COTENTIN: Cap de la Hague et Cherbourg
Une semaine de vacances en Normandie, dans le Cotentin, en février 2022.
Je rêvais de neige et d'Irlande. Les deux projets n'ont pu aboutir, alors j'ai proposé le Cap de la Hague, suite à une émission à la télévision qui m'avait interloqué. Pouvait-il exister une petite Irlande en France? Les images semblaient répondre "oui". Mon projet fut accepté au dernier moment, 2 jours avant, une habitude quand je pars en famille. Nous voilà partis pour une longue traversée de la France, direction la Manche.
PARCOURS:
Nous avons passé la plupart de notre temps à la toute pointe, autour du Cap de la Hague . Un peu de route des caps aussi et une visite particulièrement intéressante à Cherbourg pour la Cité de la Mer et ses parapluies.
NIVEAU:
Dans l'ensemble assez facile et très bien balisé, le sentier des douaniers convient à tout le monde. Attention à ne pas prévoir trop long car les détours sont nombreux pour explorer les criques, les animaux...Marcher sur les galets ou le sable, qui plus est sous le vent, rend les kilomètres un peu plus longs que prévus.
ORGANISATION:
Avec deux voitures, facile d'avancer sur le sentier. Il faut juste un peu de temps pour l'aller et le retour.
JOUR 1 : En route pour le Cap de la Hague
Qu’il en faut, du temps pour rejoindre la pointe du Cotentin ! Paysages mornes entre Angoulême et Tours, station d’autoroutes et péages. Nous finissons par ne plus pouvoir avancer, La Hague pointe son nez et ses fortifications industrielles. Un immense centre de retraitement des déchets nucléaires, à l’allure d’un aéroport ou d’une skyline chinoise dans la brume, et le GPS qui affirme que nous sommes à 1 km du but. Inquiétant. Et puis tout change en un instant, plus rien sauf la mer et les près verts. La « petite Irlande » puisqu’on l’a nomme ainsi se découvre d’un coup, au détour d’un virage. Notre gîte se trouve au lieu-dit Merquetot, un peu après Jobourg, un petit hameau aux maisons rustiques chics avec beaucoup de cachet.
Pour nous, une ancienne étable en pierre rénovée avec goût par les charmants propriétaires, des agriculteurs qui nous fournirons le lait et les conseils pour survivre en pleine tempête. Eunice vient de passer et le vent souffle à 105 km/h. Je me retrouve sur l’île d’Eigg, au nord de l’Ecosse. La BBC à la radio, l’île d’Aurigny à 8 km devant nous, la baie d’Ecalgrain et la mer depuis nos fenêtres, je suis transporté, loin de la France. Je sais déjà que je vais aimer cet endroit.
JOUR 2 : Autour de la baie d'Ecalgrain
Malgré le temps incertain et le vent violent, nous programmons deux sorties pédestres. La première nous conduit depuis la maison vers la baie d’Ecalgrain, environ 1 km en contrebas. Un bout du monde, sans touristes, avec pour seule compagnie les vaches et quelque agriculteurs au travail. Petite route empierrée puis sentier plongeant dans les genêts. Vues magnifiques sur la mer et la côte découpée. Je ne connais pas l’Irlande mais je m’y croirais, définitivement à l’aise dans ces écosystèmes. La plage est très grande, recouverte de gros galets et quasi déserte, seul un camping-car sommeille sur le parking. Nous poursuivons vers l’anse de Culeron et le Nez des Voidries. Depuis le bord des falaises, nous tenons l’équilibre face aux bourrasques. Peu d’oiseaux mais ce n’est pas la haute saison de l’observation. Le fort courant au large empêche la navigation, la mer se déchaînera seule. Un restaurant tient place au bord de la falaise, à côté de quelques antennes radar servant à étudier la houle. Le repas avec vue doit être fort agréable. Nous rentrons à pied vers la maison de Merquetot. Après le déjeuner, nous repartons vers le nord sur le sentier du littoral, direction Goury, toujours par la baie d’Ecalgrain où nous laissons la voiture. Très belle portion sauvage, sentier du littoral très agréable vers la pointe du Houpret. Je me crois en Ecosse. Vue l’heure tardive, Annie et les filles rebroussent chemin, nous poursuivons en accélérant le pas. Nous rejoignons la Roche, un petit hameau avec des très belles maisons en bord de mer. Des demeures exclusives, si rares par leur éloignement. Un luxe mais qui n’a rien d’ostentatoire pourtant, il faut juste aimer ce genre de solitude face aux éléments. L’endroit semble sortir d’un décor de film tant il est authentique et hors du temps. Tel est ce bout de France si loin de tout. Nous rentrerons sagement par des voies empierrées jusqu’à notre voiture laissée à la plage d’Ecalgrain (12.91 km, 3h49). Soirée cocooning devant la cheminée et le film Shazam.
