tout est bio ou bon ou les deux il me semble! Après avoir signé le totem en bois flotté c'est l'heure pour moi de dire au revoir. Demain je partirai trop tôt pour les saluer. Une très bonne étape donc et encore une fois merci Couchsurfing pour ces moments.
ISLE-VERTE
Dimanche 24 juillet:
Réveil très matinal , pour attraper le bus de 8h à la lointaine gare routière de Rimouski. Ville déserte, je ne trouve rien à acheter sur mon chemin. Il me reste une banane, génial! Dans le bus je profite rapidement du WiFi gratuit pour vérifier mes mails, apprendre que Cadel Evans va gagner le tour et que finalement...mon poste au collège...c'est une blague. Un peu plus d'une heure plus tard, le bus me laisse à une station service de l'Isle-Verte. Encore une marche pour trouver le départ du traversier mais un gars me voyant marcher me propose de le suivre dans sa voiture. Deux fois aujourd'hui on me proposera volontairement de m'aider sans que je ne demande rien. C'est vraiment une attention à souligner, tout à l'honneur de ces gens. Le départ du traversier est très sauvage, un ponton pour le taxi fluvial que je vais emprunter et un autre pour le traversier( plus lent). Cadre sauvage VIDEO faisant un peu penser aux marais du médoc côté estuaire. Le capitaine du taxi semble être un personnage important de l'île, il y possède un restaurant, un ou plusieurs gîtes et se remarque par sa gouaille et par sa connivence avec les passagers locaux. Débarqué , j'apprends qu'il n'y a aucune épicerie sur l'Île-Verte. Cool, moi qui ai déjà faim. Je regarde sur un plan, ma chambre " à la bonne bouffe " ne semble pas trop éloignée, je refuse navette et vélo et m'y rends à pied. 3 kilomètres et demi sur une route, jolie et en plein soleil, avec le sac...c'est pas trop dur mais un peu bourrin quand même. Un musée du squelette (de baleine je pense..), un petit musée local, des maisons espacées et enfin la poissonnerie et donc mon gîte. C'est un peu pour ça que je l'ai choisi et je ne serai pas déçu par le poisson. Le gîte est très bien situé face au fleuve, rive sud. Paysages verts , de marais. Beaucoup d'animation dans la maison, un peu trop pour moi qui pensais à plus d'intimité.
Je me repose un peu, achète des rillettes de saumon, du maquereau et du fromage puis pars , sur les conseils de la patronne, sur un sentier privé pour traverser l'île et rejoindre la rive nord. En route, de superbes cèpes, des girolles...je suis frustré!
D'un super promontoire VIDEO je vais déguster mon menu sandwich de luxe surveillant les baleines. Encore une fois pas de chance. Et c'est aujourd'hui ma dernière journée nature! Je vais ensuite longer la rive nordVIDEO jusqu'à l'extrémité de l'Île soit près de 9 kms. Sentiment d'isolement. Je ne vois personne avant d'arriver au phare. En face, vue sur Tadoussac. Des goélands, des eiders à duvet, très bonne ambiance. Le phare est assez photogénique, avec ses maisons rouges et blanches et sa position forcément stratégique. Un petit musée relate l'histoire de ce lieu gardé jusqu'au début des années 70. Je poursuis vers le nord. Un banc de rocher au large émet des bruits assez forts. Oiseaux ? Je pense à des phoques vue la fréquence. Sans jumelles je ne peux trancher. Belle plage, eau froide mais claire, quelques personnes mais aucune dans l'eau . J'arrive à la pointe, garnie de maisons avec vues imprenables. Je vais galérer un peu dans ce coin et même faire demi-tour : rochers trop acérés et pentus pour mes sandales, accès impossible à la route sans rentrer chez les gens. D'ailleurs à la fin je vais me retrouver dans une propriété privée et filer sans mot dire. La suite...de la route...parfois poursuivi par des moustiques . Je commence à ressentir la fatigue de cette longue journée. Environ 6 kms m'attendent. Arrivé au gîte, je mange le reste de mes sandwichs devant la superbe vue sur le fleuve VIDEO. Il commence à faire frais. Journée terminée. Une bien belle promenade, exactement ce que j'attendais de cette île.
Lundi 25 juillet:
La journée commence par un copieux petit-déjeuner avec Colette, face à une superbe vue sur le fleuve, autour de confitures maisons, omelette au fromage et salade de fruits avec de délicieuses fraises. Elle me raconte sa vie de poissonnière l'été, comment elle choisit ses poissons et la vie l'hiver avec les 30 habitants de l'île. Très intéressant, je suis reçu comme à la maison. Un peu de repos, rasage ( j'en ai bien besoin!), achat de maquereaux fumés (délicieux) et il est temps de partir sous le soleil pour attraper le bateau taxi de 12H. Route assez longue, mais je ne vais pas tarder à me faire prendre en stop par une des rares voitures qui passe ici. Je me retrouve à l'embarcadère avec de rares touristes et beaucoup de locaux . Jacques Fraser, le capitaine, fait encore son show, le tout dans une très bonne ambiance. Je remarque vraiment une différence d'humeur entre les Québécois et les Français. C'est une constante ici, les gens prennent les choses avec le sourire , et beaucoup d'humour. On doit vraiment paraître triste et grincheux à leurs yeux. Même les guides sont beaucoup moins académiques que chez nous. Autant d'informations mais un style que peu oseraient chez nous. Arrivé sur le continent, je n'attends pas longtemps pour me faire prendre en stop jusqu'à Rivière du Loup, à une trentaine de kilomètres de là. Bonnes discussions avec un type bossant dans le cinéma à Montréal. Laissé au bord de l'autoroute, en plein cagnard, je vais attendre un bon quart d'heure quand Samuel, un jeune de l'Isle-Verte me prend jusqu'à Québec. Je vais ainsi gagner plus de 50 dollars et plusieurs heures de transfert ennuyeux. La route est très belle, des paysages de campagne, des montagnes (St-Anne) au loin, de belles vues sur le fleuve. Je remarque beaucoup de caravanes assez énormes, en ce jour de début de vacances de la construction. Samuel m'explique énormément de choses sur son gouvernement conservateur, sur les projets fous et écologiquement dangereux d'extraction des gaz de schiste, sur les projets pharaoniques de barrages.
