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CHINE

Pourquoi la  CHINE ?

Il est des destinations incontournables que le voyageur curieux de son monde se doit de visiter au moins un fois. Je pense à l'Inde, aux États-Unis...la Chine en fait partie. Comment saisir notre temps et notre géopolitique sans voir de près comment vivent les 1/6 ème de notre humanité? Il est intéressant aussi de se projeter dans une culture aux antipodes de la  nôtre, de dérégler notre boussole occidentale et de faire un nord un sud. Voyager en Chine pour se remettre en question, pour se voir de l'extérieur et  pour saisir qu'il y a des modes de fonctionnements et des langages pour lesquels nous sommes totalement ignorants. La Chine vue de France peut aussi faire un peu peur.   Les gens se méfient de l'envahisseur Chinois, le pays n'a pas bonne presse au niveau politique, environnemental ou  au niveau de la liberté de la presse. Je voulais donc voir de mes propres yeux, de manière superficielle certes, tant sur le temps du voyage que sur l'espace parcouru,  mais  cela serait toujours mieux que rien. J'avais aussi depuis longtemps prévu de visiter ce pays avec mon ami de Malaisie, Rick, qui, parlant la langue , aurait été un bon compagnon de route. Et puis un jour un billet à 400 euros est apparu dans mes recherches. Un très bon vol depuis Bordeaux, avec une très bonne compagnie, pour les vacances de Toussaint. Je n'ai pas hésité longtemps. Peu après mon ami Thierry m'a rejoint pour l'aventure mais Rick n'a pu concrétiser son projet, retenu pas sa mère à l'hôpital.  Nous voilà partis pour le Sichuan, à la recherche des pandas, de la Chine moderne et de la Chine ancestrale. Quoi de plus, franchement je n'avais quasiment aucune connaissance a priori de cette partie de la  Chine. C'était un voyage vers l'inconnu. Excitant et intriguant à la fois. Je partais donc avec tous mes clichés et mes préjugés en poche pour forcément les perdre en route. 

 

LA VIDEO DU SEJOUR

La vidéo du séjour en quelques ambiances et en musique.

PLAN DU VOYAGE:

Voyage avec  Thierrry , du 22 octobre au 4 novembre 2017.

Notre  ville d'entrée et de sortie sera  Chengdu. Pratique  car  on va  pouvoir faire un petit circuit circulaire dans la partie est et sud de la région du Sichuan. Nous commencerons par  3 nuits dans l'immense métropole , nous prendrons un bus pour Langzhong, ville historique, où nous resterons 2 nuits. Un train rapide nous emmènera ensuite à Chongqing, dans une région administrativement jeune du pays. Nous passerons 3 nuits exaltantes dans cette ville de lumière. Nous partirons ensuite vers la petite ville de Lizhuang, paisible au bord du fleuve Yangzi pour une nuit.  Nous partirons ensuite vers Yibin et la Mer de Bambous où nous dormirons 2 nuits , à Wanling, au sein du parc.  Il ne restera plus qu'à rentrer à Chengdu pour la dernière soirée.

Carte de mon voyage dans le Sihuan

PERIODE :
Au niveau du climat, la saison  m' a semblé parfaite. Nous avons évité les grands départs estivaux et les grosses chaleurs. Nous n'avons pas eu une goutte de pluie du séjour.  Le temps était souvent un peu brumeux mais parfois aussi bien ensoleillé. Niveau température, on marchait souvent en tee-shirt, mettant le soir et le matin  un petit pull ou une veste légère. 

Pour en savoir plus sur le climat et les bonnes périodes , voir sur le site de quand partir sur la  Chine.

Au niveau fréquentation on ne peut pas être plus tranquille. Franchement, rarement je ne me suis senti si seul au milieu d'une population. Nous passions des journées sans voir, non pas un seul touriste, mais aucun individu de "race blanche" , caucasien comme on dit parfois.  C'est très rare de visiter des sites reconnus et ne voir aucun miroir . Pas de touristes comme nous. C'était incroyable, même devant les pandas. On en a croisés une poignée à Ciqikou, à Chongqing, on a vu quelques italiens dans le métro de Chengdu ( qui nous observaient d'ailleurs comme une espèce rare)  mais c'est à peu près tout. 
Les touristes chinois, eux, n'étaient pas en vacances donc on a je pense bien limité l'affluence. Les gares routières étaient parfois vides, comme les gares ferroviaires. Les week-end sont plus chargés mais là c'est tout à fait normal. 
Et nous avons eu un très bon prix pour l'avion ainsi qu'une offre raisonnable de choix pour nos hôtels. 
Je crois donc que c'est une très bonne saison pour voyager dans la région. 

NIVEAU :

Assez Difficile mais...


C'est assez rare pour moi de marquer cela mais je pense que pour certains, le voyage en Chine peut tout de même être assez éprouvant.J'ai trouvé ce voyage tranquille et amusant mais je tiens à mettre en garde d'autres voyageurs moins expérimentés. 
La principale difficulté vient de l'impossibilité de communiquer normalement . Ainsi il faut être patient, flexible et surtout capable de s'adapter à des situations que l'on ne maîtrise pas. Certains pourraient ne pas aimer cela. Comme partir dans un bus sans trop savoir où l'on va, commander des plats quasiment à l'aveugle sans trop savoir ce que l'on mange. Il faut donc je pense avoir une bonne expérience du voyage pour se sentir à l'aise et porté par ce flux d'inconnus. Trouver à manger, n'était pas chose aisée et nous tournions souvent longtemps avant de nous lancer . Pas possible en général de se rabattre sur de la nourriture française ou classique. Même la pizza, quand on en trouve, est au goût local. Alors souvent on se nourrissait sans vraiment trop de plaisir. Un local nous aurait vraiment aidés car je suis sûr qu'il y a des merveilles culinaires à découvrir. 

Pour payer aussi c'est un peu plus compliqué, y compris avec sa carte ( refusée à Carrefour!) mais comme ce n'est pas trop cher on ne risque pas grand-chose et on a toujours trouvé les gens très honnêtes .

L'anglais ne vous sera pas d'une grande utilité même si les traductions sur les smartphones sont plus efficaces à mon avis vers cette langue que vers le français.

D'un autre côté le voyage est aussi facile car tranquille, sûr , calme. Dans les gares routières ou ferroviaires, dans le métro, à l'aéroport, tout est sécurisé  et les services d'ordre veillent sur vous. C'est l'avantage des états autoritaires, il y a moins d'incivilités apparentes que chez nous où l'on peut insulter et frauder , un peu partout. Donc même avec des enfants ou sa grand-mère, je trouve qu'un voyage en Chine est tranquille et reposant. Les taxis par exemple sont agréables à prendre , quand ils comprennent la destination, ce qui n'est pas chose gagnée. Aucun  sentiment d'insécurité . Je n'ai  vu aucune bande de gars inquiétante, ni bagarres, ni scènes violentes. J'ai trouvé l'ambiance très relax, y compris dans les gares routières et ferroviaires. 

Pour trouver un hébergement ce fut très simple car tout est peu cher pour nous.  Nous avons  réservé en partie avec booking.com, le Couchsurfing  était possible bien que rare mais nous n'avons pas choisi cette option. Le reste , nous avons choisi sur place, comme à Lizhuang ou à Wanling. 

Niveau physique...rien à dire.  Il faut juste arriver à bien s'alimenter.  On marche si l'on veut marcher, sinon on prend le taxi. Le bus est plus compliqué car on ne sait pas trop où il va.   


Niveau hygiène,  on a eu deux petites alertes intestinales mais elles n'ont pas duré.   On ne boit que l'eau en bouteille ou celle offerte, bouillante, dans les restaurants.  Ensuite il ne faut pas être trop regardant. On mangeait souvent dans des gargotes notées" smiley rouge avec grimace" par les services d'hygiène. Pour deux semaines on s'y fait.  


HEBERGEMENT ET BUDGET (2017) :

Le voyage m'est revenu à   1075  euros pour 13  jours ( 420  euros d'avion et de transport pour l'aéroport ,160 euros pour le visa,  495  euros de logements, de visites, de nourriture et de transports  sur place )  . Ce qui  est  très peu cher pour une telle destination  je trouve car on n'a pas trop compté,mangeant au restaurant quand on voulait, prenant les taxis et dormant dans de beaux hôtels à chaque fois. Le rapport qualité prix est vraiment excellent.  Disons qu'on peut faire moins cher. 
 La prix  des chambres  doubles était  au maximum de  300 yuans  euros par nuit soit 40 euros , avec  ou sans petit déjeuner. Mais on peut trouver beaucoup moins cher.   Elles étaient très confortables. Nous n'avons pas opté pour le couchsurfing cette fois. Nous voulions être plus tranquilles les soirées et pour s'adapter au décallage horaire c'est une peu mieux. Ensuite le voyage est un peu plus superficiel c'est sûr. Et puis le coût très faible de l'hébergement n'incite pas à trop tergiverser sur ou dormir. Nous avons donc  quasiment tout  réservé sur Booking avant de partir, sauf pour Lizhuang , Wanling et notre dernière nuit à Chengdu. 
Sur les entrées , elles sont souvent un peu chères   comme dans les parcs ( 130 yuans  soit 18 euros) . Le pass à Langzhong est du même ordre de prix. 
Sur les transports,  Les transports en bus ou train   longue distance ne sont pas trop   chers:   pas plus de 20 euros même pour le train rapide.
Le métro coutait entre 2 et 10 yuans ( entre 0,3 et1,4 euros) pour un service de qualité. Les taxis étaient peu chers , 8 à 10 yuans pour une course de 2 à 3 kilomètres. Donné. 
La visite du parc des bambous nous a couté 200 yuans  pour le guide et sa voiture  ( 27 euros) pour un service de qualité et personnalisé. 

Pour nous  nourrir, on faisait quelques courses  dans les épiceries mais on mangeait tout le temps dehors dans les gargotes, restaurants et food hall des centres commerciaux.  On mange pour pas cher, c'est certain.   110 yuans ( 15 euros) pour un bon restaurant de Chongqing et souvent  moins de 50 yuans ailleurs , soit 7 euros...pour deux.  
En général, les petits déjeuners offerts étaient très copieux , buffets, mais à la chinoise dont parfois un peu durs à avaler.  Ils nous tenaient une bonne partie  de la journée .   
Pour les restaurants, on était toujours très bien accueillis, on mangeait ce qu'on trouvait.C'était rarement excellent, souvent bons, parfois insipide et d'autres fois impossible à finir.  Il nous aurait fallu un guide. Je pense qu'on a manqué une bonne part de la gastronomie du Sichuan. Mais que pouvait-on faire? 
 
Les marchés : on a vu que très peu. Odeur forte de viande morte.Pas vraiment un coin pour nous. 

Pour préparer ce voyage j'ai utilisé :

SITES GENERALISTES

  • le site du Routard . Toujours une bonne base pour choisir sa destination mais pas de guide papier sur le Sihcuan, seul le gros guide Chine. 
  • le site officiel de l'office du tourisme de  Chine . 
  • le site du Lonely Planet.  Nous avons utilisé le chapitre sur le Sichuan, acheté en ligne. Pratique et bien fait. 
  • le site du Petit Futé. J'ai réussi à télécharger les généralités sur le pays sur le net. Pratique.
  • Le blog  Goats on the Road avec plein d'infos .
  • un blog  Novo Mondo très bien fait .
  • un site pour réserver le train ou les hôtels. Je l'ai utilisé pour les deux.   

CHENGDU : IMMENSE ET TRANQUILLE

Tianfu Square, CHENGDU


 EST-CE VRAIMENT LA CHINE ?
 
Vu du ciel, on se sent ailleurs, quand on survole le désert du Taklamakan, quand le désert de Gobi est juste là, quand les sommets enneigés semblent proche et si inaccessibles. Puis l'avion descend,  cela devient plus vert vers Chengdu, les ensembles d'immeubles sont denses, mais où sont les voitures ? Je ne vois guère de parking. Puis une autoroute, peu fréquentée. Un tronçon Langon-Marmande un mardi à 15 h. Nous arrivons finalement  dans un  aéroport très moderne. Devant les douaniers, un policier avec un mégaphone maintient l'ordre. On se tiendra à carreau même si les blagues fusent.  Le douanier a bien travaillé, alors il faut appuyer sur un petit bouton. Il y a 4 smileys parmi lesquels choisir. Elle méritera un grand sourire. Plus tard nous mangerons souvent dans des gargotes notés « grimace rouge » par le service d'hygiène. Passons.  