JOUR 3 : Goury-Baie de Quervière
Après une très bonne nuit au son du vent, nous entamons la partie suivante du sentier du littoral : Goury-Baie de Quervière. Pratique avec deux voitures pour éviter de revenir en arrière mais assez chronophage tant les routes ici ne permettent pas ni d’aller bien droit, ni bien vite. Le petit hameau de Goury est un vrai bout du monde. Ce qui impressionne, outre le vent tempétueux et les vagues s’écrasant sur le phare, est la petite station de sauvetage en mer vraiment originale. Une sorte de tour cylindrique percée de deux rails, donnant sur le petit port ou vers le large. On aperçoit à l’intérieur le navire insubmersible prêt à l’emploi. Quelques rares maisons autour, un petit office du tourisme et un restaurant. Il n’y a pas plus au nord dans la région. Forcément très impressionnant et très original comme décor. On adore. Le départ est assez tendu sur un sentier de gros galets tant le vent est intense. Temps très beau par contre et très belle lumière.
Nous atteignons bientôt le sémaphore de la Hague, très bien entretenu et datant de 1860. 10 hommes surveillent en permanence l’activité maritime et aérienne du secteur. 10 000 navires passent ici chaque année. Au début du XXème siècle, des installations de transmission y étaient installées pour des essais de T.S.F. Le sentier alterne ensuite entre nez et pointes jusqu’au port Racine, célèbre pour être l’un des plus petits ports de France. Forcément mignon et photogénique. On remonte ensuite une très grande plage de galets, dans l’Anse St-Martin. Pas si simple et un peu monotone. Nous croisons enfin une personne ! Vers la pointe Jardeheu, un ancien sémaphore fait office aujourd’hui de gîte, un bel endroit pour des nuits originales. Le sentier longe la côte, entre prés et galets. Parfois une route goudronnée, perpendiculaire à la berge, se termine devant nous. Beaucoup de bocages.
Nous arrivons au port du Hâble, déjà fréquenté par les Gaulois et les Romains. Un goût de Nouvelle-Ecosse pour moi. Avec son petit vivier et son poissonnier, ses nasses vides attendant la mer, tout étant fermé. Un joli petit port, désert, avec deux restaurants en hivernage. J’adore et passerait volontiers une nuit dans une hypothétique pension de famille. En existe-t-il encore autre part que dans mes rêves ? Au loin, un semblant de muraille et un fort. Toujours aussi beau mais plus calme et moins dramatique que la côte ouest. Sentier un peu boueux avant la Cotentine, une grande ferme en ruine très bien conservée. L’odeur de l’herbe est intense, à nulle autre pareille dans le sud-ouest. Cela sent le Royaume-Uni, pour moi. Une odeur de bons souvenirs. Au large le ferry pour l’Irlande trace sa route et m’évoque la liberté. Il est mon lien vers le rêve. On doit avoir un nord pour sa boussole. Le mien est outre manche (11.39 km, 4h17).
Soirée confortable autour de homards et d’araignées, devant le feu et le gentil taureau Ferdinand. Le bonheur.
JOUR 4 : Cité de la Mer
Sous le soleil, la rade de Cherbourg impressionne par ses dimensions. Je n’avais jamais vu un tel endroit, avec cette barrière quasi continue de pierre et ses forts encerclant la Grande Rade de 1500 ha depuis le XIXème siècle. La route longe la mer, où une succession de bâtiments militaires se succèdent près de l’immense base navale. J’apprécie le caractère maritime et l’histoire de ces lieux. Le musée se trouve depuis 2002 dans un site incroyable, une ancienne gare transatlantique aux dimensions impressionnantes. Quant on sait que le Titanic a fait escale à Cherbourg, ainsi que Lindbergh en 1927, on imagine le pouvoir évocateur de l’endroit. Je me transporte alors vers Halifax, dont l’équivalent à l’autre bout de l’océan me saute aux yeux. L’immense quai semble d’ailleurs similaire à celui rencontré là-bas, au Musée canadien de l'immigration du Quai 21. Je referme le lien. J’aime les départs et les arrivées. Comme entre le Québec et la Colombie Britannique, sur deux voyages. Quand tu commences au début d’une route pour la finir lors d’un autre voyage. Un voyage avec retour, sans équivalent avec beaucoup de ceux qui usèrent leurs souliers sur ses quais si riches d’histoires. Un étage entier du musée est consacré au Titanic et à l’émigration. L’immense salle des bagages est un des endroits les plus remarquables. Des guichets en bois, un ovale en plein centre où les passagers venaient déposer leurs affaires, quelques films projetés dans une demi-pénombre illustrent le long voyage de ces gens plein d’espoir et de tristesse. En bougeant les bras,on peut même interagir avec les images qui défilent, pour en apprendre plus sur les conditions du voyage. Je reste longtemps absorbé par cette atmosphère.