QUEBEC
Et la musique avec Jean le Loup, qui fit un tube en France dans les années 1990. Très sympa, Samuel me laisse devant le château Frontenac, en pleine vieille ville. D'entrée on remarque la différence avec Montréal. Beaucoup plus vieux, beaucoup moins américain. Beaucoup de touristes par contre, et tout ce qui va avec: spectacles de rues, restaurant par dizaines, foule... Je déguste mes maquereaux devant le château puis pars en direction du musée de l'Amérique Française. Par chance il y a un concert d'orgue gratuit dans la chapelle du musée pour le festival de l'Opéra. Gens classes, verre de vin, je vais participer à cette petite heure de concert. Un peu soporifique ( Mozart, Bizet...) mais de grands airs bien connus. Foule très sage, mon voisin en costard lit son iphone, c'est bien la peine. Il pourra dire ensuite à ses pairs " c'était très bien mon cher! ". A la sortie, grosse pluie, je me réfugie à la Basilique-Cathédrale Notre-Dame-De-Québec. Une belle église mais comme souvent, j'en fais le tour sans grande émotion. Remontée ensuite de la rue du Trésor, petite et archi touristique avec ses œuvres d'art pas cher, peut-être made in China? Il est temps de retrouver Taïa qui habite dans la vieille ville , une aubaine. C'est une orpheline thaïlandaise adoptée par des Marseillais et travaillant maintenant dans l'import-export de poissons. Une fille souriante, active et pleine d'énergie. On passera la soirée chez elle. Très bon tartare de saumon et vin. Où que j'aille, je ne peux échapper à l'alcool! Très bonne soirée et vraiment la chance d'être si bien reçu, en plein centre de Québec. Les journées défilent vite, les rencontres s'accumulent et j'ai vraiment l'impression d'être dedans, au contact de tous ces gens. Et quelle excitation de se dire que dans quelques nuits je serai chez une autre personne et ainsi de suite. Un enchaînement de rencontre qui embellit vraiment ce voyage. Et quel plaisir de communiquer en français, sans chercher ses mots. Et que de choses vues déjà.
Mardi 26 juillet:
Taïa, qui m'a laissé son lit pour pouvoir travailler ce matin, est activée derrière son ordinateur pour ses commandes quand je me lève. Pas de chance aujourd'hui: temps maussade et grosse pluie! Je vais me dépêcher pour arriver à la citadelle pour la relève de la garde de 10h. Trempé, j'y arrive alors qu'on m'annonce qu'elle est annulée à cause de la pluie! Il reste la visite de ce grand ensemble construit par les Anglais pour se protéger de l'invasion américaine. Un très bon et enjoué guide va nous faire la visite. Des salles traitant du Royal 22ème régiment, en poste ici, des bastions et des canons avec de superbes vues sur la ville et et le château Frontenac, le tout sous la pluie! Un bon moment, même si j'aurais aimé prendre plus de temps pour mieux lire les nombreux panneaux de toutes les salles. On s'imagine assez facilement la position stratégique de Québec, sous la Nouvelle-France ou la période britannique. Malgré la pluie, et une longue attente dans le coin café du musée, je me rends au Parlement du Québec, pas bien loin. Juste sortir de l'enceinte fortifiée de la ville , passer devant la fontaine Tourny (qui trôna longtemps sur ladite place à Bordeaux) puis on y est. Le Parlement est un très bel édifice chargé d'histoire, forcément. Signature de papier à l'entrée (je n'ai pas ma carte d'identité), passage au scanner et c'est parti pour une visite gratuite. La salle des débats, l'ancienne salle du Sénat, les couloirs remplis de tableaux de politiciens illustres, les beaux vitraux devant le restaurant Le Parlementaire . Un des rares endroits où l'on peut manger à côté de son député. Je remarque l'ouverture de ce système politique: délibération pour préparer les lois ouvertes au public, photographie autorisées etc...Un souci de transparence . Après la visite, je vais patienter un bon moment à regarder des vidéos expliquant le système d'horlogerie, les statues....
Il pleut vraiment trop. Je rejoins ensuite le Grand Théâtre de la ville en longeant un quartier assez moderne, au pied des rares " grattes-ciels ". Rien de spécial dans le théâtre. Je rejoins ensuite la rue St-Jean, artère animée et bobo de la ville: une belle église, des épiceries fines (bons sandwich chez Moisan), super glace chez l'artisan Rico, des bars branchés etc...Je bifurque ensuite vers le quartier St-Roch, en fait le tout début, il recommence à pleuvoir et un musée me conviendrait mieux. Passage près du cirque du Soleil, sous un pont, peut-être aurais-je le temps d'y aller un soir. Me revoilà dans la vielle ville où je vais visiter le parc de l'artillerie avec sa vieille redoute, sa maison des officiers et son arsenal. Le premier site me plait assez. D'abord l'accueil, avec des bûches dans la cheminée qui me réchauffent un moment. Un feu en juillet! Et puis la visite intéressante avec des reconstitutions du mess des officiers, de la maison du gouverneur, des chambres des soldats. Je passe pas mal de temps à m'imprégner. Le genre de petit musée où comme souvent j'aime à être seul et à prendre le temps. La maison de l'officier sera aussi sympathique avec une guide pour moi tout seul. Petit mais sympa. L'arsenal , sur la rue en face est un grand bâtiment servant autrefois à entreposer les canons et armes. Assez peu intéressant je trouve. Il est temps de rentrer. Thaïa rentre vers 18h à l'appartement avec ses amies. Nous allons passer la soirée avec le couple MC, la rockeuse de Chicoutimi /Vanessa , championne de volley et Luc, le patron franco-canadien de Thaïa. Bonne soirée , très bonnes lasagnes(une sacré cuisinière, d'ailleurs elle va faire une émission de téléréalité) , du vin, de la guitare. Je vais encore beaucoup apprendre sur le monde du travail québécois. Nous finirons avec Luc et Thaïa à prendre une glace en ville rue St-Jean (très bonne) et une bière au bar gay " La drague! ". Atmosphère pluvieuse mais sympa sur la terrasse face au cimetière de ce bar branché. Retour heureux mais crevé. De sacrés journées bien remplies. J'aime vraiment Québec.