Ci-contre: Tianfu Square


notre hôtel à CHENGDU

Nous récupérons nos sac minuscules ( 4, 6 et 5, 9 kg!) puis nous voilà prêts à affronter l'enfer Chinois. Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre dès qu'il faudra en sortir. Souvenirs déjà lointains du Caire, de New Delhi où la première porte franchie en dehors de la zone d'arrivée donnait le ton du reste du séjour. Les gens sont courtois, patients, calmes. Dehors rien ne s'agite vraiment. Le métro semble bien vide. La ville ne sera pas chaotique, c'est là le premier sentiment qui se vérifiera. Pour quelques yuans nous empruntons le métro très moderne, très clair avec ses plans traduits en anglais, ses machines à tickets faciles à utiliser, pour un premier arrêt  à Tianfu Square,  sous une immense place , bordée de grattes ciels flambants neuf, et gardée par le petit père des Peuples, Mao Zedong  en personne, en sa statue monumentale mais bien plus par ses nombreux policiers visibles un peu partout dans les environs. Les places sont des endroits sensibles en Chine.
C'est un plaisir de voir les familles déambuler à la sortie du métro, dans un endroit très peu stressant où l'on se sent vraiment en sécurité, ce qui n'est pas forcément un sentiment courant quand on est le seul individu d'origine européenne à des centaines de mètres à la ronde.
Trouver  ensuite l'hôtel en tâtonnant dans un quartier où les grues  ne cessent de s'agiter jour et nuit. La ville horizontale prend de la hauteur. Six tours modernes et VIP naîtront bientôt dans le quartier de Renmin North Road. Problème à l'accueil. Les employés semblent gênés. « Vous avez loué une chambre ...mais il n'y a qu'un lit. ». «  On fera avec ». On espère que le partage de lit ne sera un motif de travaux forcés. L'hôtel,  le Forstar Hotel, est confortable, malgré l'odeur forte de cigarette imprégnée dans l'épaisse moquette, la fenêtre sans vue. Les sacs posés, après un peu de repos, nous partons explorer la ville.  A notre retour et durant les trois prochains jours, nous aurons la surprise de découvrir dans notre entrée, glissées sous la porte, des publicités pour des services d'escort girls. Ce n'est pas le Sofitel mais quand même, nous sommes dans un hôtel de businessmen donc cela va avec. Qu'aurait fait DSK ?

Ci-contre: notre hôtel

Un menu en chinois

LA COMMUNICATION : LOST IN CHINA

 Cela reste un monde à part. Même si il est de plus en plus courant de trouver des menus traduits en anglais, il est à noter que même dans les halls de nos hôtels, parfois 4 étoiles, la plupart ne comprenaient pas un mot à ce que nous disions.


Quelques exemples :

-Trouver son hôtel à Chengdu avec une carte Google Map fausse. Déchiffrer les idéogrammes et demander aux  locaux qui semblaient avoir du mal à lire mes quelques mots en langue locale au milieu d'un langage réciproquement aussi incompréhensible.

-Demander un ticket pour le petit déjeuner à la réception à des employés qui dégainent leur smartphone en mode traduction. 

-Commander un plat au restaurant. Soit avoir le nom écrit, soit montrer ce que mange les gens, soit prendre de gros risques.

-Dans le « plus grand centre commercial du monde » à Jinchiang Plaza. Commander un plat de nouilles aux fruits de mer: faire sortir le cuisinier de sa boutique, le faire nous amener vers la caisse pour prépayer le repas, se trouver bloqué devant la caissière qui appelle un puis deux gars dans le coin dont le « bilingue » qui prononce 1 mot en anglais pour 9 en chinois...Se faire servir , recevoir des baguettes, puis voyant notre habileté une cuillère, pour finir avec des serviettes, des gants chirurgicaux  et une grosse rigolade.  30 minutes après le plat était enfin terminé...

-Dans le métro, bloqué devant les portiques pour « prix payé insuffisant ». Rien n'y fait, on ne se comprend pas et comme toujours l'employé finit par nous mener lui-même à l'endroit évoqué.

-Demander sa route dans la rue et avoir pour réponse « I will show  you » ...Les quelques mots de vocabulaire ne suffisent pas en général alors ils marchent, serviables et nous on dérange.

- Une course simple en taxi : 2 kilomètres depuis notre hôtel pour une gare routière. Les 3 premiers taxis ne connaissent pas, on marche, on arrête un puis deux tuk-tuk. Ils parlent, un sort son smartphone...puis ils se barrent. On marche encore, avec la carte pour s'apercevoir que l'on s'est encore une fois bien paumés. Le dernier tuk-tuk sera le bon. Ouf ! Petite balade dans une Chine plus agitée, au milieu des porteurs torses nus traînant de lourdes charges, slalomant entre les voitures,  à contre sens parfois. Une autre vision de la Chine.  Plus dépaysante cette fois.

 
Mais cela reste au final peu handicapant, tant qu'il n'y pas d'urgence et que l'on reste sur des choses très très basiques. Il faut juste anticiper et être très, très patient. C'est souvent très drôle tellement  le dialogue est délirant mais bon, on est en vacances et les employés qui nous aident travaillent. Ce n'est pas le même délire.

Nourriture exotique


LA NOURRITURE  CHINOISE : PREMIERE IMPRESSION, IL VA FALLOIR TENIR !



On ne peut pas dire que ce n'est pas bon, au contraire, mais il y a comme une odeur persistance de friture, d'épices qui, si au départ attire, finit vite par lasser voire écœurer.  Il y a juste des fois  où on  a juste envie de choses fades, sans bouillon ni piment.  Alors on va souvent avoir du mal à trouver ce que l'on cherche. Les petits déjeuners dans l'hôtel de Chengdu, sous forme de buffet, étaient très variés et goûteux avec un tas de légumes, d'algues, de préparations diverses  aux noms inconnus  mais qui passaient très bien au réveil.  Dans les échoppes de rues c'était un peu toujours un peu l'aventure culinaire, n'étant jamais sûr de savoir ce qu'il y a  dans leurs crêpes ou semblants.  Niveau viande, on est face à un spectacle peu ragoutant. Dans les échoppes et même dans les restaurants des têtes de rongeurs aux noms inconnus, des becs de canards, des tas de viande à la couleur cadavérique, marron bruns, des saucisses roses, des brochettes de viande inconnue...bref on évitera. Et si on choisit du poulet ou du bœuf dans la soupe, on se retrouve  avec des bouts d'os, de gras, de tripes et même des intestins.

On s'est quand même régalés de pâtes aux fruits de mers.....

Ci-contre: Thierry tente un bout de gros intestin...


La CHINE modern et les smartphones

La ville en 3 thèmes

 
-LA VILLE ZEN , LE CALME ET LA LENTEUR:

 
A se demander parfois où sont les 14 millions d'habitants. A certains feux rouges, dans l'hyper centre, au milieu de rutilants immeubles, on n'entendait aucun bruit. Limite à se forcer à parler à voix basse.

Ici les mobylettes roulent à l'énergie électrique, toutes.  C'est alors surprenant de voir ce ballet silencieux et continu, sur de belles voies cyclables souvent, slalomer au milieu des passants dans les carrefours.  Comme on ne les entend pas, on risque de se faire percuter plus souvent, mais la plupart des conducteurs semblent prudents et anticipent beaucoup.  C'est toujours drôle de se faire friser les moustaches par ces as du deux-roues, roulant tous sans casques, qui surgissent de partout sans crier gare.

Et puis la circulation semble fluide, les feux sont bien respectés, les gens roulent calmement. Franchement je m'y verrais presque capable de conduire. C'est pour dire.

Quelques mobylettes, quelques vélos tractent des étals d'oranges, de noix, de fruits et se garent où ils trouvent de la place.

D'autres sillonnent les rues lentement avec un petit poste qui retransmet un message répétitif. Ils ont sûrement un service à proposer mais on ne saura jamais.

Dans les boutiques, pas de groupes électrogènes comme en Inde, ni de sonos à fond comme au Bénin parfois. On voit les employés, tranquillement posée derrière leurs smartphones, ou dégustant des plats de nouilles, sans aucune apparente excitation.

Même dans le métro aux heures de pointes, les gens ne marchent pas plus vite. On est vraiment loin du stress parisien.

Un parc à Chengdu

Dans les rues, devant les boutiques, les réunions se font en public. Il est drôle de voir les employés des restaurants au garde à vous devant leur patron en train d'expliquer le bilan du jour, ou les consignes pour le prochain service. Certains sont mis à la queue-le-leu et massent tous les épaules de l'employé devant eux. Dans ce salon de coiffure je vois le patron montrer comment débarrasser les cheveux tombés sur une patiente. Une technique de management vraiment originale mais ou la douceur n'est sûrement qu'apparente. Le patron chinois n'est pas connu pour sa facilité en affaire.

Dans les parcs, même constat, la sérénité est de mise.  Ces parcs, ici et dans le reste de la région, resteront parmi les meilleurs souvenirs du voyage.

Nous en visiterons un bon nombre :

-Le parc de la Culture :

 On y accède par une longue rue « faussement » typiquement chinoise avec un décors très chargé en pagodes, restaurants chics, bijouteries (perle et jade à profusion),  maisons vendant du thé. Les belles voitures s'y garent, moi je trouve ça un peu clinquant. Le parc est plus intéressant avec son petit lac sur lequel les pédalos semblent maintenant hiverner. Les cafés et maison  de thé en cette fin de journée plient et rangent. Le petit parc d'attraction avec ses manèges colorés  est totalement désert. L'univers est bien différent du notre. On est plus dans un monde de piccachu et de mangas.  Sur une place un imposant monument à la gloire du peuple chinois avec de vieilles photos d'opposants politiques  ...ou bien était-ce ceux qui avaient envoyé en prison ces derniers.

 

Parc de Chengdu

-Le parc autour du Tombeau de Wang Jian :

Le meilleur pour moi. On avait entendu des chants depuis le parc du tombeau mais vu les fréquences et le style on pensait bien que tout cela était du chant folklorique, un CD pour touriste. Il s'avère que non. Un petit groupe, un clavier, deux chanteuses, un flûtiste, et deux joueurs d'instrument à cordes répètent à côté des joueurs de cartes et de mah-jong. Ils ont leurs petits micros reliés à des petits boîtiers amplificateurs mais le son est là et puissant. D'ailleurs un sonomètre non loin est là pour leur rappeler que le bruit n'est pas zen en ces lieux. Nous sommes impressionnés par la hauteur des notes des chanteuses, relativement âgées, comme tout le reste du groupe d'ailleurs. C'est vraiment charmant et dépaysant. Autour d'eux les parties de mah-jong, sorte de jeu entre les dames et les échecs, passionnent les curieux. Les gens sont là, avec leurs petits thermos de thé et passent du bon temps. Juste à côté un terrain de badminton est monté et deux équipes s'affrontent dans une partie acharnée. Je ne pense pas être capable d'aller défier les deux retraités en jogging. Nous allons passer beaucoup de temps dans cette atmosphère, qui je pense symbolise bien le caractère et les habitudes chinoises.

Quartier moderne de Chengdu

-LA VILLE MODERNE :

-Les gratte-ciels

Autant dire que la ville, même si elle n'a pas la densité d'un Manhattan, m'a assez impressionné, surtout en visite nocturne. Nous ne comptons plus les immeubles, tous plus modernes et éclairés, que nous avons observés durant notre visite. Autour de Tianfu Square, dans la zone piétonnière Chunxi Lu , dans les environs de la gare ferroviaire sud...On en prend plein les yeux. Et cela construit, partout, encore. Bordeaux semble un village comparé à cette mégalopole tentaculaire.


-Les malls
Sur Jincheng Plaza, le plus grand bâtiment du monde, le New Century Global Center. Nous y passerons, pour voir, un soir. Le volume est impressionnant avec une voûte sortie d'un film de science fiction. L'ensemble nous semble pourtant un peu vide au niveau fréquentation. On observe les jeunes s’entraîner au hockey sur la grande patinoire. Nous n'irons pas à plage artificielle.
Vers Chunxi Lu, dans un endroit aux airs de Times Square par moment, avec ces immenses panneaux publicitaires lumineux, ces immenses magasins Prada ou Dior, sur lesquels grimpe un panda géant, on en pleine démesure. C'est très plaisant pour nous de nous y promener la nuit, non pas pour consommer mais pour observer les gens le faire. D'un food truck à l'autre, on s'amuse à scruter le moindre détail de cette vie frénétique, observant les moindres gestes de cette foule où nous ne croiserons aucun visage caucasien. Un peu plus loin, un jeune chanteur de charme tourne un clip autour de statues figées. Moment très agréable.