L’exposition sur le Titanic, bien qu’un ton en dessous de celle d’Halifax, reste très intéressante. Quelques parties du navire sont reconstituées : cabinet de toilette de seconde classe, lit de première classe. Documents sur les cuisines, la conciergerie, les causes du naufrage. Des musiques aussi, des visages, de nombreuses photographies. Cette ambiance de transatlantique m’émeut toujours autant. Un temps de la découverte, le courage de ces gens, le luxe d’un temps révolu, de l’aventure lente et non connectée. Je trouve une pulsation de vie dans ces images que je ne retrouve plus dans ma routine numérique. Des objets reliques, des documents sur les menus du bord, une scène en hologramme depuis la salle de gymnastique du navire et surtout une fresque animée retraçant le trajet sur un grand écran en demi-cylindre. Le temps s’écoule et les messages d’alerte se succèdent. Peu d’effets spectaculaires mais une tension et un silence prenant. De retour de vacances, je dévorerai un livre entier sur le Titanic.
Le navire reposant au fond des mers, un étage entier du musée se consacre aux sous-marins. Parfaitement adapté. Le Redoutable, SNLE, ancien sous-marin lanceur d’engins, est à quai le long du musée. La visite est remarquable et aidée par un audioguide. Ce n’est pas courant de pénétrer dans le système de dissuasion nucléaire français. Salle des machines, tuyaux, lumière rouge, sonar, poste du pilote, zone des missiles, des torpilles, chambres des officiers et des personnels, cantine, la visite est très complète. Seul, avec un audioguide, on peut prendre son temps, toucher un peu à tout, et ressentir vraiment l’atmosphère de ce discret arpenteur d’abysses. L’expérience est réussie, pour tous. Des salles entières expliquent ensuite l’histoire et la construction des sous-marins au milieu de maquettes et de pas mal d’outils interactifs. Un simulateur très réaliste nous envoie même en mission, le manche en main. De quoi s’occuper.
Le reste du musée est consacré à l’océan et à ses habitants. De très beaux aquariums dont un principal, cylindrique, de plusieurs mètres de haut, rempli de poissons et de requins. Des méduses et des crevettes, des poissons pierre, des hippocampes. Un tas d’autres aquarium devant lesquels on peut passer un sacré temps à observer le comportement naturel, le plus souvent, de ces bébêtes. Des expositions sur la plongée sous-marine, sur les archéologues chasseurs d’épaves (Saint-Exupéry, phare d’Alexandrie), un endroit pour Jules Verne avec de magnifiques illustrations de ses œuvres, des informations sur la faune et la flore des profondeurs... Très intéressant si on évite la muséïte.
Il reste à dire sur le grand hall d’entrée, rempli de maquette à échelle 1 ou de réels engins d’exploration des profondeurs. Fascinant d’imaginer James Cameron ou Jacques Piccard atteindre le fond des océans dans ces drôles de boîtes. On ajoute une très bonne choucroute de la mer au restaurant du musée et voilà la recette d’une journée unanimement appréciée et très instructive. Le musée est un peu dépassé par d’autres, tant au niveau des expositions, qu’au niveau des aquariums, mais il demeure globalement très homogène, très agréable à parcourir avec ces 3 thèmes distincts et complémentaires. A noter l’absence de monde nous ayant permis de nous sentir parfois vraiment seul dans les salles. Un luxe de la hors saison. Soirée en Terre inconnue, en Corse avec Barbara Pravi.
JOUR 5 : Vauville-Nez de Jobourg
La maison tarde à se lever.Temps assez beau. L’étape du jour ira de Vauville au Nez de Jobourg. Nous commençons par une très longue et belle plage. La Manche prend des airs d’Atlantique ici. La berge, les galets, les près et les moutons nous éloignent vite de la lointaine Aquitaine. Avec plaisir, nous rejoignons le petit port du Houguet, très utilisé du temps de la contrebande de tabac au XIXème siècle. A peine 10 petits bateaux à l’abri et au sec, quelques petites cabanes, des nasses vides et une exclusivité totale. Le sentier pour y descendre est dangereux (et interdit par la mairie) tant l’érosion ici est importante et la falaise croulante.