Mercredi 27 juillet:
Au programme ce matin, la visite du quartier Champlain. A l'origine l'endroit où s'est développée la ville naissante au 17ème siècle. Je commence d'abord par un arrêt au château Frontenac pour réserver une visite guidée ce soir à 17 h. L'entrée de ce " palace " ne m'impressionne pas tant que ça. Ce n'est pas le Ritz placeVendôme je trouve. Petite promenade sur la terrasse Dufferin avec de belles vues sur le château et le fleuve. Pas trop de monde ce matin. Je croise le couple suisse rencontré à Rimouski. Les touristes ont les mêmes circuits c'est une évidence. Que dire de ce quartier Champlain? D'abord...trop de touristes. C'est vraiment limite un parc d'attraction. Je dois être sur 1000 photos. Ok c'est assez charmant, et gorgé d'histoire...mais tout ou presque a été reconstruit et peu de choses sont réellement d'origine. Le petit escalier rude mène à la rue du Petit Champlain. Que des boutiques...nourriture, fringues, art inuit, sculptures en bois ( les mêmes que partout!) ...Je défile et suis le mouvement. La Place Royale proche a plus de cachet avec la plus vieille église d'Amérique du Nord . De belles façades mais encore trop de monde. Définitivement je pense à la hors saison, à mes séjours dans le nord de l'Allemagne ou au Portugal où j'avais les murs, la solitude et moi. Le même lieu peut ainsi être magique ou énervant. Je me réfugie dans le musée de la Place Royale. J'y trouve le calme et beaucoup d'informations. Tout d'abord un film 3D sympa sur l'histoire de Samuel de Champlain, fondateur de la ville, à partir de la réalisation d'un de ces portraits. Et puis des expositions sur l'histoire de cette place, sur le commerce, sur la vie des habitants et des touristes. Au sous-sol je me déguise même en tonnelier et en prêtre. Quelques comédiens en costume animent dehors et dedans. C'est toujours plus sympa. On le fait un peu moins en France je trouve. Je vais continuer à " explorer " les ruelles alentours, observant mes concitoyens poser de manière pour moi assez ridicule devant l'immense fresque décorant un mur, pour finir dans la rue des antiquaires et au marché du Vieux Port. J'y mange un bon burger au milieu d'une multitude de bons produits locaux .
Parfait pour les souvenirs mais je m'en occuperai plus tard. Un arrêt à l' office du tourisme pour vérifier quelques emails importants puis c'est l'heure de la visite du château Frontenac. Une belle jeune fille en tenue d'époque nous mène gaiement dans ce prestigieux hôtel. La visite ne me montrera en fait pas beaucoup plus que si j'étais parti seul, au culot , avec mes 10 dollars en poche. Il fut construit pour accueillir à l'origine les passagers du Canadian Pacific . Intéressants jardins avec ruches au milieu de l'hôtel, belle chambre avec vue, restaurant ( depuis derrière les portes) ,salon ...mais je reste un peu sur ma faim. J'ai même parfois le sentiment que la guide joue la montre ( en nous demandant de nous présenter par exemple).
En fait ils le font souvent ici. Je le trouve un peu vieillot et pas si clean que ça. Je ne sais pas si cela vaut la peine d'y dépenser son argent. Je rentre ensuite chez Thaïa prendre mon sac, en la remerciant pour l'accueil chaleureux et je file en bus dans le quartier Limoilou rejoindre Laurence. Elle habite dans un appartement en RDC aménagé . Une maladie dégénérative la contraint à se déplacer en fauteuil roulant. Très bonne entente. Assez ému par cette rencontre. Une fille cultivée, qui lit beaucoup, soutient les artistes. Nous mangeons chez elle puis partons en ville voir le mur d'images sur les anciens silos en face du vieux port. Passage assez sombres sous les ponts pour y arriver mais elle souligne bien que le meurtre n'existe presque pas à Québec, ville très sûre. Beau spectacle de qualité qui décrit de manière parfois symbolique, moderne, en 3D, l'histoire ou quelques faits marquant de la ville de Québec. Du monde mais pas trop, le spectacle est quotidien. Nous rentrons, moi assez fatigué. Encore une belle journée et une nouvelle rencontre. Je suis vraiment dans le rythme de ce voyage mais tout s'accélère...
Jeudi 28 juillet:
Bonne nuit dans le gros matelas du salon. Achat de quelques viennoiseries à la boulangerie puis pas mal de temps à l'ordinateur pour rattraper le temps perdu: texte, couch à trouver, etc...Superbe temps, il est temps de sortir:direction la Chute-Montmorency. L'accès est assez aisé pour moi, bus au bas de la rue, direct. Je vais traverser le vrai Québec, moins clinquant, plus pauvre que le centre. Sous un ciel magnifique, le bus me dépose en face d'une station service, juste à côté du site. L'endroit est assez impressionnant VIDEO. On voit d'abord les chutes depuis un parc et un escalier panoramique avec quelques stations d'observations régulièrement espacées. Du monde mais on s'y fait. La vue est très belle:au loin Québec, le fleuve juste à côté, le bruit et l'immense chute de 83 mètres en face. Je vais descendre la forte pente et faire comme tout le monde: m'approcher du pied de la chute pour se faire copieusement arrosé. J'y recroise encore une fois les 2 suisses de Rimouski! Je rejoins ensuite le pied d'un funiculaire ( qui ne marche pas aujourd'hui) servant à remonter en haut des chutes par l'autre versant. Rien à dire, snacks, courses aux toilettes , parking. Je mange à l'ombre puis remonte par le même chemin. Du sommet une autre voie mène à un pont de piéton qui passe juste au dessus de la chute. Encore une fois très impressionnant:mort assurée pour les imprudents VIDEO. Je poursuis ensuite par un retour au centre ville et une visite du Musée de l' Amérique Française que j'avais partiellement visité le premier jour. Très belle exposition permanente sur les arrivants et les conquêtes coloniales de ces immensités nord américaines. Ruée vers l'or, vers l'ouest, vers le sud. Un temps de pionnier qui fait assez rêver d'autant plus que la muséographie est particulièrement soignée. Encore une fois je ne vais pas pouvoir tout visiter, 17heures, on ferme. Dehors, aux alentours, de très beaux bâtiments de l'école d'architecture, de l'université de Laval. Je vais finir la journée par un petit passage sur l'autre rive du fleuve par le traversier pour Levis. Obligé de retraversé le quartier Champlain toujours autant bondé et artificiel. La balade est sympa mais l'heure m'empêche d'avoir une belle vue sur le vieux Québec, dommage. A Lévis, je vais rapidement me promener dans le vieux centre, bien calme, avec quelques restaurants et surtout une très bonne crème molle enrobée. Rien de fantastique quand même. De retour à Québec, je décide de rentrer chez Laurence à pied profitant de la piste cyclable .Sur sa terrasse elle est en train de manger avec ses voisins . Soirée assez intello avec débat sur " qu'est ce que l'élite? " et sur la hiérarchisation de l'art et de la culture. J'écoute beaucoup mais c'est plutôt une suite de monologue qui me perd rapidement. Encore quelques mails pour organiser Ottawa et je me couche. Une belle journée.