- Le métro 
Il est extrêmement agréable, très clair, rapide, calme, propre, pas cher (de 2 à 10 yuans) et nous l'utilisons souvent pour nos déplacements. Nos métros pionniers de la vieille Europe ont l'histoire pour eux mais pas le confort. Dans les rames, des officiels (policiers?) portant un brassard rouge, surveillent la sécurité des usagers. Les locaux sont la plupart en mode zombie, tous ou presque hypnotisés par leurs smartphones. Certains voient des films à la Biouman ou San Ku Kai, d'autres font défiler des profils dans un pseudo Facebook , puis ils l'éteignent puis ils le rallument aussitôt...C'est pour moi un spectacle hallucinant de voir une telle ribambelle de moutons totalement addicts à un boîtier lumineux. Relire le Meilleur des Mondes. Ici est l'avenir du Monde. Tragique dirait Nick.

Temple Wenshu, Chengdu

-LES TRADITIONS

Temple Wenshu (bouddhiste) : Le plus grand et le mieux préservé de Chengdu. Je vais beaucoup apprécier cette visite, en fin d'après midi, quand les petites bougies et les bâtonnets d'encens en incandescence apportent mystère au lieu. C'est très grand, avec un petit parc, de nombreuses statues, des temples forcément, des dragons, des lanternes, des panneaux calligraphiés et par dessus tout une ambiance musicale. Nous avons la chance d'assister à une cérémonie. Les moines se regroupent devant les bouddhas dorés et chantent une mélodie très répétitive mais plus harmonieuse que celles entendues dans les monastères du Ladakh par exemple. Les fidèles restent dans la cours et en silence participent à la prière. L’atmosphère est vraiment exotique pour moi, je vais rester un bon moment à errer dans les parages. Dans une cour, des moines jouent au ping-pong mais sinon le lieu est assez désert. Nous mangerons dans un petit restaurant non loin et découvrirons nos premières difficultés pour commander un plat. Ce sera à chaque fois une aventure, les quelques photos ne nous donnant que peu d'informations sur ce que nous sommes sur le point d'ingérer. Et cela semble toujours au final meilleur dans l'assiette du voisin. Il manque vraiment un local pour nous aider.

Tombeau de Wang Jian, Chengdu

Tombeau de Wang Jian

On s'y fait déposer en taxi après une infructueuse tentative de marche suivant le plan précis de notre guide. Pas cher les taxis, 8 yuans pour 2 kilomètres, (un peu plus d'un euro). Et ils ont le compteur, rendent la monnaie et ne vous arnaquent pas. Le gardien à l'entrée nous fait bien rire. Il prend notre ticket et en enlève un coin sur environ un millimètre, de façon chirurgicale, avec ses petits ciseaux. Bizarre. Ce mausolée, redécouvert de manière scientifique en 1942, recèle la tombe d'un empereur du VIII-IX ème siècle. Il est sous la terre, sous une petite colline, à la façon de la chambre des pharaons dans les pyramides. On y accède par un couloir sombre, on passe de grandes portes rouges avec des effigies de têtes de tigres dessus, enfin on y réveille le gardien qui doit souffrir des poumons à passer ses journées dans cet air si humide. La tombe est une sorte de rectangle grisâtre d'une dizaine de mètres de long sur 5 de large. Cela sent le vieux bien évidemment, c'est assez abîmé, même si sur ses bords on remarque une frise de 24 musiciens, et quelques bustes de gardes remarquablement conservés. Au fond, la statue de l'empereur est un exemple rare sinon unique de statue basée sur le portrait véritable du personnage. Dans cette atmosphère très peu éclairée, l'endroit est agréable. Un musée moderne et bien documenté explique avec des vidéos, des tableaux, des maquettes l'histoire de cette époque, de la découverte et de l'entretien du monument. Enfin autour du site, un parc est facilement accessible. J'en parle plus haut. Dans la boutique, un copiste recopie des calligraphies sur des parchemins.

Parc de Chengdu

Temple Qingyang (Taoïste)

Non loin du parc de la Culture. Il est bien déserté en cette fin de journée. On a l'impression de quitter un parc d'attraction à la fermeture. Non pas que le lieu soit dénué de charme mais avec tous ses halls, ses pavillons, ses temples et presque personne devant, l'ambiance est ...crépusculaire. On aperçoit quelques moines, un gars en train de faire de la calligraphie, d'autres en train de manger dans une cantine, un chat errant hurlant de faim à nos trousses. L'encens brûle encore un peu dans les environs de la pagode octogonale en bois, à l'architecture fine. Mais bon, je ne vis pas là une grande émotion. C'est un peu trop terne pour moi. Marcher sur le grand Yin et Ying au milieu d'une place de taille respectable au milieu du complexe ne réveillera pas mon sens mystique. Je suis une autre Voie.


Le quartier de Jinli Gujie (photo ci-contre) 

Pas vraiment ancien mais basé sur de l’ancien. C'est une sorte de quartier reconstruit pour les touristes, une rue en toc dans l'ambiance de la Chine d'avant. On passera vite, sans se passionner, suivant le flot de chinois en train de consommer avec autant de plaisir que dans la montée de la rue centrale du Mt Saint Michel un weekend de juillet. Sans aucun intérêt pour nous.

Quartier moderne de Chengdu

-LES ECHOPPES DE RUES

Beaucoup de petits vendeurs survivent à côté des immenses centres commerciaux. Du plus simple, ne vendant que quelques figues à la démesure des malls modernes, toutes les échelles de vente sont présentes. J'apprécie particulièrement ce petit marché aux puces, le long d'une rivière où se vendent, disposés en bon ordre sur des tapis du matériel électronique, des livres, des smartphones, des prises etc...J'aime aussi ces portions de rues à thèmes, comme du temps des corporations : imprimeries, vêtements, réparation de mobylette, néons, électronique. Nous n'avons rien à acheter, dommage, hormis les quelques sandwiches aux pâtes ou crêpes aux pommes de terre que nous dégustons au hasard de nos visites.
Dans le quartier tibétain, les bouddhas dorés, les colliers, l'art bouddhique foisonnent sans vraiment m'attirer. Nous préférons les magasins de montagne, bien achalandés et proposant du matériel de bonne facture mais à des prix pas vraiment intéressants pour nous.
Dans les petites ruelles, parfois au milieu des immeubles modernes, près des chantiers aussi, des petits vendeurs de fruits, de nouilles proposent de la cuisine de rue. De toute façon il y a toujours quelqu'un qui mange autour de nous.


-LES PANDAS

Évidemment, la plupart des gens connaissent le Sichuan pour cela. C'est un des derniers endroits où vivent les dernières centaines d'individus de cette espèce emblématique. Ils ont éradiqué le tigre de l'Amour, le panda est une relique. Le centre est facilement accessible en métro puis en bus (gratuit) . On ne peut rien manquer, c'est une grosse attraction et tout est fléché pour ne pas se perdre. Et puis au pire les taxis se battront pour vous avoir.

Panda à Chengdu



J'ai été agréablement surpris par les lieux. Je m'attendais à un endroit plus bondé, plus artificiel. C'est une sorte de parc zoologique, bien vert, avec de l'espace et beaucoup de végétation. Parfois même, si on enlève le bruit des avions et des hélicoptères, on pourrait se croire un court instant en montagne, dans une forêt de bambous (ils poussent partout ici). Même s'il y a du monde, l'endroit est vaste et il y a pas mal de points d'observations différents. On observe très bien et parfois de très près les grosses peluches dormant, grimpant, mangeant des bambous, se chahutant, pataugeant dans l'eau. Les mâles sont plus imposants que je l'imaginais, les petits plus patauds et gauches encore. On passe beaucoup de temps l'appareil à la main en attendant la bonne pause, la bonne mimique. Un mâle s'amuse avec une petite girafe en plastique, une mère se chahute avec son petit qui préfère son frère pour un rapport de force plus équilibré. Certains sont aussi dedans, à l'abri. D'autres dans les arbres.

L'autre star est le panda roux. Une sorte de renard à longue queue. Il est plus actif et plus timide que son « grand frère » noir et blanc. On l'observe longuement, de très près aussi, depuis les sentiers qui serpentent dans le parc. A noter aussi un beau lac où les canards et les oiseaux foisonnent. Le long de ce lac quelques restaurants, discrets je trouve, cela reste assez sauvage, du moins hors saison, en milieu de semaine. A la boutique les gens signent et tamponnent les cartes postales. Les drapeaux de Chine flottent partout. Voici un emblème positif du pays. Une phrase célèbre de Gandhi rappelle que l'on voit le niveau d'évolution d'un pays à la façon dont il traite ses animaux. Quand on voit les tonnes de viandes, de têtes de rongeurs, de têtes de canards, qui transitent chaque jour depuis des élevages lointains vers la ville, quand on voit le gaspillage alimentaire dans les restaurant, je ne suis pas sûr de voir là un pays qui traite bien ses animaux mais bon. Et quand on parle du traitement des hommes...Le retour sera plus folklorique, bus puis bus puis bus pour finir par arriver devant une station de métro. Le gardien nous indiquera qu'elle est fermée et nous enverra dans une direction incertaine alors qu'on ne sait pas où nous sommes. La ville nous apparaît depuis la route, gigantesque avec des barres d'immeubles immenses rangées à perte de vue. On ne compte plus les gratte-ciels illuminés, les immenses carrefours... On finit par être aidés par deux jeunes qui nous mènent à la station la plus proche et partagent même leur pamplemousse avec nous. Sympa.

Photos



Le lien vers les quelques  PHOTOS  de Chengdu. 





La  VIDEO  sur Chengdu

LANGZHONG:RETOUR VERS L'EPOQUE DES 3 ROYAUMES

Transfert chinois


Le transfert depuis Chengdu

Après quelques galères nous avons réussi à trouver la gare routière de Beimen, à Chengdu, dans laquelle nous avons acheté sans trop de difficulté nos billets pour Langzhong. Quelques panneaux indicateurs dans la gare sont en anglais et je me suis naturellement dirigé vers celui « english speaking ». Mais bon, ce n'est pas pour ça que la vendeuse comprenait un mot de cette langue étrangère. Passons, ils sont parfois plus gênés que nous et cela finit toujours par tourner à la rigolade. Pour prendre le bus il faut passer les sacs aux rayons X, patienter devant la porte d'embarquement, puis se faufiler à sa place, numérotée. Au final, aucun stress à avoir, tout est vraiment très moderne et efficace. Le trajet en bus, direct, dure environ 3H20, avec un petit arrêt en route. Le chauffeur aide Thierry à mettre sa ceinture. Obligatoire, d'ailleurs les écrans du bus vous montrent 5 bonnes minutes de vidéos d'accident pour vous rassurer. Le chauffeur passera pas mal de temps à hurler dans son téléphone portable pendant le trajet, ce qui est l'assurance d'une sécurité renforcée. Après de longs kilomètres au milieu des barres d'immeubles immenses de Chengdu, nous finissons sur une autoroute qui serpente au milieu des collines, sans jamais rencontrer une ville. La végétation n'est pas si différente de celle de chez nous et le paysage n'offre rien de fantastique. J'observe quelques paysans dans leurs champs, quelques pagodes en haut de longs escaliers, quelques bœufs ou oies, des fermes pour la plupart en béton gris, sans âmes.

Ci-contre: Thierry et son marque-page.Il faut bien chercher.... 

Langzhong

La ville moderne

Nous abordons Langzhong par le sud, là où cette ville de 800 000 habitants n'a rien d'exceptionnel. Je trouve quand même que tout est bien propre et ordonné, encore une fois une image bien éloignée de mes idées sur la ville chinoise. Parfois, en quittant les limites de la vieille ville, nous y passerons quelques minutes, en particulier à la recherche de nourriture plus européenne, sans grand succès. En quelques mètres le contraste est saisissant. Une boutique « Bling Bling » , dans Paris ou London Street, des magasins de smartphones, un marché à ciel ouvert pour une braderie de vêtements, des enfants jouant sur des crocodiles électriques, du bruit...et des gens qui nous saluent parfois. A un jeune homme qui me dit « Hello » , je réponds « Do you speak english ? » Devant sa copine il ne se dégonfle pas mais nous envoie à perpète quand je lui demande où trouver une pizza... Dans le petit mall local on est repérés comme un loup dans une bergerie. Souvent les gens sont curieux et s'arrêtent pour nous aider. On doit sembler si hésitant, si gauche parfois...On retourne vite dans la vieille ville, tellement plus charmante et rare, quelques fausses pizzas sucrées dans un sac.