D’ailleurs le coin ne ressemble pas vraiment à un port. Juste un petit chenal au milieu des rochers, une descente maçonnée (de 2020) et un système de remorquage bien rouillé. Le lieu n’en est que plus beau pour notre déjeuner. Les filles s’essayent à l’escalade, nous observons les cormorans. Le sentier devient ensuite plus sauvage et sportif. Des anses, des pointes propices à l’observation (notre premier phoque et des cormorans), des montées et des descentes. Une partie du sentier, vers l’Anse des Moulinets, longe une petite installation marquée du signe « danger nucléaire » ! Des sortes de rails qui partent vers la mer, avec des chariots qui transportent on ne sait quoi. Nous prenons notre temps et quittons le sentier pour une petite plage de pirates avec grotte à explorer, petites cabanes avec de vieux moteurs, des câbles et même des caisses remplies de matériel de plongée ! On s’y amuse à l’escalade et à l’observation de magnifiques galets polis. Le sentier devient encore plus beau vers le Nez de Jobourg. Quasiment personne, on se croit sur l’île de Rum. Sentiment d’être loin de France. Nous arrivons au sémaphore dans la pénombre. Au loin la centrale de Flamanville brille dans la nuit. Nous retournons au gîte avec toujours autant de plaisir. Soirée « grand classique du rire » avec « Les trois frères ». Nostalgie inconnue.
JOUR 6 : Baie de Quervière-Urville
L’étape du jour nous mène de la Baie de Quervière jusqu’à Urville. Le temps est assez beau et malgré une petite averse au cours du déjeuner, les éléments seront avec nous. Un peu froid et du vent quand même. Encore un levé tardif qui éloigne le départ en fin de matinée. Le programme n’étai pas établi donc nous avons beaucoup hésité sur la balade à faire. Les premiers kilomètres vers Landemer sont agréables, sur un sentier assez escarpé. Le ferry pour l’Irlande trace à l’horizon.
Au pied du hameau de Gruchy, nous passons proche de la maison du peinte Jean-François Millet, figure locale dont j’avais découvert l’œuvre à Boston. Il peint et aime son Cotentin. Des laboureurs, des côtes sauvages. Quelques panneaux lui sont dédiés en chemin. Un étrange mur posé devant nous s’avère être un amer. Plus loin nous rencontrons une cabane de douanier. De la gadoue un peut partout et un très beau point de vue, avec table et petit parking, avant de descendre sur Landemer. Nous cherchons où manger, rien n’est vraiment fait pour le randonneur.. Il y a bien un petit restaurant...gastronomique. Nous finirons sur de pauvres rochers en sortie du village, non loin du Manoir de Dur-Ecu, un beau château qu’on ne visite pas. Situé au pied d'une colline boisée qui domine la mer, sur la route côtière, il se situe sur l'ancienne route royale menant de Cherbourg à la Hague, qu'il permettait de contrôler dés le Moyen Âge.
De délicieuses spécialités aux pommes caramélisées, acheté à la boulangerie de Gréville-Hague, nous réconforte. Le paysage change, se rapprochant de l’image que j’avais de la Manche. Plus proche de la Belgique et de la mer du nord que de l’Irlande. Urville-Nacqueville est une station balnéaire classique, dans mon imaginaire, du nord, avec sa grande plage, parfois rocailleuse (dur pour mettre sa serviette) et ses maisons alignées en front de mer. Peu de monde hormis quelques courageux kitesurfeurs. La randonnée terminée (8.28 km, 2h54) nous ferons les courses à Beaumont-Hague avant de partir en voiture vers le cap de Flamanville par la route des caps. Un lointain souvenir du Cabot Trail, en Nouvelle Ecosse, que cette route parfois escarpée qui longe la pointe du Cotentin. La route est magnifique au-dessus de Vauville et de sa réserve naturelle. Des mares et des dunes, des oiseaux probablement. Du belvédère du Thot, en plein vent, nous surplombons la zone. Ces dunes me rappellent bizarrement quelques points de vue de la Vallée de la Mort. Peut-être car il n’est pas si courant de voir d’en haut un tel paysage. A Siouville-Hague, une belle et grande plage, quelques kitesurfeurs sortent de l’eau dans la pénombre. Courageux. Au loin se détachent Jersey, Guernesey et Aurigny. Un peu avant le cap, nous nous arrêtons au port de Diélette, d’où partent les liaisons maritimes vers ces îles. Un endroit moderne et fonctionnel. Un petit tour le long de la centrale électrique de Flamanville, forcément très éclairée et sécurisée, énorme, puis nous rentrons. Au final, une journée agréable, mais des paysages peut-être moins exaltants que ceux de la pointe de la Hague.