Vendredi 29 juillet:
Au menu ce matin, tarte aux bleuets (myrtilles) et croissants. Très bons, pour une fois. Alors que Laurence se prépare pour partir au camping ce we je prépare ma journée à Wendake, au festival indien Huron .Très bonne étape chez une fille touchante qui mérite bien du bonheur. L'injustice de certaines maladies m'apparaît en pleine face. Je vais attendre pendant presque une heure le bus, observant les allers et venues de cette banlieue de Québec. Un changement et me voilà à Wendake, ville phare du territoire Huron Wendat. Ils y sont 1400 avec leur propre école, leur police, leur chef etc..A première vue, rien ou presque ne discerne cet endroit des autres . Pourtant en y regardant de près on remarque les panneaux de rues en langage autochtone (celle du loup, du chef untel, du castor), quelques faciès un peu plus typés mais pas tant que ça. Les Hurons Wendats ne sont pas des inuits et le métissage les a rendu difficile à reconnaître. Il y a ensuite quelques sites touristiques tous tournés vers ce patrimoine historique. Je vais marcher le long d'une grande avenue pour rejoindre le site huron de Onhoüa Chetek8e. Un enclos en bois façon village de western entoure un mini parc historico-commercial sur le peuple Huron. Cela pourrait être un vrai attrape touriste: teepee, danses, feux de bois, habits traditionnels mais le ton des guides fait bien la part entre le passé et le présent. Pas question ici de tricher et de faire croire au touriste autre chose que la réalité. Avec encore une fois beaucoup d'humour, une guide huronne nous explique beaucoup de choses intéressantes sur sa culture. Une danse de bienvenue, la visite d'une maison longue (cf Bornéo) remplie de peaux et à l'atmosphère charbonneuse, la tente à sudation ( pour se purifier et avoir des visions, encore utilisée parfois de nos jours), la technique du fumage et du séchage du poisson, la tente du chamane, les canoës et les raquettes, le présent de la réserve...Bref j'en apprends beaucoup. J'oublie le petit restaurant amérindien et la boutique de souvenir et ressors de là assez satisfait. Un folklore bien maîtrisé. Le reste de la ville ne m'émeut guère. Grandes avenues très classiques, une église, un musée huron (mais j'ai la flemme, fatigué) , une maison historique (que je ne visite pas) , une fresque et une chute d'eau. Bien moins grandiose que celle de Montmorency mais le canyon , vu depuis un petit sentier reste assez sauvage bien que court et proche de la ville. Bref...temps de rentrer chez Laurence prendre mes affaires. Une petite journée donc, sorte de transition avant mon départ, demain matin. Je vais dormir ce soir dans un autre quartier de la ville, Sillery, assez chic, proche de l'université Laval et du Musée des Beaux-Arts. Geneviève, ex-étudiante en musique, en mathématiques et maintenant en nutrition (!) me loge pour une étape rapide dans son appartement en sous-sol.40 cm de neige et il n'y a plus de lumière en hiver! Sympathique mais courte soirée. Enfin un coucher tôt ...à tranquillement m'endormir en musique.
JOLIETTE
Samedi 30 juillet:
Geneviève et moi quittons l'appartement à 7h30 . Je me réveillerai autour de bagels et bacon dans le quartier assez endormi et bien calme ce matin. A 10 h je dois rejoindre un type à l'université Laval pour un covoiturage vers Joliette. Une énorme chance que de trouver une voiture pour cette petite ville et une économie substantielle. Il se rend comme moi au festival Mémoires et Racines. Trajet bien sympathique, nous nous arrêtons déposer rune fille à Trois-Rivières, où je me revois il y a quelques jours, arrivant chez Natacha. Arrêt ensuite chez un producteur de bleuets, au bord du Saint-Laurent pour y déposer de l'ail(!) . La campagne est ici un peu similaire à la notre avec ces champs de maïs et ces bottes de foin. Nous arrivons au Parc Bosco de Joliette où se déroule le festival. Bien loin du Hellfest, mais on retrouve les campeurs, la sécurité... le tout a une échelle bien moindre et dans une ambiance vraiment familiale. Des tentes un peu partout avec des groupes jouant pour la plupart en acoustique devant un public très proche, vraiment. Je vais laisser mon sac dans la voiture de Pascal et partir explorer ce folklore local, commençant par aller écouter Jacques Landry , un conteur Québécois. Vieux monsieur typé qui me transporte dans l'imaginaire du Saguenay, des Lanaudières, rempli d'histoires de chasse et de renards qui trempent leur queue dans les lacs pour pêcher des saumons. Sympathique. Un petit passage pour entendre la fin d'Isabeau et les chercheurs d'or. Une folk énergique et entrainante. Suivent deux petits jeunes de 17 ans à peine, Alexis Chartrand et Colin Savoie-Levac. Un petit maigre tout timide, faisant vraiment gamin et son compère , assez costaud, beau parleur. Ils vont m'impressionner par leur facilité, leur humour VIDEO. Aucun musicien durant ce festival ne va montrer des signes de supériorité ou alors cet air emprunté que l'on voit parfois chez certaines figures de la musique classique. Pas de pose ou de frime. J'adore cette simplicité dans le talent. Guitare et violon, le rythme avec les pieds. Des valses émouvantes, des reels repris par le public . J'admire cette jeunesse créative...avec une légère frustration. A un âge où je regardais bêtement la télévision ils tournent et peaufinent un art devant un public.