Langzhong

La Vieille Ville

Le taxi nous a déposés le premier soir au pied de la partie ancienne, entièrement piétonnière.

Nous fûmes alors de suite happés par l'ambiance : maisons en bois, toits noir uniformes en tuile sombres, lampions oranges ou blancs accrochés aux dessus des portes, petits vieux déambulant lentement et un calme vraiment relaxant. Notre hôtel, juste à côté de l'entrée sud-est, est un vrai musée à lui tout seul. On rentre en enjambant une grosse planche pour rentrer dans un très grand édifice avec cours intérieure, temple, et de belles chambres un peu partout, au rez de chaussée ou à l'étage, donnant sur les cours. Les fenêtres sont en bois percés, comme des moucharabiehs. L'atmosphère est terriblement dépaysante, j'adore.

On peut s’asseoir un peu partout pour lire des ouvrages avec au choix, au dessus de sa tête, un dessin de tigre, des idéogrammes calligraphiés ou une sculpture à ses côtés. La ville, qui fut capitale du Sichuan, est aussi un endroit réputé pour son côté Feng Shui.


Langzhong

La première sortie fut celle du ventre : à la recherche d'un repas convenable, ce qui encore une fois ne fut pas une mince affaire. Rarement je ne me suis senti si dépourvu devant les stands de nourriture ou dans les gargotes que dans ce voyage. En Inde, la nourriture semblait parfois un peu limite niveau hygiène mais restait souvent identifiable, ici, cela semble propre mais on ne sait pas à quoi correspond ce que les photos tentent d'illustrer. Un plat qui ressemble à des spaghettis bolognaise, on se lance. Le cuisinier vient lui même nous remuer la sauce dans nos bols pour bien que tout se mélange. Mais on cherche la viande en vain, la sauce rouge de la photo n'est pas de la viande hachée à la tomate, mais du piment ! Et le plat est vraiment fort, on a du mal à finir tellement cela nous brûle les lèvres. On en rigole. Mais tous ces plats de nouilles sans protéines ne nous nourrissent guère. Pour faire passer le goût nous achèterons des semblants de cookies, de petits pains au chocolat sans chocolat , de compote infâme dans une boutique où la vendeuse souriante s'amusera de quelques mots d'anglais « Love » , « thank you » en échange d'une leçon de bonne prononciation du mot merci « sié -sié ».

Langzhong


En bordure de la vieille ville on trouve un petit quartier qui semble être celui des bars, boites de nuits ou autres. Des néons criards partout et un lieu encore désert en début de soirée. Les seuls pas de danse que nous verrons seront ce soir seront visibles dans les rues. On ne sait pas vraiment si ce sont des arts martiaux, du Taï Chi ou autre mais c'est une activité très populaire dans cette région de Chine c'est une évidence.


La visite de la Vieille Ville

Après une nuit parfaite au calme de notre vieil hôtel, une fois un petit déjeuner roboratif à base de bouillie de riz et de quelques légumes avalé ( voir ci-contre) , nous partons pour la visite de la cité, après une sieste matinale, comme il se doit. En fait je me sens assez fatigué, du moins les matinées. Effet du décalage horaire ou d'une alimentation un peu décalée ? Thierry sera malade dans la nuit et on commence à être un peu écœurés de ces odeurs de nourriture tellement éloignée de nos habitudes. Il est certain que l'on va perdre quelques kilos en 2 semaines (3 pour être exact).

Langzhong



La vieille ville de Langzhong se situe entre deux méandres du fleuve, dans la partie sud d'un omega renversé. C'est un endroit très vivant, pas un musée. Il est agréable de si perdre, de jour comme de nuit, observant la vie des habitants.

Ils jouent aux cartes et dansent dehors, boivent du thé à l'ombre, s'assoient simplement pour discuter. Beaucoup de personnes âgées mais aussi des familles et beaucoup d'enfants jouant dans les rues. Les maisons sont basses et les surfaces visiblement réduites. On voit l'intérieur des maisons, souvent une seule pièce avec le lit, la télévision et une toute petite cuisine. Les portes d'entrées sont parfois minuscules et tout est en bois. Les gens vivent souvent dans leur boutique. On les voit le soir refermer ce qui les isole de la rue en disposant des longs panneaux de bois verticalement dans des glissières. Tout cela a énormément de cachet.
La ville est aussi très touristique, pour les Chinois. On n'a croisé que 2 caucasiens en 2 jours ! Quel plaisir d'être au bout du monde, dans un endroit pareil, aussi riche, sans les baroudeurs sac aux dos qui emplissent les cafés avec wifi gratuit ! La ville n'est pas encore atteinte par ce tourisme là et c'est tant mieux pour nous.
Sur le bord du fleuve on observe les pêcheurs, le lent courant et les végétaux qui dérivent. Avec la brume, les collines environnantes couvertes de pagodes, on se sent vraiment en Chine.
Bien sûr il y a beaucoup de commerces, un nombre incalculable de vendeurs de rues mais comme tout est différent de chez nous cela passe.


Langzhong

A la vente : des tas de viandes inconnues, des gâteaux aux noix, du vinaigre (spécialité de la ville), des champignons, des œuvres d'art, des lits, des vêtements...mais aussi du tir au cerf en jeu vidéo, des habits militaires, un simulateur de vol, des sabres. Bref, un mélange hétéroclite non sans charme.
L'ambiance est très bonne, tranquille, les commerçants nous montrent leurs produits mais comme on ne se comprend jamais ; c'est toujours drôle. Certains nous disent bonjour, nous sourient, les enfants en particulier qui n'ont pas l'habitude de voir des barbus.
Il y a parfois de la musique, belle, dans les rues, quand elle n'est pas agrémentée des raclements de gorge et des crachats bruyants des hommes. Un tic semble-t-il ici.

J'ai choisi de prendre un ticket combiné pour 120 yuans, me donnant accès à tous les sites suivant :

Zhang Fei Temple :

le site le plus célèbre de la ville. C'est un temple dédié à un illustre protecteur de la ville de l'époque des 3 royaumes (220-280 ap J.C.) . Sa tombe est placée sous une petite colline. Le lieu est assez grand. L'architecture est plaisante à observer, le lieu intéressant pour déambuler. On y raconte les exploits de cet homme illustre, demi-dieu maintenant, dont on célèbre encore la bravoure et la justesse de ses valeurs. Devant le temple, les gens dansent , un comédien déguisé en Zhang Fei pose et semble répondre aux questions des touristes qui lui passent des petits papiers. Peut-être un protecteur psychologue ?

Langzhong, Gongyuan

Gongyuan :

C'est le lieu utilisé par les empereurs pour sélectionner les talents de son administration. Le lieu est encore une fois très grand et un rare témoignage de ce type d'endroit en Chine. Des comédiens simulent avec fracas avec un groupe de touristes un entretien devant l'empereur. Nous déambulons dans les nombreuses salles sans rien comprendre aux panneaux. Ici tel employé signait tel papier, ici passaient les plus méritants. Le lieu est très grand mais tout cela manque un peu de vie, on ne comprend pas vraiment comment étaient sélectionnés les personnes. Dans une salle un vieux maître calligraphe, 92 ans, et barbe blanche à tourner dans un film de Tarentino, dessine et explique la signification de ses idéogrammes anciens à un groupe. Dans les quelques boutiques, comme à l'étage, on dérange souvent les vendeuses qui le reste du temps s'occupent derrière leur smartphone.


Langzhong, Temple de Confucius

Temple de Confucius :

Un vieux site survivant de la dynastie Qing, rénové en 2013. Des temples, encore des temples, il faut admettre que c'est un peu comme la visite des églises romanes dans le sud-ouest. Les passionnés s'y régalent mais les autres trouvent un peu toujours la même atmosphère. Toujours ces statues colorées, ces textes incompréhensibles, ces brûleurs d'encens... Un petit pont enjambe une petite étendue d’eau. Un sentier fait le tour du lieu, au milieu de bambous et entouré d'oiseaux, je le parcoure avec plaisir. Comme pour les églises, c'est l'atmosphère qui est pour moi primordiale, plus que le message sacré caché ou exprimé sur les façades et dans les textes.

Langzhong, tour Huaguang



La Tour Huaguang :

Située à un endroit très Feng Shui, face à la rivière Jialing et aux collines de Jinping, elle est incontournable de jour comme de nuit dans la partie sud de la vieille ville. C'est aussi la plus haute et la plus vieille. Par un escalier escarpé en bois, on s'élève au dessus des toits en tuile pour s'offrir une vue imprenable sur la Vieille Ville et sur les environs. La ville étant très dense on ne voit guère plus que les toits mais quelques rues y convergeant permettent de voir la marche des visiteurs, ce qui n'est pas désagréable.


Chuan Bei Dao Shu :

L'endroit le plus intéressant pour moi. Un très grand site qui pour une fois n'est pas un temple mais ce que j’appellerais la mairie, le palais de justice, le centre des impôts...réunis. En fait tout ce qui faisait tourner la ville comme administration était là. C'est très intéressant car des dioramas, des mannequins grandeurs nature illustrent la fonction de chaque lieu : des prisonniers, la salle des grains, les habitations de certains employés. Il y a aussi des films (comment punir les condamnés ? ) édifiants, des objets comme les chaises à porteur...

Langzhong, Tour Zhongtian

La Tour Zhongtian :

Restaurée en 2006 mais datant des VII-Xème siècle, c'est une tour semblable à la précédente, de 25 m, en bois. Elle est censée être à l'endroit le plus favorable d'un point de vue Feng Shui, de ce fait toutes les rues de la vieille ville y trouvent leur origine. La vue est du même type que la précédente.


Au final, un bien bel endroit qui aurait mérité une journée de plus, en particulier pour visiter les environs. J'ai beaucoup aimé cette atmosphère de vieille Chine, ce calme sans voiture, cette architecture, ce plan de ville si bien préservé, ces vieux paisibles dans les rues alors qu'on ne les voit plus dans les grandes villes.
Nous quitterons la ville par la grande porte : la toute récente gare ferroviaire de Langzhong. Une ligne à grande vitesse vient d'ouvrir le mois dernier et relie Chongqing en 2h30. La gare est imposante mais à moitié vide. Ils prévoient sûrement un développement important pour les prochaines années. On se croit dans un aéroport. On achète les billets à l'écart puis on passe les contrôles de sécurité, passeport en main et appareil à rayon X. Après un bon repas dans cette gare hyper clean et tranquille on fait la queue devant les portes d'accès aux quais. Tout le monde en file indienne. Et quand cela passe au vert, tout le monde avance. Un ticket dans la machine et nous voilà sur le quai. On se place ensuite devant les numéros correspondants aux wagons et encore une fois, dans le calme, on fait la queue pour attendre et entrer dans le TGV local, qui ressemble à une fusée. Et dire que j'imaginais les gares de Chine comme des lieux insalubres où il fallait jouer des coudes. C'est encore une fois tout le contraire ici. Tout est ultra moderne et très discipliné. Le train est plus confortable que nos trains français et on regrette même de ne pas y passer plus de temps. Et si en 2017 la Chine n'était plus une aventure touristique ? Pour l'instant les préjugés et les images s'effondrent uns à uns.

Photos



Le lien vers les  PHOTOS  de Langzhong. 





La VIDEO sur Langzhong.


CHONGQING : DANS LE VENTRE DE LA BÊTE

Chongqing

L'arrivée

Avec des pointes à près de 200 km/h , le voyage dura à peine 2 heures, pendant lesquelles nous avons pu observer quelques gares toutes neuves, immenses et toutes basées sur la même architecture. Au loin toujours des barres d'immeubles immenses et toujours ce sentiment que rien ici n'est figé. Tout semble en chantier, en construction. La vision de certaines usines ou de certaines vallées ou rivières me font penser à un seul mot : pollution. L'approche de Chongqing est remarquable, on a l'impression d'arriver à Manhattan avec cette sky line au loin qui en impose. La gare de Chongqing est immense et en ce samedi bondée. On mettra beaucoup de temps à rejoindre le métro, à acheter un ticket et à se rendre non loin de notre destination, dans le district de Yuzhong, au bord du fleuve Yangzi Jiang, 6380 km, le 3ème plus long du monde. 