JOUR 7: Un tour à Cherbroug puis retour à Goury
Nous décidons de revenir à Cherbourg pour visiter le centre-ville. Nous nous garons dans la marina du Port Chantereyne pour une belle promenade sur la jetée. En face de nous, la Petite Rade, première ceinture de digues au travers desquelles arrive le ferry pour l’Irlande. Entendre les consignes de débarquement en anglais invite au voyage. La Cité de la mer est juste en face de nous, à moins de 100 m. Le port est moderne est bien rempli. Une visite de la basilique puis nous errons dans le centre. Sur les murs, des pancartes guident le visiteur sur les traces du célèbre film « Les parapluies de Cherbourg ». Je ne l’avais jamais vu. Je réparerai mon erreur dès mon retour. Alors après coup, c’est très intéressant de comparer le Cherbourg des années 60 et celui de 2022. La célèbre boutique est en particulier remarquablement évocatrice tant le coin n’a pas trop changé. Certes, plus de parapluies, ni de marchand de cycle, ni de marins à pompons dans les rues, mais la magie opère. Sinon, peu de beaux bâtiments remarquables mais une ambiance maritime dépaysante. Des rues de la soif, des bars underground, une vraie boutique de parapluie (hors de prix), des petites ruelles, des cours, une cale à bateau, un pont tournant. Pas le coup de foudre quand même.
Nous rentrons pour passer l’après-midi dans la nature, toujours impressionnés par cette immense rade que nous longeons pour la dernière fois. Un petit repas à la maison et nous fonçons à pied vers la baie d’Ecalgrain pour repartir à Goury. Le coin nous a tellement plu qu’un bis s’imposait. Le rythme est lent, on veut profiter. La vue est très dégagée aujourd’hui. Aurigny se détache nettement, la mer s’est calmée depuis notre dernier passage. Quelques marcheurs croisés cette fois mais rien de gênant. Le petit hameau de la Roche offre au regard ces quelques maisons uniques, loin d’être abandonnées. L’arrivée à Goury sous une lumière rasante est toujours un grand moment. Le petit restaurant est ouvert, certains dînent déjà. Le coin est désert. Difficile de quitter ce bout de France tourné vers la mer. Nous rentrons par la route et les chemins de pierre vers Merquetot (11,04 km, 2h59). Bien loin de là, la Russie envahit l’Ukraine.
JOUR 8: Le retour
Nous aurions bien aimé prolonger d’une nuit mais ce ne fut pas possible. Nous allons rentrer en musardant. Premier arrêt sur la plage de Vauville où nous attendrons un long moment Caroline partie explorer la réserve naturelle. Sur le parking face à la mer, quelques promeneurs de chiens, un camping car et un couple un peu fou qui se baigne longuement malgré le froid.
Nous longeons ensuite la côte jusqu’à Barneville-Carteret où nous déjeunerons sur un petit parking près de la plage, au dessous de la corniche. De très belles maisons et un bel endroit. Quelques petites cabanes s’alignent, des locaux sont là, dans leurs voitures, rien que pour profiter depuis leur siège de la vue sur mer. Longue descente vers le Mont-Saint-Michel que nous apercevons au loin avant de rejoindre les autoroutes jusqu’aux environs de Niort où se séparent les routes des Bordelais et des Périgourdins.
CONCLUSION
Un espace entre-deux, entre la France et la Grande Bretagne, où même les radios et les téléphones portables hésitent entre deux pays. Le Cap de la Hague, c'est comme arriver sur une île sans ferry. Juste une longue traversée de la France, un peu soporifique, pour découvrir, dans les tout derniers kilomètres, le lieu caché et y débarquer. Nous avons tous été surpris, dès les premiers instants, par la qualité des paysages, par cette ambiance de fin des terres, si loin de l'image que nous avions du Cotentin. Des gens très sympathiques, un superbe hameau comme base, la nature et la bouteille de lait devant la porte, le vent, la mer , les oiseaux, les plages et le sentier déserts, j'ai retrouvé là tant de souvenirs d'Ecosse ou du Canada maritime. Cherbourg fut aussi une bonne surprise avec sa rade incroyable, son passé cinématographique ou militaire et son très intéressant musée qui nous transporte au temps des transatlantiques et bien en dessous du niveau des océans.
Loin des remontées mécaniques, à bord du Titanic ou assis en première classe devant les îles anglo-normandes, dans un écosystème tout vert et si moelleux qui définitivement me parle, des vacances d'hiver iodées et très inspirantes.