Quelle chance! Ils ont baignés dans ces musiques traditionnelles depuis tous petits. Je repense vraiment à l'influence de notre environnement à un âge où tout se décide .Une volonté pour ma rentrée: bosser , commencer à vraiment apprendre la guitare. Je poursuis avec le groupe ma Cômère VIDEO. Une bande de gars assez clichés country: chemise carreaux, casquette ,accent, texte...tout y est pour faire un parfait groupe local . Ils chantent les mignonnes, les bières, et leur région. Agréable, sentiment d'être dans un film de Steven Seagal. Un arrêt au stand de restauration, très cher et vraiment pas copieux et la soirée sur la grande scène commence. Assez facile de trouver une place assise bien en face. Les Matching Keys jouent de la musique irlandaise . Le Duo Shatra de la musique des balkans avec virtuosité. Les Mononcles entament des chansons traditionnelles à plusieurs voix. Le Fishtank Ensemble, de Californie, est le groupe de plus haut niveau de la journée. Un violoniste ultra rapide et habité, un guitariste enchaînant solo de folie sur sa folk, un violoncelliste, et une chanteuse montant très très haut dans les aigus suivant sa scie à chanter. Du hard folk je dirais, qui envoie mais qui n'est pas le chant traditionnel et populaire des autres groupes. Pour finir , Hommage aux Aînés pour des chansons québécoises reprises souvent en cœur par la foule VIDEO. Une très bonne journée au final, pas trop de monde, un festival plutôt local mais dans lequel je me régale et me transporte. Un vrai plaisir, je retrouve ensuite Madeleine et son ami qui m'hébergent . Encore une fois, je remarque l'hospitalité et la gentillesse des gens rencontrés: de Pascal le covoitureur qui m'apporte mon sac sur le dos depuis sa voiture à Madeleine qui m'emmène en voiture à 15 minutes de là pour me loger. La soixantaine énergique elle est très curieuse du Couchsurfing pour un future voyage en Europe, je vais l'aider à s'y retrouver voire à lui trouver un itinéraire pour ses deux mois de voyage à la rentrée. Une très bonne et longue journée. Je suis dans la campagne des Lanaudières, au milieu des Québécois , exactement ce que je recherchais.
Dimanche 31 juillet:
Gros petit déjeuner ce matin avec oeufs bacon, croissants et confiture de fraise maison. Remarque: ne pas se faire avoir comme hier et acheter chez le " boulanger " de quoi se nourrir sur le site. Vers 12 h me revoici au milieu des musiciens pour ma deuxième journée. Je remarque encore le côté bon enfant des organisateurs qui nous laissent rentrer en voiture juste pour me déposer. Pas sûr que ce soit possible chez nous. Je me souviens du parking de Gavarnie où je n'avais même pas eu le droit de me dégourdir les jambes 5 minutes qu'il fallait payer! Ces sourires vont me manquer de retour au pays, c'est toujours la même chose. Pourquoi sommes-nous si peu aimables dans notre beau pays? La matinée commence pour moi avec Nicolas Babineau, adolescent boutonneux de 15 ans, accompagné d'autres jeunes aussi talentueux. Je vais encore resté admiratifs devant ces jeunes très à l'aise avec leurs instruments, changeant d'accordage en faisant des blagues et impressionnants d'aisance. Je continue à me promener dans l'agréable parc Bosco. En bordure de rivière les gens s'y baignent et font du canoë. L'hiver il semble y avoir une piste de luge. Je vais aller réécouter les stars du festivals je pense: Hommage aux Ainés, déjà un peu entendus hier. 5 compères je crois et une dame à l'accordéon. Chacun leur tour ils prennent l'initiative de lancer la prochaine chanson en expliquant toujours l'origine. C'est très local, des noms inconnus mais des figures que tout le monde semble connaître. C'est la fille du cousin machin etc...Ces gars-là semblent être assez connus dans leur coin. Leur style est assez simple: des couplets que la foule reprend régulièrement. Et ça marche, vu le succès. On dirait une fête de famille où tonton marcel entonne la chansonnette. Il y a ensuite un break jusqu'au début des concerts de la scène principale. Je m'adosse contre un arbre, près de deux jeunes jouant du violon et d'un instrument médiéval peu connu et je savoure mes " propos sur le bonheur " , ma pizza sous le coude. Vers 17h30, sans problème pour trouver une place assise (le site pourrait contenir beaucoup plus de monde), je m'assoie et savoure.
D'abord Paul Marchand, Stéphanie Gagnon et Martin Racine. Je vais adorer la vois de cette chanteuse. Le genre d'émotion que j'avais ressenti devant Emilie Loiseau. Une voix pure sur des textes frais. Vraiment un bon moment. Ensuite un groupe de musique africaine va vraiment mettre le feu au public. Il y a bien une chose pour laquelle les Africains sont les maîtres:la danse et l'ambiance. Percussions endiablées, instrument malien joués en virtuose, danse de la chanteuse québécoise très impressionnante. Le public assis regarde le public qui danse, à droite. Sentiment bizarre, d'un côté ceux qui se lâchent et s'éclatent, de l'autre les timides ou les coincés. Très bon spectacle qui redonne envie de repartir en Afrique . Le groupe suivant Lake of Stew rassemble bon nombre de clichés trad: Chemises à carreaux, barbe, son low-fi, kazou, harmonica...Une musique originale et des looks idoines VIDEO. Pour finir De Temps Antan, une folk énergique VIDEO. Peut-être pas mon préféré, hormis le passage limite techno transe à la guimbarde et au pied. Je remarque d'ailleurs l'importance de cette section rythmique de bout de semelle. Les artistes, le public, tout le monde court sur place. Assez original. Je remarque aussi les standing ovation permanentes à la fin des concerts. Et toujours le rappel. Entre temps Yves m'a rejoint, me présente sa fille, sa sœur, son petit fils violoniste...Encore une fois je ne suis pas seul. Nous rentrons au moment du dernier rappel pour aller dormir chez son frère, dans une maison proche un bon paquet de bons souvenirs de ce festival. Je pressentais avant mon départ que ce serait une pépite et mon flair ne c'est pas trompé. Sentiment d'être au milieu d'une grande famille de passionnés de musique, isolé dans la région des Lanaudières, sans touristes et en plus logé par des locaux. Je me sens 100% Québec. Ma chambre sera encore ce soir très confortable, au sous-sol, à côté de l'armoire à fusil, près du sauna et de la cave à vin. Belle maison.