Chongqing



Dès le métro, parfois aérien, on remarque la différence d'ambiance d'avec Chengdu. C'est ici plus en accord avec l'image de la mégalopole chinoise : tortueux, parfois salle, agité. Beaucoup de monde et impossible de trouver un taxi. On décide de marcher sur des voies rapides par forcément adaptées aux piétons. Devant notre immeuble commencent les difficultés de communication qui vont durer un moment. Un gars va finir par appeler pour nous le patron de la petite structure qui nous loue l'appartement. Un petit bonhomme arrive bientôt, insiste pour prendre nos affaires et nous amène au 17 ème étage dans une petite pièce pour l'enregistrement. Un petit chat en céramique nous accueille en bougeant sa patte de façon perpétuelle. On nous offre de l’eau, une pomme et beaucoup d'attention, presque trop. Ils ne vont pas nous lâcher d'aussitôt. Dans l’appartement, à coup de smartphone et de traductions parfois fantaisistes « avez-vous besoin d'autre chose chambre 1407 ? » on finit par les faire sortir. A vouloir trop nous servir ils en devenaient risibles. La vue est magnifique sur le fleuve et les immeubles illuminés en face. On est en plein centre, exactement dans l'ambiance que j'espérais. On passera la soirée à découvrir la ville, mangeant dans un super restaurant cette fois (108 yuans) laissant un local commander pour nous. Enfin une nourriture saine, non épicée. Malgré les parts copieuses des 4 plats choisis, nous finirons tout à la différence des locaux qui gaspillent des quantités indécentes de nourriture.

Chongqing, guilde de Huguang

La ville ancienne



Il est surprenant de trouver dans cette ville des vestiges de l'ancien mur de remparts qui encerclait la ville sous l'époque Ming. Au pied d'un immense et magnifique pont, le Dongshuimen, on découvre par hasard une vieille porte et des escaliers qui pourraient être à Carcassonne. Le contraste est incroyable. Une petite rue serpente et monte dans le quartier désert. On se croirait l'histoire de quelques mètres dans un village. A noter les quelques maisons anciennes qui tombent en ruine. Comme souvent l'homme préfère construire du neuf que préserver ses vieux monuments. C'est criant ici.


Dans le coin se trouve le siège de la Guilde de Huguang, jadis le quartier général des immigrants. Nous la visiterons un dimanche après-midi pour profiter des spectacles d’opéra. L'endroit est très intéressant. Le lieu est très vaste, îlot de passé au milieu des gratte-ciels et presque en face du pont Dongshuimen. On déambule dans des salles où des scènes de la vie des migrants sont reconstituées dans une muséographie moderne. C'est intéressant d'observer les pharmacies, les porteurs, les bureaux de l'administration, les cartes de la vieille-ville, les photos du début du XX ème siècle...Quand on voit certains aspects de la ville en 2017 on se dit que tout n'a pas changé : il reste parfois la saleté, et les coolies n'ont pas disparus. Dans un dédale d'escaliers, de cours on se retrouve dans des endroits très calmes, profitant de belles vues sur le fleuve et les toits. Là une employé s'amuse à réveiller son chat lové dans un panier bien trop petit pour lui, puis elle veut faire chanter son oiseau en répétant un « Afa!Afa ! » qui nous reprendrons tout le reste du séjour. Le sourire est partout et l'accueil toujours agréable. Dans deux salles on peut assister gratuitement à des spectacles. Le premier nous montre des chanteuses d'opéra. C'est très aigu, assez délicat à suivre et assez monotone mais terriblement chinois. Un peu plus loin un spectacle nous montre un artiste changeant de masque à une vitesse incroyable. Je n'ai pas compris le truc. Son très fort par contre, trop fort. Au final un bel endroit, intéressant pour apprendre sur Chongqing et édifiant par le contraste qu'il illustre.

Ciqikou

Un lundi matin, nous décidons de nous rendre dans la cité ancienne de Ciqikou à environ 11 km au sud-ouest du centre. Beaucoup de monde dans le métro et à l'arrivée, l'impression d'arriver dans un zoo. Alors on suit le flux pour vite se retrouver dans une ruelle étroite, la rue principale du « village » où il est difficile de faire demi-tour. Emporté par la foule, dit la chanson. A première vue je ne vois pas trop de différences d'avec la rue du centre commercial Hongyadong. Les vendeurs font du bruit avec des mains claquantes en plastique pour attirer votre regard, il y a du bruit et on y vend de tout. En vrac : stand de tir, poteries, peignes en corne, toutes les sortes de friandises (nougat, gâteau au piment...), brochettes de poulpe, de pattes de poulet, d'algues ...Franchement on avance sans grande émotion. On croise ou suit quelques touristes caucasiens qui prennent un tas de photos, de plats, de tout ce qui passe, avec leurs gros téléobjectifs. Il y a aussi pas mal de bars, pas vilains, où des jeunes chanteurs romantiques jouent et chantent avec leurs guitares. A un coin de rue, deux filles en tenues traditionnelles jouent d'un instrument à cordes au nom inconnu. On s'échappe dans les rues perpendiculaires pour trouver un peu de calme et déguster des pommes de terre avec des mini-baguettes. Arrivés au bord de la rivière nous tombons sur des balustrades et des toilettes à la turque. Dans une rue on observe un temple, le Baolun Sin, qu'on ne visitera pas. Finalement on se perdra un peu dans les ruelles, pour se retrouver sous le linge séché pendant aux fenêtres des habitants du quartier, dans des venelles, parfois sans issues. C'est là la partie la plus intéressante de la visite. On n'a pas eu l'envie de retourner sur nos pas pour continuer à explorer le lieu qui au final ne restera pas une étape essentielle de notre passage à Chongqing. Peut-être que nous avons raté l'essentiel ?

ci-contre: Thierry à Ciqikou

Chongqing




Les docks et le fleuve


Spectacle assez hallucinant de voir tous ces camions en train de circuler et de décharger leur cargaison dans des rues, au milieu d'immeubles modernes et illuminés. Avec la brume ou la pollution persistante, on se croirait dans Gotham City. En haut le luxe des appartements au 45 ème étage. En bas, peut-être de manière illégale, les dockers envahissent une rue qui ne semble pas être destinée à cela pour décharger, à la main, des quantités incroyables de paquets, de cartons...On dirait une déchetterie à ciel ouvert. Et puis tout est artisanal. Les hommes torses-nus effectuent ce travail harassant d'un autre âge sous le regard des noctambules du samedi soir.

Chongqing

Pour notre dernière soirée en ville on décide de se rendre à la pointe de Yuzhong, pour voir l'endroit où le Jialing et le Yangzi se rejoignent. L'entrée est en chantier avec la construction de plusieurs énormes tours et il est difficile, un peu comme partout ici, de circuler plus de 50 mètre en lignes droites ou sans devoir s'écarter pour éviter un chantier. On arrive quand même à approcher des quais où la foule s’amasse. Il est drôle de voir tous ces groupes, parfois avec la même casquette rouge, suivant leurs guides avec sa pancarte, rouge, pour se ranger bien sagement devant les pontons d'embarquement. Partout dans le coin on rencontre des agences de voyages imposantes, avec un grand guichet et un plan des 3 gorges en grand derrière. Ils ne vendent que cela, et la ville est le départ classique pour descendre le Yangzi vers le célèbre barrage et ses gorges. Nous hésiterons mais nous prendrons finalement deux billets (100 yuans) pour une petite promenade fluviale d'1h20 autour de la pointe de Yuzhong. Disons que je voulais quand même naviguer une fois dans ma vie sur ce fleuve mythique. Le bateau est très confortable et assez plein. Les gens mangent sur le pont supérieur ou profitent des canapés et des promenades. Le spectacle la nuit est forcément assez magique avec toutes ces lumières multicolores, ces immeubles sur lesquels dansent les lumières. Sur l'autre rive, une grande roue, le magnifique théâtre, une réplique de Big Ben et encore un tas d’immeubles, de grands hôtels (souvent à moins de 100 euros la chambre, à savoir pour celui qui veut et peut se faire plaisir). On observe aussi les croisiéristes pour les 3 gorges, déjà dans leurs chambres, près à partir dans leurs gros bateaux.

Chongqing, Hongyadong

Nous passons devant le Hongyadong, illuminé comme un sapin de Noël, sous les ponts de Dongshuimen et son symétrique sur le Jialing et sous le téléphérique (que nous aurons la flemme de prendre) . On observe les bateaux à quais un peu à l'abandon. Un jeune parcoure les escaliers du bord du fleuve avec une grande épuisette et ratisse à la recherche de crustacés peut-être. A moins que ce soit lui le ramasseur de cadavre de Chongqing !

Pour notre dernier repas, on ameutera encore le patron, la patronne, quelques personnes de la rue pour choisir notre plat. Bœuf ? On montre les cornes. Chèvre ou mouton ? Imitation de Thierry. Finalement c'est la petite d'à peine 8 ans qui nous sauvent « Piggy ! ». Et Thierry confirme en grognant. J'aime ces rencontres où la différence est amusante et comique, où l'on se sent ailleurs, au sein d'une culture différente.

Chongqing

Le centre urbain

Spectacle incroyable la nuit. Je ne connais que Manhattan comme équivalent. Il faut dire que la ville forme une pointe entre deux fleuves, donnant un aspect très Long Island au lieu. Ce qui change ici : la brume, les lumières rouges, jaunes, violettes, alors qu'ailleurs c'est souvent le blanc qui domine. Et puis il y a ces collines autour. La ville n'est pas plate, loin de là, et de raides escaliers mènent du fleuve aux quartiers centraux.
Le contraste est énorme entre ces lieux sombres et sales où vivent les plus pauvres dans des appartements mal éclairés, dans des petits volumes, se lavant à la bassine dehors et les plus modernes des tours, majestueuses. La balade nocturne est incroyable. Depuis le pont Dongshuimen, en partie piéton on observe le ballet des ferries multicolores qui proposent des croisières sur le fleuve.
Un téléphérique propose aussi une promenade panoramique au dessus du Yangzi.
Dans la rue, sur des trottoirs défoncés, s'installent les tables, les stands de grillades et une foule d'habitués y dîne dans les fumées des cuisines. Un véritable spectacle sensoriel.

A noter, à peine sortis dans la rue, un type en voiture nous balance une poignée de cartes d'escort girls dessus ! Il y en a partout dans les rues, au sol. Un fléau semble-t-il. Et le lendemain, rebelote ! De quoi se faire un jeu de cartes.

Chongqing, les coolies

La visite de quelques rues non loin du fleuve, près de la pointe de Yuzhong, un dimanche est un spectacle total et hallucinant. De rudes escaliers relient la partie haute de la ville à son fleuve. Et le transport s'effectue ici majoritairement à dos d'homme ou en tirant des chariots. Dans une atmosphère enfumée, respirant les odeurs d'égout (ils passent juste sous l'escalier) nous allons en remonter un, bondé, un concentré de vie et de sueur. L'image des coolies des vieux films sur la Chine est là. Des hommes torses-nus, parfois bien âgés et pas de corpulence impressionnante, se tuent la santé avec des charges plus grosses qu'eux. 

Chongqing, les coolies




On les voit freiner leur chariot, se courber avançant avec peine, un bâton à la main ou avec deux paniers accrochés aux extrémités d'un bâton qu'ils disposent sur leurs omoplates. Ici rien n'est statique, tout bouge tout s'anime. Des couturiers enroule du tissus, d'autres réparent dans la rue avec d'antiques machines à coudre. Les gens mangent, vendent, circulent, travaillent. Il n'y a bien que nous pour être immobiles devant ce spectacle assez hallucinant.


Nous en profiterons pour manger un plat de nouilles dans une gargote offrant une vue d'ensemble des lieux depuis le sommet d'un escalier. Le sourire des vendeuses, un bon plat au chou et quel spectacle ! L'une d'elle est intriguée de voir un gaucher écrire. De notre côté nous nous amusons de les voir habillées avec les étiquettes de prix de leurs vêtements encore pendantes. On observe le défilé : les vendeurs ambulants transportent leurs charges, errent, parfois se font virer par la police, comme ce vendeur de noix avec son chargement, sa femme ou mère et un enfant dans sa carriole. Dureté de la vie. Evidente ici.

Une visite qui ne nous laisse pas indifférent. J'adore voire cette pulsation, cette ville qui ne s'arrête jamais de travailler. Cela remet encore une fois un français moyen à sa place de privilégié. L'image de la ruche est évidente.

Chongqing




Nous visitons aussi l'autre centre. En quelques centaines de mètres, on se retrouve dans un autre monde, près du monument de la libération.  C'est une tour avec une horloge (Rolex!)  à son sommet devant laquelle se photographient la plupart des visiteurs. Au milieu d'un autre Times Square, avec ses immenses boutiques Prada, Vuitton etc...le spectacle est hallucinant mais de l'autre côté du spectre. Là consomment ceux qui ne portent plus les ballots de vêtement sur le dos, ceux qui vivent dans les superbes appartements aux sommets des tours. Beaucoup de monde forcément et un plaisir pour les yeux, plus sucré, avec ce déluge de lumière..

Chongqing, Hongyadong

Nous passerons la soirée dans le centre Hongyadong , une immense édifice flamboyant sur 11 étages, accrochés à la colline et descendant vers la rivière Jialing, celle qui rejoint le Yangzi et forme la pointe si caractéristique du district de Yuzhong.  Encore un  lieu à la démesure de la Chine. Nous ne ferons que deux étages (sur les 11), celui des restaurants internationaux où nous verrons nos premiers blancs depuis  bien longtemps et celui des stands de nourriture locale.  Le bâtiment est d'une architecture ancienne, et représente un exploit tant tout semble suspendu sur une pente assez rude.  L'étage des stands de nourriture est comme une vrai petite rue reconstituée avec même un concert en plein air (fin octobre peut-être mais en tee-shirt toute la journée).  Nous dégusterons notre habituel plat de nouilles, mes dumpings (sorte de raviolis végétariens)  au milieu des vendeurs de sucreries, de brochettes et de viande séchée.  Beaucoup de monde mais pas si désagréable. Artificiel mais les vues sur le fleuve, sur le pont, sur les grattes ciels du nord de Yuzhong valent le détour.  Il suffit de s'éloigner un peu pour retrouver le calme et la noirceur. Des bateaux sont aménagés pour les soirées  mais certains restent dans leur jus, celui des années passés et là c'est un jus sombre et glauque qui nous apparaît depuis la promenade.  Sur chaque bateau à quais en pleine décomposition, ça et là des lueurs  blafardes. Il y a de la vie au pied des  lumières. La Chine cache son passé insalubre mais il subsiste, il ne faut pas chercher bien loin.

Chongqing

Pour avoir une vue d'ensemble de la ville nous décidons  après notre promenade à Ciqikou, de rejoindre le parc du Mont  Pipa, qui a 345 mètres, est le point le plus haut du centre de Chongqing.  Le ventre presque vide nous entamons lentement la montée depuis la station de Lianglukou, passant devant les joueurs de cartes installés dans la rue, dans un quartier tranquille mais populaire.  Au sommet, nous découvrons un parc très fleuri et comme toujours très agréable. Dans une petite cours dans le parc on découvre un tas de bonsaï. Dehors les gens jouent aux cartes, boivent  leur thé dans leurs petites bouteilles personnelles et dans leurs tasses en porcelaine blanche et bleue.  

Chongqing, parc du Mt Pipa

On va s'installer un long moment à observer des dames danser avec des foulards jaunes accrochés au bras. Un couple assez âgé nous salue mais ils ne sont pas là pour flâner. Je  vois bientôt la grand-mère donner des grands coups de raquettes dans son volant de badminton. C'est un sport très en vogue ici, d'autres couples s'entraînent un peu plus loin. La musique d'ambiance vient d'une sono derrière laquelle des chanteurs d'un jour se délient la voix.  L'écho, le style des chansons sont irrésistibles et on ne peut s’empêcher d'être écroulés de rire devant les trémolos d'un monsieur inconnu que j’appellerais Mr Fu.  Le Fu chantant, c'est lui. Du haut du pavillon rouge, on profite d'une très belle vue sur la ville, mais il ne fait pas encore nuit, ce qui enlève un peu au panorama de sa superbe.  

Chongqing, parc du Mt Pipa



Une jolie jeune chinoise qui nous observe depuis longtemps, curieuse, vient nous parler. Elle veut savoir ce qu'il y  a dans mon carnet. Elle le feuillette en faisant des « Oh ! » si caractéristiques et si charmants. On essaye de dire que l'on vient  de France, on cite Paris, Dior, Chanel etc...Rien n'y fait, une autre dame s'arrête mais on ne pourra rien faire  de plus que de se sourire mutuellement. Sans un mot de commun dans nos langages respectifs, il est bien difficile d'aller plus loin. Ce pays est assez unique dans mon expérience car lors de tous mes précédents voyages j'ai toujours à peu près pu communiquer mais ici...


Au final, une ville vraiment exaltante que j'ai beaucoup appréciée. Une ville sinueuse, rude par moment, lisse et ultra moderne pour d'autres. On y sent vibrer une énergie séculaire dans ces pentes .

Photos



Le lien vers les  PHOTOS  de Chongqing. 





La VIDEO sur CHONGQING


LIZHUANG, AU RYTHME DU FLEUVE ETERNEL

Chongqing


Le trajet depuis Chongqing à Yibin



Nous quittons Chongqing en fin de matinée. La petite structure qui gère notre location nous offre de l'eau, des pommes...et la jeune patronne nous  rappelle bien qu'une bonne appréciation sur Booking.com lui ferait grandement plaisir. Une fois dans la rue la voilà qui passe et qui se précipite pour nous aider à trouver un taxi. Elle nous déplace, et joue des pieds et des mains pour nous en trouver un. Amusant. La gare routière principale de Chongqing est, comme prévue,  bien organisée et  finalement assez facile même pour celui qui ne comprendrait pas un mot d'anglais. De toute façon l'anglais ne sert pas à grand-chose ici.  Le policier qui surveille les entrées de la gare et la machine à rayons X nous demande de boire devant lui un peu de nos liquides suspects contenus dans nos bouteilles d'eau. Parfois ils ont une machine spéciale mais là le policier a  montré une méthode originale.  Comme pour les trains,  on attend pour embarquer derrière les portiques  puis on se laisse guider  en essayant de bien prononcer le nom de notre ville d'arrivée car vu les écriteaux en idéogrammes, mieux vaut vérifier deux fois.  Le bus mettra presque une heure pour s'extirper des embouteillages monstre. Echangeurs d'un autre monde, barres d'immeubles à perte de vue, la vision de ces villes montre peut-être ce que sera la ville du futur, dans un monde à 15 milliards d'habitants.

Lizhuang



Le trajet ne montrera rien de bien exotique : de l'autoroute et un bon Jackie Chan à la télévision.  A Yibin, petite ville d'un bon demi-million d'habitants on trouve un bus  qui nous mène à notre destination du soir : Lizhuang. C'est l'heure de la sortie des classes les petits écoliers s'entassent autour de nous. Certaines petites filles nous montrent du doigt et s'amusent de quelques regards.  Le bus nous dépose un peu au milieu de nulle part,  sur une immense avenue, très large, vide, hormis quelques voitures et vélo. L'image classique que l'on peut avoir de ces projets chinois démesurés, de ces villes  et autoroutes fantômes.  On marche alors vers le centre, traversant des carrefours immenses et toujours vides pour finir dans la ville où l'on se sent un peu ...observés et différents. On ne verra pas d'autres touristes comme nous durant tout notre séjour ici. On arrive donc, en fin d'après-midi, sac sur le dos pour trouver un hôtel.  La vieille ville de Lizhuang repose au bord du fleuve Yangzi et propose une architecture des dynasties Ming et Qing, qui me rappelle Langzhong en plus petit...et en beaucoup moins touristique.  Dans la rue qui borde le fleuve, plusieurs hôtels s'alignent. Le premier n'est pas avenant, le second ne veut pas de 2 hommes dans une même chambre ( il faut dire que tous les hôtels de Chine proposent des préservatifs dans le mini bar...),le troisième sera le bon . 4 ème étage, lampions aux fenêtres, et vues imprenable sur le fleuve Yangzi qui coule à quelques mètres de là. Avec l'obscurité du soir qui arrive,  l'ambiance est pour moi terriblement exotique. Le village est très authentique, du moins en cette saison. 

Lizhuang




L'éclairage public est vraiment limité, la plupart des locaux se déplacent avec des lampes ou dans le noir.  Les stands, les parasols sur l'esplanade du fleuve sont fermés. Il règne une atmosphère de hors saison. Alors on va se promener dans l'obscurité, scrutant les berges. Quelques bateaux sont amarrés et j'observe les petites barques si caractéristiques des marchés du sud est asiatique. Parfois un gros bateau passe mais l'endroit est très calme. Sur l'autre berge seule quelques maisons sont visibles.  Le Yangzi propose ici des écueils aux bateaux, une sorte de sémaphore est allumé sur la berge. A ses pieds une règle géante mesure les crues du fleuve. 14 mètres à son maximum, il déborde alors sur la place du village.  Nous arrivons sur une immense place  qui ressemble à un stade. Le genre de place où l'on s'attend à voir défiler l'armée nationale en parade.  De  nombreux jeunes font du sport (volley ball, gymnastique) dans la pénombre. Quelle ambiance !  Plus loin une trentaine de femmes font de la danse sur une place. Nous arrivons à la fin. Elles se séparent et en 3 minutes la place, au préalable si animée, devient déserte et silencieuse.  Nous cherchons et trouvons à manger, assez tôt car on soupçonne les magasins de fermer tôt vu le nombre de chalands. De toute façon il fait trop noir, on ne voit plus  rien. 

Me voilà dans ma chambre  d'angle, la télévision allumée sur des films historiques chinois en costume, transporté dans l'histoire et dans la géographie de mon enfance, au bord du Yang Tsé Kiang, comme je le lisais sur les atlas d'alors.  Une nuit de Chine comme on se l'imagine.

Lizhuang


La vieille ville au bord du fleuve

 Tirer les rideaux et voir le fleuve Yangzi s'écouler dans le calme du matin est un grand privilège pour moi. Tout le reste de  la matinée sera baigné dans ce sentiment de calme, la journée sera heureuse et exaltante. Chacun de notre côté, à des rythmes différents nous allons arpenter la petite ville avec un grand plaisir. Je commence par aller poster mes cartes postales dans la petite poste locale. Mine  de rien , ce simple geste est ici une découverte. Expliquer au postier que je ne sais pas dans quelle boite les déposer est déjà  amusant. Tous nos codes sont à revoir. Il est drôle de voir que même avec une tablette, avec les mots en chinois devant leur nez, ils ne comprennent pas ce que l'on veut dire. Peut-être qu'un mot chinois n'a pas de sens sans le reste de la phrase ? Je ne sais pas mais dès fois c'est ahurissant. 

Lizhuang


Comme quand nous n'allons pas pouvoir faire comprendre au restaurateur le mot riz. Je vais même dessiner une mare, la plante, le grain à taille réelle. Rien ! Même Paris, France ne leurs disent rien. C'est la barrière ultime de la compréhension verbale. Mais je ne critique pas. C'est une incompréhension réciproque et partagée.

Je poursuis ma visite au milieu des échoppes, ouvertes ce matin, dans une ville plus animée qu'elle ne l'avait laissé présager hier au soir.

La ville est un peu comme Langzhong mais en beaucoup moins fréquenté, en plus authentique encore.  Je passe donc ma matinée à m’exalter, observant les petits vieux et les petites vieilles devant le pas de leur porte. Les espaces étant très réduits en Chine, ils sont obligés de sortir pour ne pas imploser. Je m'en doutais mais le cliché du commerçant chinois vivant dans sa boutique, nuit et jour, n'est pas si éloigné de la réalité. Combien de fois a -t-on vu le petit lit et les armoires derrière une rangée de l'épicerie ? Les petits vivent et joue au milieu des pneus du petit local de bricolage. Quel  horizon ont ces gens ? La Rue et ensuite ?  Dans Lizhuang les gens nous saluent, souvent. Nous sommes les seuls caucasiens  du site, on aurait vu les autres, pour sûr.  On se sent observés, un peu l'attraction. Comme quand on commande au restaurant, c'est toujours la rue qui nous aide. Il faut trouver un jeune qui comprend trois mots en anglais. Je trouve ces ambiances exaltantes.  On se régalera d'un jambon coupé finement au hachoir, de riz...un peu moins d'une sorte d'île flottante (du tofu?) qui m’écœurera vite.  Et les vendeuses seront encore une fois très sympathiques. 