OTTAWA
Lundi 1er août:
Au petit-déjeuner , les célèbres pancakes maison de Madeleine, au sirop d'érable, à la mélasse, au miel. Très bon et tellement typique. Le départ s'approche, nous chargeons l'énorme pick-up bleu d'Yves et partons à 9h, direction Mont-Laurier , près du Lac du Cerf. Enfin pour eux, pour rejoindre leur villégiature, au nord, dans la nature. Ils vont quand même faire un détour pour me laisser à St-Jérôme sur un bon spot de pouce. Charmante attention et un couple vraiment très sympathique que je m'attends à revoir en France. Assez rapidement, voyant défiler un bon nombre de gros pick-up , je me retrouve dans la voiture d'un vendeur de fruit de mer de La Chute, prochaine ville, où il va me déposer. Pas mal de marche pour quitter le centre peu propice puis je tombe sur un sacré personnage: Robert. Petit homme, ancien hippie, d'une soixantaine d'année. Le chien à la place du mort, des faisans dans le pick-up. Nous allons passer toute la route ensemble jusqu'à Ottawa. Cigarettes sur cigarettes, arrêt joint( pour lui!) au bord de la route, frôlés par les camions, ravitaillement burger et glace dans un casse croute local. Nous traversons une bien belle région, agricole, avec des panneaux " vente de fruits, vente d'œufs... " assez régulièrement disposés en bord de route. Il me raconte ses sorties alpinisme à Lake Louise, sa traversée en stop jusqu'à Vancouver...Un truculent personnage. Il fera lui aussi un détour pour me déposer tout près du centre d'Ottawa où je vais arriver avec un peu d'avance sur mon planning en tout début d'après-midi. Je suis tout d'abord frappé par le calme de la ville et de la rue où je me rend. St Andrew, en face du musée des Beaux-Arts. Un nom qui sonne bien British, comme toute la ville d'ailleurs. Ottawa l'anglaise, Montréal l'américaine, Québec la Française. Valérie et Eduardo me reçoivent dans leur bien joli maison, acheté il y a 30 ans, quand le quartier n'était pas encore trop cher . Si près du centre la capitale du pays et autant au calme, incroyable de par chez nous. Ancienne prof qui enseigna en Egypte, en Chine, sa maison respire le voyage. J'y remarque le même éléphant en cuir de Thaïlande qu'avait Patricia, un livre sur Jim Thompson (qui disparu dans les Cameron Highlands , cf Malaisie 2010) . Après les présentations d'usage, elle m'emmène gentiment d'un coup de voiture au musée Canadien de la Nature. Petite balade tranquille dans la ville: l'ambassade des Etats-Unis qui prend la moitié de la rue , sécurité oblige, centre des congrès ultra moderne...Nous arrivons au musée, immense bâtisse assez belle. Mais y a-t-il un musée d'histoire naturelle moche? Ce sont toujours des bâtiments anciens ...enfin je crois. Il doit me rester 2 heures pour faire la visite, ce sera bien juste tant il y a de choses à voir . D'abord un grosse exposition sur les dinosaures. Du classique mais très bien fait. On est bien loin de ce que devait subir nos parents dans des salles d'ossements et de noms latins.
Croquis lumineux, maquettes grandeurs nature impressionnantes, film 4D sur la fin des dinosaures avec brume, vent etc...Et pourtant malgré toutes les expositions vues sur le sujet j'ai l'impression que tout reste un peu flou. Les noms que je ne retiendrai pas , les époques...Cela reste malgré tout assez fascinant! 75 millions d'années, imaginons!Je poursuis par une superbe exposition sur les mammifères avec de multiples dioramas. Muséographie très moderne: fini les alignements de vieux spécimens miteux. Bienvenue aux animaux , accompagnés de leur milieu de vie et des infos nécessaires. J'apprends pas mal. Belle exposition ensuite sur le milieu océanique avec un immense squelette de baleine . Salle des sciences de la terre un peu moins excitante pour moi, beaucoup de pierres et surtout plus trop le temps. Une dernière visite très rapide, celle où on ne lit plus rien et ou on grappille par-ci par-là le plus de souvenirs visuels sur les mammifères étranges: le plus gros, le plus petit, parmi les actuels et les disparus. Très belle visite, un peu frustré de ne pas avoir pu tout voir, il en reste une bonne partie. Je remonte ensuite vers le centre par la rue Elgin, goûtant aux délicieuses glaces au beurre de cacahouète de Puro Gelato. Balade le long de l'historique canal rideau, qui se transforme l'hiver en immense patinoire . J'apprécie vraiment cette ville, avec ses rues calmes à l'anglaise, ses bateaux remontant le canal. Pas trop le temps de flâner , Valérie et Eduardo m'attendent pour souper à 19h. Beaucoup de petits détails à observer en centre -ville, des panneaux à lire, des photos à prendre, d'autant que la lumière et ici très belle mais je reviendrai demain. Je marche donc en essayant de regarder mes pieds. Bon repas de saumon dans la belle salle à manger de la belle maison . Valérie me parle d'un membre de sa famille ayant mon nom et venant d'un village près de Rodez! C'est forcément un cousin éloigné! Je vais vite en parler à mon père qui sera ravi de trouver un nouveau membre de la famille, cowboy dans les plaines du Canada de l'Ouest. Eduardo est un mexicain ici depuis 37 ans et qui est chauffeur de limousine. Après souper, nous partons avec Valérie et l'étudiante de Toronto logée au rez-de-chaussée pour assister au son et lumière Mozaika projeté sur le bâtiment du centre du Parlement. Allongés sur le grand pré en face (celui où se dérouleront les relèves de la garde demain) , tout le monde est très discipliné et sage. Je repense à toutes nos fêtes en France gâchées par ses bandes de jeunes ou d'ivrognes qui cherchent querelle. Ici l'ambiance est familiale ...et c'est la capitale! Spectacle très beau VIDEO mais trop de propagande à mon goût. Le Canada c'est mon coeur, nous sommes unis...Un message pour rassembler et calmer les indépendantistes québécois? Too much pour moi. Nous rentrons par le quartier du marché By, où mes deux accompagnatrices me montrent les coins à ne pas manquer ( en fait surtout pour demain).
De beaux bars, des terrasses agréables, il semble faire bon vivre ici, vraiment. Une très belle journée et une ville qui me plait beaucoup. Très photogénique, clean, avec une saveur british que j'adore forcément. Je suis au Canada, avant j'étais au Québec.