Lizhuang et le Yangzi

Dans les rues de Lizhuang, on vend des pâtisseries, des colliers et des objets en bois, des pantoufles, mais dans le calme, bien loin de Ciqikou ou même les rues principales de Langzhong.  Je m'essaye pour le désert  à un petit gâteau rond cuit sur une plaque tournante.  Il s'agit d'un gâteau salé fourré au piment et à la viande...C'est une loterie, à  chaque fois. Excitant. Pour l'instant on gagne.  Mais la banque se rattrapera bientôt.

La vieille ville mérite qu'on y passe du temps. Nous n'avons qu'une matinée, c'est un peu juste. Sur la grande esplanade qui sert de stade, un employé municipal travaille, deux mamies se promènent, le calme règne. De là   j'observe les berges du fleuve, non bétonnées, et cultivées. Les paysans trimbalent dans deux paniers suspendus à un bâton en équilibre sur leur omoplate  le produit de leur récolte. Sur le fleuve passe des petites embarcations sorties des vieux films des années 50  (revoir « La canonnière du Yang Tsé »). Je retrouve le même sentiment que celui que j'avais laissé sur les bords du Nil. Ces fleuves millénaires nous emportent dans un courant d'histoire. Je rêve maintenant de voir le Mississipi par exemple ou l'Amazone dont je n'ai  connu qu'un de ses lointains affluents.

De nombreuses marques dans une rue de la ville montre les crues du fleuve. Elles semblent incroyablement hautes, plus de 14 mètres !

Un peu à l'ouest de la partie ancienne, je me promène au bord d'une sorte  de marécage plus ou moins cultivé. J'y observe les petits canards en train de manger une sorte de mousse verte à la surface de l'eau. Quand ils veulent en sortir, une mamie les y repousse en me faisant comprendre qu'ils vont grossir.  Il doit y avoir un menu spécial dans ces mares.

Lizhuang

La ville possède aussi de nombreux sites à visiter. Je rentre dans le Dongyue Temple, un peu au hasard. Le ticket coûte 20 yuans et ensuite il me suffira de le faire tamponner pour entrer dans les autres endroits de la ville. Durant la guerre contre le Japon (1940-1946)  l'université Tongji de Shanghai s'est vue délocalisée en plusieurs endroits pour finir à Lizhuang. Dans ce temple se trouvait le département de technologie et d'ingénierie. Il y est exposé de nombreux ouvrages utilisés par les élèves ingénieurs de l'époque ainsi que leurs réalisations. Quelques mannequins illustrent l'enseignement, la lutte des étudiants, les conférences qui se déroulaient à l'époque.

Dans un autre édifice de la ville je visite une exposition sur l'histoire du fleuve Yangzi. Navigué depuis 7000 ans il est évidemment  incontournable dans l'histoire économique du pays. Je suis marqué par les photos de ces hommes et femmes nus qui tractent les barges dans les endroits difficiles.  La vision des campements, des villes en bord de fleuve vers 1910 n'inspirent qu'un mot : insalubrité et inconfort.  Certains appartements entraperçus durant ce séjour ne sont pas  pourtant si éloignés de ce que l'on s'imagine  pour cette époque. La télévision à écran plat est bien là, mais pour ce qui est des sanitaires, des chambres, du sol  et des meubles, cela reste souvent sommaire.

Lizhuang

Dans le Zushi Palace, construit en 1833, se trouvait le département de Médecine de l'Université Tongji. A  noter dans l'arrière cours, les habitations  modestes, les linges pendant aux fenêtres, les bruits de télévision, de raclements de gorge ou  crachats.   Je m'y déplace discrètement, je ne suis pas à ma place.


Dans Xizi Lane( photo ci-contre) , une rue étroite de 2,5 m et de 60 m de long, les maisons à l'architecture typique en bois , semblent se toucher par leurs toits. Pas un bruit. Juste un marchand de livre est ouvert.


Le temple Yufo recueille pour midi un grand nombre de vieilles personnes. Peut-être, comme en Inde, y -a-t-il ici un service d'aide aux plus pauvres ?  Comme toujours, odeurs d'encens, calme et sérénité, couleurs et symboles.

Lizhuang

Je quitte Lizhuang enchanté, charmé par ce petit bout de Chine au bord de son fleuve. Et quel plaisir de découvrir encore de tels endroits sans aucune présence touristique, pas locale, celle qui dérange, celle qui nous montre tels que nous sommes, avec nos sac à dos, nos appareils photos et nos nez en l'air, nos cartes en mains. C'est la seule solitude acceptable et souhaitée. Deux amis au bout du monde. Et pas une autre goutte d'occident dans cet océan d'orient.

 
Nous trouvons rapidement un bus pour Yibin. Dans celui-ci je note la présence d'un petit vieux avec son sac traditionnel  tressé à partir d'un végétal inconnu, en forme de cylindre plus évasé dessus et sans couvercle. On en a vu beaucoup dans cette partie du pays. Le conducteur crache  et crache encore. Le bus est miteux, un local nous salue et nous explique parfois quelque chose, sans qu'on n'y comprenne rien.  Le bus passe par une route plus sauvage qu'à l'aller. Les rizières défilent,  le vert est partout, la musique à la radio est belle, je me sens profondément à cet instant dissous dans mon voyage, heureux d'être là et savourant chaque bouffée de cette atmosphère si exotique.

 
A Yibin , nous trouvons facilement un bus pour Changning, un minibus plutôt où je me plie et où je prie pour ne pas être pris de panique claustrophobique. Dans l'air des bus chinois, un somnifère se répand. La musique est douce, la conduite aussi et comme souvent, tout le monde dort ! Ou alors bosse-t-il beaucoup ? Possible.

Photos



Le lien vers les  PHOTOS  de Lizhuang. 





La VIDEO sur LIZHUANG.


LA MER DE BAMBOUS

Changning, la Mer de Bambous

Arrivée à Wanling


A Changning, un dernier bus nous emmènera dans la Mer de Bambous. C'est un célèbre site chinois, il servit de première image au film promotionnel des JO de Pékin en 2008 et de lieu de tournage de nombreux films dont  le fameux Tigre et Dragon. L'ambiance est bonne dans ce bus, tout le monde semble se connaître, et cela rigole souvent. La route est belle, serpentant au milieu de tous ces bambous. On longe une rivière ou est-ce un lac ? On se sent dans une végétation plus proche de celle de l'Asie du Sud Est, plus exotique que dans les environs de Chengdu.  Le bus nous laisse devant la porte d'entrée, appelée Southern en vraie et West Gate sur les cartes pour que l'on puisse acheter le billet d'entrée (cher, 110 yuans) puis  s'en va sans nous. On visite le Tourism Center,  grande coquille vide, comme souvent ici, dont on ne tire aucune informations. Une dame nous propose ses services mais on préfère marcher jusqu'au village proche de Wanling. 1,1 km agréable dans la fraîcheur de la forêt de bambous, longeant un ruisseau. Le village n'est pas bien grand. Le premier hôtel sera le bon. Très confortable avec de supers lits et une vue très originale sur la forêt. 400 yuans pour 2 nuits, avec petit déjeuner.

Le village n'a pas grand-chose à offrir. Quelques hôtels et des restaurants, un boucher, des épiceries.  Il y fait frais le soir. Et c'est un village qui se couche tôt. On refusera les menus des restaurants pour préserver la bourse de Thierry. Dans une gargote notée C en hygiène, avec un smiley rouge grimaçant (soit le plus bas niveau)  nous mangerons une bonne soupe de nouilles avec des bambous et des champignons.  Pas de cartes, pas de photos, alors on mime, on sort encore la tablette.

Elle nous servira encore longuement pour négocier un chauffeur pour le lendemain. Cela marchait pas mal jusqu'à ce qu'on demande à quelle heure finissait le tour guidé. Et là, cela a bloqué...Coup de téléphone à une anglophone, mais on ne comprenait toujours rien.  On verra demain. Idem à l'hôtel. Combien de plats désirez-vous pour le petit déjeuner ? Nous montre la jeune employé sur son smartphone. Que répondre ? On va encore tous ramer et ramer pour comme souvent dire... « On verra demain... ». Façon de botter en touche.

Changning, la Mer de Bambous

La visite de la Mer de Bambous

 Pas si compliqué que  cela de passer une très belle journée dans le parc. Nous nous dirigeons vers le plus grand parking du village vers 9h30 et nous y trouvons la dame de hier soir avec qui nous avions longuement conversé. L'affaire est vite pliée, de toute façon la visite est impossible à pied, il n'y  a pas de location de vélo ni  de mobylette. Nous voilà parti pour un tour très complet du parc. Franchement,  on en a eu pour notre argent (20O yuans) et à la différence de certains tours dans d'autres pays on ne s'est pas du tout fait arnaqués sur les promesses. Trop souvent, une fois dans la voiture, les programmes fondent comme neige au soleil, les sorties de 1 h dans la jungle à dos d'éléphant deviennent 20 minutes en bord de route etc... Elle nous a vraiment laissé maître de notre rythme, ne nous forçant jamais à rejoindre la voiture pour rentrer au plus vite. De 9h30 à 17H nous allons  en voir beaucoup. De quoi rentrer repus à l'hôtel.


Changning, la Mer de Bambous

La Mer de Bambous est un parc vallonné ou rien n'est droit. Les routes sont sinueuses  et étroites mais agréables car il n'y a pas trop de monde (encore aucun touriste comme nous) . Le parc doit faire  environ 10 km sur 12 km mais il y a de quoi passer une grosse journée au moins, sans problème.

Voici la liste des sites visités, pour chacun on vous poinçonne votre ticket. Il y a dans le parc des tas d'endroits pour manger, même sur les sentiers. C'est un parc national à la Chinoise, et ici on peut construire et vivre un peu normalement il me semble. Les sites sont très propres grâce à des armées d'employés qui balaient et nettoient.

 
-Le  pavillon Guanyunon :
 Point de vue  sur une mer de nuages, avec des collines lointaines qui se détachent. Pas évident d'avoir la visibilité souhaitée. Il reste les photos pour imaginer.

-L'Emerald Gallery ( photo ci-dessus) :
Une route pavée au milieu d'une arche de bambous. A parcourir à pied, c'est très court. Très beau, et en plus tranquille. Je m'amuse de la stèle montrant où un  président  a pris une photo en 1999.  Par contre dès que l'on quitte le corridor, on retrouve les grands parkings et les mêmes commerces que partout dans le parc.

Changning, la Mer de Bambous

-La tour Guanhai :

D'une hauteur de plus de 35 mètres elle ressemble un peu à une pagode.  Bien tranquille, on y sera seuls, et elle permet une vue panoramique sur le parc.  On aperçoit juste en dessous un téléphérique qui permet de surplomber la forêt (tout le monde n'a pas les pouvoirs vus dans Tigre et Dragon)  mais nous ne le prendrons pas (75 yuans)

 
-Le temple du Dragon Chant(?) (photo ci-contre) 

Un immense édifice parfois un peu décrépi qui surplombe la plupart des collines environnantes. Un immense parking vide, des escaliers aussi larges que raides et longs, nous voilà partis pour une petite grimpette. Là-haut beaucoup de salles dédiées aux divinités, la plupart nous sont inconnues. L'encens brûle , deux ou trois moines sont là pour la forme mais le lieu semble un peu éteint. Je me demande quel est le pouvoir de ces lieux sur les gens en 2017. De la plus haute des tours on embrasse un panorama encore plus vaste que celui de la tour Guanhai.

 Mer de Bambous, grottes Xianyu

-Le lac Xiannv :

La guide nous dépose pour une promenade d'environ 2 heures. Nous partons à pied dans la forêt de bambous pour rejoindre un lac sur lequel on peut naviguer dans de frêles embarcations. En cette saison, en semaine, je ne pense pas que le chiffre d'affaires soit remarquable. Nous sommes quasiment seuls et nous n'empruntons que le petit bateau à traction manuelle qui nous fait traverser sur l'autre bord pour 6 yuans. De là nous marchons vers la crête de la « montagne » d'où un air chaud et humide nous surprend. Début novembre et on marche comme en été, sur un sentier à flanc de falaise  vers les grottes Xianyu, autrefois lieux prospères du bouddhisme et du taoïsme. Sur le chemin des vendeurs proposent des champignons séchés tous inconnus pour nous. On s'arrêtera manger en route. Je vais choisir le pire plat je crois depuis des décennies. Une sorte de pâte blanche gélatineuse trempant dans un vinaigre. Sur la photo cela semblait bon, je pensais à des pousses de bambous, fondantes et tendres. Au bout de 10 bouchés j'ai compris qu'il fallait que j'arrête sous peine de vomir.  C'est un sentiment rare d’écœurement. On se perdra ensuite, remontant une route bien raide vers le parking pour saluer la guide et repartir en sens inverse. La visite du site méritait l'effort. A flanc de falaise, parfois au milieu de petites cascades, se trouvent des statues sacrées, parfois de taille imposante.  Et toujours de la place, malgré les lieux exigus, pour les vendeurs. Au menu : brochette de ver et de scarabées. On prend la pose avec un groupe de chinoises pêchues, on observe les superbes vues et on suit les cadenas laissés par les amoureux qui n'ont pas les moyens d'aller à Paris.

Forêt de bambous, SICHUAN

-la Colorful Waterfall :

Une belle série de cascades assez impressionnantes dans un beau site. On y accède  par un sentier humide offrant de belles vues sur les chutes. Au-dessus d'elles un petit lac que l'on traverse sur une petite embarcation tractée par des cordes reliées à un moteur.  Quelques pêcheurs profitent du calme des lieux.  Le déversoir du petit lac est particulièrement joli avec sa série de cascades.  Ce petit lac est lui aussi en dessous d'un plus grand avec un déversoir du même type.  Sur ses berges, encore un temple et quelques bâtiments. Un bel endroit.

 -Yingfengwan Scenic Scene :

Un autre lac pour faire du bateau. Rien de bien spécial.

 -La vallée Wangyou :

Une promenade d’une heure environ pour voir une série de cascades dont les dernières sont très jolies, dans un endroit vert, calme et serein. Thierry s'amuse à taper sur des bambous et cela lui va bien.

-Le musée de la forêt des bambous :

Assez vieillot avec de grandes salles remplies d'objets en..bambous. Pauvre oiseau noir qui, on ne sait comment, s'est retrouvé prisonnier dans une des vitrines et qui volette apeuré. On se demande comment ils vont le sortir de là...et dans quel état.

Changning, la Mer de Bambous

Une très belle journée dans un beau parc et un tour très pro et agréable.

 Pour manger ce soir dans la ville quasi déserte on trouvera une petite gargote dont on sera les seuls clients. La patronne appelle sa fille à l’étage, elle appelle son ami, puis le père arrive ...On est chouchoutés car la recette du soir passe par nous.  On allume la plancha et les fourneaux et madame se met à cuisiner. Une sorte de crêpe avec un œuf, des nouilles aux légumes et aux champignons. C'est bien bon, copieux et l'ambiance est super. Et toujours le plaisir de consommer simple dans des endroits on ne peut plus authentiques.  Avec une carte tout en chinois, sans aucune photos. Juste en discutant  et en jetant un œil au congélateur et au frigo. J'aime donner mon argent à ces gens là. Il est utile.
 
De retour à l'hôtel on veut juste savoir si il y a un bus direct pour Chengdu demain. Mais rien n'y fait, la patronne et sa fille (ou son employé) ne comprennent pas le nom de la capitale de la région quand elle est prononcée par un français.  On reprend tablette et smartphone et on y arrive enfin. Grosse rigolade de voir Thierry en train de galérer avec son traducteur numérique parlant tout en se débarrassant d'un chien très excité accroché à sa jambe.  Ne pas être pressé, le moindre tout petit détail prend beaucoup de temps. J'imagine en cas de problème ou pour une urgence. C'est un pays où il faut anticiper. Mais tout cela  nous faire rire et apporte beaucoup de charme aux rencontres.

Photos



Le lien vers les  PHOTOS  de la mer de bambous. 





La VIDEO sur la MER DE BAMBOUS.


RETOUR A CHENGDU

La Mer de Bambous

Notre dernière expérience de la Chine des campagnes se fera dans la rue de Wanling, où nous allons attendre un bon moment notre bus pour Changning, la ville la plus proche. Nous sommes là, plantés devant les boutiques des commerçants. L'épicière et son fils nous saluent, le couple tenant le restaurant de  hier soir aussi. En fait en 2 jours nous reconnaissons déjà pas mal de têtes et nous ne passons pas non plus inaperçus.   Les commerçants attendent dehors, en tricotant, en se déplaçant chez les voisins, laissant la boutique libre à tous les vents,  mais de vente on n'en verra pas beaucoup. Une dame va rendre visite à la bouchère qui surveille avec son balai les morceaux de viande accrochés à l'air libre de la rue.  Acheter sa viande ressemble plus  à une visite qu'à un achat à l'occidentale. La cliente tâte et retâte les quartiers de viande .La bouchère en taille un morceau puis le passe au chalumeau devant les enfants, peut-être pour une histoire de désinfection. Mais la cliente s'assoie et puis des passants font de même. Elle y passera un bon moment à discuter le bout de gras. Le coiffeur semble s'endormir, une petite vieille aux cheveux tout blancs passe la tête à la fenêtre, au premier étage, mais n'a plus la force peut-être de descendre. On attend longtemps si bien que les restaurateurs viennent nous aider. Il s'en suit un dialogue de sourd. Ils nous répètent des mots, nous les écrivent sur un papier, on ne comprend rien. Ils nous montrent ici puis là-bas. On veut savoir dans combien de temps passera le bus, alors on pointe notre montre. Le gars dit « ahah » mais il ne comprend rien non plus. Le réflexe de montrer le poignet en Europe n'a pas de sens ici. Tous nos codes sont inutiles. On mime le bus, l'avion même. Dans le bus enfin on rigolera bien quand la dame s'occupant des tickets nous tendra un stylo pour écrire la destination sur un bout de carton où déjà 2 personnes ont dessiné les endroits où nous devrions aller.  On dirait  un code antique qu'on nous demande de déchiffrer. Et nous qui répétons Changning, et eux qui ne comprennent pas. Il nous manque la pierre de Rosette.

On en rigole, on veut juste partir, on verra bien où on arrivera.

Chengdu

Une fois à Changning, rebelote. On se laisse accoster par des rabatteurs devant la gare. « Chengdu ? », oui ils ont cela. On ne comprend trop rien et prudent on demande à voir. On suit alors le gars vers une ruelle parallèle à la gare routière, pour attendre avec lui. Un jeune lycéen vient nous aider à comprendre mais à par «  you can't e-phone ? » il ne nous sert pas à grand-chose. On hallucine car on ne peut pas arriver à demander à quelle heure sera la bus, ni même si cela sera un bus. En voilà un qui arrive, le gars nous demande de l'argent avant de rentrer dans le bus, et il nous refile deux pauvres tickets. Mais le chauffeur refuse ce trafic là malgré les insistances du pauvre gars qui voit partir son business. On récupère vite dans sa main les 200 yuans pour abandonner l'affaire. Lui n'abandonne pas, il nous suit jusqu'au taxi, tente de le raisonner...On ne comprend trop rien et demandons la gare routière des bus longues distances. Alors le taxi suit le bus, appelle le conducteur et négocie avec lui. Et voilà le bus qui s'arrête sur la voie rapide, le chauffeur qui descend et on nous demande de payer...Oui, mais combien ? Dialogue de sourd,  un vrai sketch d'autant qu'on paiera...le chauffeur de taxi. Et rien pour le conducteur du bus. On se retrouve dans un bus plein pour Chengdu, sans ticket et sans passer par la gare routière. Original. Un peu stressant ni très rassurant mais bon, cela semble passer et le prix est celui indiqué sur notre Lonely Planet alors... On  a sûrement gagné un peu de temps. L'arrivée à  Chengdu par le sud est impressionnante tellement la ville est vaste. On remarque des bâtiments énormes comme le centre commercial Global Center où nous étions. Je n'ai jamais vu une structure aussi imposante. Et les immeubles défilent et défilent encore. Nous arrivons dans une gare routière inconnue, on y prend un bus allant vaguement dans notre direction puis on patiente dans les bouchons. Un coup de métro et on sera dans notre hôtel à la nuit soit une journée entière pour venir de la forêt de bambous.

Nous passerons la dernière soirée dans les boutiques de souvenirs et dans le quartier de Chunxi  où l'on découvre un véritable village de boutiques dédiées au luxe, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. . Il y a même une boutique Repetto, bien de chez moi dans le sud-ouest.  Je me dis que la France paraît minuscule par rapport à l'ogre chinois. Tout ici est tellement à une autre échelle. Retour en taxi , hôtel confortable, transport en commun le lendemain matin, queue à l'aéroport et vol pour la  France, via Amsterdam.  Fin du voyage.



Photos



Le lien vers les  PHOTOS  de la gastronomie du Sichuan. 





CONCLUSION

Sur les murs de Chengdu


Je pensais vivre ce voyage comme une expérience, comme une prise de médicament pas forcément agréable, mais souhaitable pour  me soigner de mon autocentrisme français. Un mal diffus dont je ne pense pas trop souffrir mais on ne sait jamais...le voyage est une assurance santé, une mutuelle, une piqure de rappel, un vaccin contre les fièvres (jaune ?)  et les colères qui nous animent trop souvent. Je voulais me  sentir à ma place  dans ce Monde, je voulais voir où on en était vraiment en France dans ce flux mondialisé.   On peut très bien se sentir bien dans son quartier de Monde, dans notre vieille Europe, dans notre tout petit pays, sans saluer ses voisins.  On peut les observer de derrière sa fenêtre, de derrière ses écrans et s’en faire une idée de seconde main. Mais j’estimais  que 20% de la population mondiale méritait bien une visite, de courtoisie du moins. Pour saluer, le sentiment du  devoir fait sans vouloir forcément garder de lien, puis rentrer.  Je n’avais pas une très bonne image des chinois : des commerçants acharnés, des touristes en masse pressés comme de la Chine, 176 ème pays pour la liberté de la presse sur 180, peine de morts et purges passées. Je me disais que 2 semaines passeraient vite en cas d’ennui.  « C’est la dose qui fait le poison » écrivait l’alchimiste Paracelse. La Chine à petite dose m’a fait beaucoup de bien et j’ai adoré ce voyage, au-delà de mes attentes.  C’est un bien être  que j’adore retrouver dans le voyage, quand on n’attend rien ou presque, qu’on ne sait rien d’un endroit et qu’il se révèle bien plus intéressant que les grands clichés du tourismes mondial, que les sites courus et reconnus par les voyageurs du monde entier.  Nous étions seuls en Chine, c’est très rare en 2017. Se sentier dilué dans une masse orientale sans se raccrocher ni suivre ses contemporains caucasiens, c’est rare sur un voyage aussi court, ne demandant pas de partir à l’aventure loin des sentiers battus. Nos sentiers l’étaient ...mais par des Chinois, cela change tout. Le sol est alors plus meuble et la marche plus confortable. On ne se suit pas, on marche  simplement et la nuance est importante.  La modernité de la Chine m’a marqué, peut-être présume-t-elle de l’avenir proche. La croissance effrénée, la démesure, la population rivée derrière ses smartphones, tout cela m’a inquiété. Mais le fleuve Yangzi coulait à son rythme, les pandas mangeaient des bambous, les gens souriaient, les vieux jouaient aux cartes dans les rues en buvant leur thé alors je me suis dit que la progression  chinoise était comme la nôtre,  avec des accélérations brutales et des coups de freins, mais à une autre échelle. « Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera » écrivait Alain Peyrefitte deux ans avant ma naissance. Elle s’éveille et s’étire c’est une évidence. C’était vibrant puis calme, exaltant et reposant, superficiel bien sûr autant que l’on peut l’être sur 2 semaines  mais voilà  bien  un traitement que je recommande  vivement à tous.  Il éveille ...puis inquiète. C’est là tout ce que je cherche.  


LA CHINE (enfin un tout petit morceau) en 5 coups de cœur :

-La tranquillité et l'ambiance des parcs de CHENGDU

-La CHINE ancestrale et le calme de LANGZHONG

-La  démesure, les contrastes et  l'agitation  de CHONGQING

-Suivre le cours de l'histoire et du fleuve Yangzi dans la vieille-ville pittoresque de LIZHUANG

-Arpenter la forêt, naviguer sur   les lacs, visiter les temples et  admirer les cascades de la MER DE BAMBOUS de SHUNAN

 

LE POUR : la gentillesse des locaux, l'exotisme, la curiosité réciproque des échanges,  les contrastes et la démesure des mégalopoles, les clichés de la Chine ancestrale, une culture vraiment différente de la nôtre, un coté zen très souvent

LE CONTRE : la barrière de la langue, la possibilité de tomber sur un plat immangeable, la nourriture pas si simple à appréhender