Mardi 2 août:
Très bonne nuit dans ma petite chambre coquette. Déjeuner avec Eduardo et Valérie (cappuccino,toast aux baies du nord ( sortes de myrtilles) , beurre de cacahouète...) , très clean, dans cette belle salle à manger, au milieu de tant d'objets amassés au cours des nombreux voyages passés. Je pars ce matin pour la relève de la garde qui a lieu à 1O heures sur la colline du Parlement. La ville dans mon quartier est très agréable ce matin: passage devant le beau musée des Arts, traversée solitaire d'un petit parc, vue sur les écluses et la rivière, c'est vraiment tranquille et beau. Un peu de monde déjà autour du pré de cérémonie mais rien de bien gênant. Une ou deux rangées de canadiens polis ...pas plus. Pas mal de commentaires au micro sur l'histoire, la qualité et le déroulement de la future cérémonie puis à 10h, la première garde arrive , puis l'autre. S'en suivent des déplacements de troupe au son de l'orchestre (cornemuse...), des ordres en français, des passages de revue. Intéressant, très british et forcément carré...durant une demi-heure VIDEO. Je poursuis ensuite par la visite du bâtiment du centre du parlement. La pauvre guide se tue la voix pour être entendue par tout le groupe: chambre des communes, sénat, belle bibliothèque, hall avec tableaux...C'est un peu toujours pareil je pense. Intéressant mais sans grande émotion. Montée à la Tour de la Paix, sorte de Big Ben, pour profiter de belles vues sur la ville. J'enchaîne avec la visite du bâtiment de l'est, où je vois les bureaux des anciens gouverneurs et quelques pièces meublées à l'ancienne. Seul non canadien, pas forcément passionné par le passé législatif et exécutif du pays. Mine de rien, j'ai passé toute la matinée dans le secteur. Sandwich de qualité dans le quartier animé du marché By, achat de vêtements " canadian style " chez Roots puis je me rends , encore une fois bien trop tard, à l'immense musée des Beaux-Arts, superbe structure en partie en verre. Avec mon audioguide, je vais à peine en 2 heures pouvoir apprécier la moitié du deuxième étage! Art contemporain un peu décevant cette fois, peu d'œuvres qui m'interpellent. Bonne section du XIXéme ( les réalistes (j'adore) , les romantiques , les impressionnistes), et les classiques Canaletto, Constable, Turner.
Comme toujours ce sont les artistes hollandais du XVIIème qui me plaisent le plus. Toujours fascinés par les portraits de Rembrandt, les natures-mortes, les scènes pastorales. Regard rapide sur l'art des siècles précédents, bien trop religieux. Encore une fois l'audioguide rend la visite bien plus riche et passionnante et je suis vraiment frustré de ne pas avoir le temps de finir. Je rentre alors chez Valérie qui est en train de souper (il est 18h!) pour dire au revoir et prendre mon sac. Couple très sympathique. Très belle étape. Je me rends alors à pied, au Québec, passant le pont Alexandra vers Gatineau par une superbe marche sur un pont mi-piéton mi-routier. Un peu comme la pont de Brooklyn à NYC. Vues magnifiques sur la ville et la colline du Parlement VIDEO. Je passe au Québec et rejoins Fréderic, habitant une petite maison dans une rue assez ouvrière. Très bon accueil, repas et bière au son de musique rock voire punk. Il travaille sur les moyens de transport dans le Grand Nord , sur le problème de la fonte du pergélisol . Intéressant. Nous nous promèneront ce soir dans Gatineau et Hull. On ressent dans Gatineau, ancienne ville ouvrière puis lieu de fonctionnaire, une atmosphère bien moins british qu'en face du fleuve. Voire un peu provincial. Quelques magasins peu trendy. Puis vers Hull au pied de grands immeubles gouvernementaux cela redevient un peu plus chic mais sur une très petite surface. Au final une très belle journée dans une ville vraiment agréable. Je commence à revivre tout mon voyage et réfléchis à la chance que j'ai. Tant de belles choses, tant d'expériences, tant de rencontres. Je finis souvent un peu fatigués, parfois un peu usé et content de rentrer. Ici je pourrais tenir bien longtemps à ce rythme tellement excitant. Un jour, une rencontre. Un nouveau lieu. Le plaisir accompagne l'action dit Alain. Je le crois et le vis.
Mercredi 3 août:
Bonne nuit sous les combles. Réveil matinal souhaitable pour éviter la chaleur. Je déjeune d'un très gros english breakfast avant de me rendre proche de l'ouverture à l'immense musée canadien des Civilisations, bien situé en bordure de fleuve. FASCINANT musée! Immense, et assez beau d'un point de vue architectural. Vraiment un de mes meilleurs souvenirs! Jamais je crois je n'ai rencontré de manière aussi précise exactement ce que je cherchais. La salle du Canada tout d'abord qui retrace 1000 ans d'histoire canadienne. Ce qui est remarquable est la reconstitution dans chaque salle des thèmes abordés. On ne regarde pas, on vit vraiment les époques décrites. Je vais mettre 4 heures à visiter rien que cette partie du musée. Dire qu'ils écrivent " compter 45 minutes! ". Inconcevable tant il y a de choses à lire, observer, écouter. L'époque des vikings, la pêche et la chasse à la baleine (passionnant) VIDEO avec une reconstitution de la fabrication d'huile . Les premiers temps de l'Acadie, la Nouvelle-France, la Traite des fourrures, le commerce du bois... Dans cette section, un acteur en bûcheron me cause en solo longuement, voulant m'engager . " Il n'est pas bien costaud mais il fera l'affaire! ". Excellent et truculent. Passionnante histoire des draves et de l'exportation du bois au XIXème siècle. Les rebellions amenant à la confédération avec d'émouvantes reconstitutions audios des dernières paroles de prisonniers. Les chantiers maritimes avec carrément un bateau en construction presque à l'échelle 1. Très marquant, la reconstitution d'une rue ontarienne. On s'y croit vraiment: libraire et église ukrainienne, imprimeur, salle de débat syndicale pour les grèves...Incroyable! Ensuite une gare du Canadien Pacifique avec un remarquable film sur la construction de la voie. L'histoire des prairies canadiennes avec un silo reconstitué. L'histoire des émigrés chinois et de leurs blanchisseries. Le tout agrémenté de petites scènes audiovisuelles avec des personnages apparaissant sous forme d'ombres . Tout est ici pour nous mettre dans l'ambiance et cela marche comme jamais. Une école reconstituée avec d'émouvant témoignages d'anciens élèves. L'histoire de la côte du Pacifique avec une marrante reconstitution de l'aéroport de Vancouver. Enfin le nord Canadien et le Wildcat Café , à l'atmosphère boisé d'où j'écris. Tellement à dire, impossible de garder cela pour ce soir. Je suis rempli de souvenirs sur un monde révolu, incroyable. Finir mon séjour par ce sentiment est l'assurance de prochains voyages dans ce pays immense et fascinant qui regroupe beaucoup des items qui m'attirent: le grand nord, le passé colonial, les chercheurs d'or, les trappeurs. Un imaginaire d'enfance qui perdure à l'âge adulte, pour ma plus grande joie.
Il reste quand même une légère tristesse: que notre monde aujourd'hui soit si petit comparé à ce qu'il était il n'y a pas si longtemps. Bien encore immense à l'échelle d'un homme comme le remarque Sylvain Tesson. Toutes ces cultures différentes qui s'ignoraient et qui se mélangent en se dissolvant aujourd'hui. Et si ces musées allaient devenir les derniers témoins du temps des Ailleurs exotiques. On verra quand je serai vieux comment sera le monde. En tout cas je ressors de là encore une fois de plus avec le sentiment de l'urgence de la découverte. Avant que l'homo touristicus dont je fais partie ne dévore toutes les dernières traces d'exotisme. Saturé d'informations après ces quelques heures d'attention je vais un peu délaisser les autres salles du musée. Visite intéressante quand même de l'exposition sur les figures du pays:j'y révise Champlain , apprends sur Trudeau , fameux homme politique mort il y a une dizaine d'années, Mordecai Richler le grand écrivain...Intéressant mais trop pour aujourd'hui. Une visite rapide au musée de la poste plus bas, que j'expédie en express, un passage dans le musée des enfants. Un endroit assez terrible avec un vrai petit monde où les enfants font comme les grands et apprennent avec plaisir. Je n'irai même pas voir les autres salles. Plus de 5 heures que je suis là, il est temps d'aller magasiner en ville. Quelques photos de ce beau bâtiment moderne, de ses beaux jardins, de ses belles vues sur la colline puis me voilà parti pour le quartier du marché By, le centre rideau, le magasin La Baie. Je n'y trouve rien . Les mêmes marques que partout. De bons prix mais j'ai envie d'un peu d'originalité. Je rejoins ensuite Fréderic. Nous partons vers la rue Bank essayer de voir si le shopping marchera mieux. Quartier d'abord très Wall Street puis devenant populaire. Rien qui m'attire, fatigué, je propose un pub local. Les gens, la langue, c'est pas l'Angleterre c'est évident. Nous rentrons ensuite par le quartier chinois, sans intérêt, par une ancienne zone industrielle un peu abandonnée maintenant vers Gatineau. Un peu de repos puis nous partons dans un restaurant bar brasserie non loin de là. En bordure de rivière, assez branché, avec serveuses sexy et monde. Il faut dire que le reste du quartier est un peu mort. Ambiance ville de western, avec restaurants vides et peu de monde dehors. Je vais me régaler de ces bières locales et d'un superbe burger à la viande de cerf. Le bon repas traditionnel de ma dernière soirée. Dernière soirée oui, pas enthousiaste de rentrer. Déjà fini, un de moins. Quitter cette peau de voyageur où je m'épanouis pour retrouver une certaine routine...Je rentre remonté et plein de projets, c'est déjà une bonne chose.
Jeudi 4 août:
Toujours un peu spéciale ces journées de départ. Pour ma part je préfère partir le matin, de toute façon la journée est gâchée. Avec le gros sac plein de souvenirs difficile de faire autre chose que de trainer un peu puis partir pour l'aéroport avec une seul idée, s'en débarrasser. Je vais partir en bus pour le centre d'Ottawa( très cher les bus 3$!), pour que les gens achètent des voitures et pour que l'industrie nord-américaine tourne! Quelques achats au centre commercial , petit déjeuner dans la boulangerie du marché By qui reçu Obama ( et vend bien sur les " Obama Cookies "), observant les marchands de fruits et les locaux lisant leur journal devant leurs viennoiseries. Pas grand chose d'autre à faire, je vais partir à pied pour la gare des bus, attraper mon Greyhound pour l'aéroport Trudeau de Montréal, arriver avec 5 heures d'avance et attendre. Très beau temps. Pas de stress ni d'excitation. La page Québec va bientôt se tourner.
CONCLUSION
C'est un grand petit voyage. Je m'explique. Petit voyage car partir visiter les villes du Québec, le Saguenay ou les rives du Saint-Laurent n'est pas beaucoup plus aventureux que de visiter la Corse en juillet. Même langue, proximité géographique ( je ne me suis jamais senti au bout du monde par exemple)...j'ai eu du mal ici à décrocher complètement de mon pays...bien que ce ne fut pas ma volonté. Le fait de naviguer ici dans une relative sécurité, facilité, sans lutter contre le froid, le trop chaud, sans avoir la pauvreté du monde sous mes yeux, sans endurer des trajets éprouvants en fait un voyage facile. Et un grand voyage pour moi doit se mériter bien plus. Par l'investissement qu'on y met, par le plaisir voire la fierté qu'on en tire à son retour. Le sentiment d'avoir fait quelque chose d'assez rare voire d'un peu exceptionnel. Je ne l'ai pas ressenti ici. Grand voyage quand même au niveau du plaisir tout d'abord par la quantité et la qualité des rencontres. Je me souviens d'un temps, pas si loin, où je pouvais compter sur les doigts d'une main les rencontres du 3ème type avec l' " Autochtone " hors d'une relation commerciale. Manger , dormir , être guidé avec un local. Cela me paraissait rare et parfois difficile dans mes premières années de voyageurs. Là ce fut cela tous les jours. 2 nuits sur 21 seulement hors des murs des Canadiens et encore ...l'une était une chambre d'hôte où j'étais comme à la maison. J'ai pensé, mangé, entendu Québec pendant tout mon séjour. Imprégnation dans les musées, dans mes visites et approfondissement avec les gens que j'ai pu rencontrés. Du stop avec Bob l'ancien hippie, à Steven le prof d'anglais, Natacha la musicienne, Madeleine la retraitée...un panel varié et tellement enrichissant. C'est je crois ce qui fait la richesse de ce voyage. Le sentiment de n'avoir pas été trop superficiel. D'avoir été ouvert le plus possible à ce pays. Et en seulement 3 semaines je ne pense pas pouvoir en faire beaucoup plus. Grand aussi par les nombreux moments de plénitudes: la balade et la soirée sur l'Île-Verte, le festival de musique traditionnelle de Joliette, la soirée avec les musiciens de Trois-Rivières, le musée de la nature et l'ambiance de Sainte-Rose-du-Nord...Je me suis tellement de fois dis " quelle chance tu as de vivre ça! ". Au final il reste tellement d'images de ce voyage. Je vais attendre et laisser reposer. Plus facile à digérer qu'un mois en Inde. Mais quelles graines vont germer de ce séjour? Pas forcément une manière différente de voir le monde mais je rentre heureux, gonflé à bloc, en pleine forme, et plein d'idées déjà pour le futur. C'est déjà énorme.
LE POUR:la gentillesse et l'hospitalité des gens, la facilité de l'organisation, le climat, le mix entre villes et nature, la facilité de communication, la relative proximité de la France, les musées et l'histoire, le stop(facile)
LE CONTRE:le prix des bus, le budget musées et nourriture, la difficulté à rejoindre la nature sans voiture, le monde dans certains coins, le manque de gros dépaysement