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ESTONIE

Pourquoi la ESTONIE?

Partir en février en Estonie? Déjà...le fait de partir en Estonie tout court intrigue bon nombre de personnes de mon entourage. C'est pour beaucoup un pays lointain qu'on situe quelque part dans le nord de l'Europe mais dont on ne sait pas grand chose. Après la surprise, les commentaires redondants: " Tu vas vraiment avoir froid! ". Journées courtes, de nombreux sites fermés, neige et températures parfois glaciales...un lieu de vacances idéal. J'avais envie en ce mois de février d'ambiance " polaire ", comme souvent. Toujours plus attiré par le nord que par la chaleur. Louer une cabane en Laponie fut ma première idée mais le budget me refroidit un peu, alors je pensai à une cabane en Roumanie...mais le peu de transports en communs et les avis de mes connaissances roumaines m'en dissuadèrent. Envie aussi d'un petit pays, pour limiter les déplacements chronophages. Je pense alors aux rives de la Baltique, coin qui me laissa un très bons souvenirs dans mes périples allemands. Les 3 pays baltes sont au plus bas niveau tarif en cette saison, je vais choisir simplement en fonction du meilleur prix et des meilleurs horaires. Ce sera Tallinn. Ce voyage répond aussi à mon désir d'isolement. Depuis décembre, beaucoup d'agitation dans la famille et un besoin de calme, de quiétude et de temps pour se plonger dans quelques livres. J'attends une vieille ville sous la neige, des lacs gelés et une première approche probable d'un certain grand froid. Le billet acheté un bon mois à l'avance j'ai tout mon temps pour trouver une doudoune et quelques gentils hôtes pour me recevoir.

PLAN DU VOYAGE

Je suis parti seul pour environ 14 jours , du 19 février au 3 mars 2012.Peu pour faire le tour d'un si petit pays. J'ai du enlever la partie sud-est qui semblait pourtant intéressante mais trop éloignée d'un point de vue des transports en communs. Je n'aime pas revenir sur mes pas et j'ai donc opté pour un circuit circulaire, dans le sens des aiguilles d'une montre. Quelques jours à Tallinn ( 3) puis une soirée étape à Rakvere. De là je suis parti visiter le parc national de Lahemaa aux environs de Sagadi et Altja. Direction ensuite plein sud vers le lac Peipsi où je passe une nuit. Puis en route vers Tartu, la 2nde ville du pays . Passage à Viljandi puis étape à Parnu. Enfin Haapsalu( 2 nuits) et l'île de Vormsi ( 2 nuits). Un parcours varié avec des villes riches en musées et en patrimoine, des lacs, de la forêt, une île et les merveilleux rivages de la mer Baltique.

Voyage en Estonie

PERIODE :

Fin février -début mars. Au niveau du climat ce n'est pas la pire des périodes. La plus froide certainement mais pas la plus désagréable. Il semble que les mois de novembre et de décembre soient bien moins lumineux et plus tristes. Attention aussi à la période de dégel qui doit transformer les rues et les sentiers en bourbiers. Je suis parti équipé avec mon maximum: achat d'une doudoune en duvet, chaussures de randonnée, grosses chaussettes, collants, deux paires de gants et un bonnet. S'habiller comme au ski, tous les jours. Equipé de la sorte je n'ai pas souffert du froid. Mais il ne faisait pas en dessous de- 8°C. Deux semaines avant et c'était -30°C. J'ai eu de la grosse neige, un peu de pluie mais aussi du grand beau temps. Ne pas oublier les solaires!

Les routes et trottoirs sont quasiment partout recouverts de neige ou de glace. Ne pas imaginer pouvoir marcher en chaussures de villes. Pour les sentiers de forêts, des guêtres auraient été souhaitables ainsi que des raquettes.
Pour en savoir plus sur le climat et les bonnes périodes . Pour suivre l'évolution de la météo , vous pouvez aller sur Météo Consult ou sur weather, très pratique avec les webcams.
Au niveau de la fréquentation touristique...parfait. Je crois vraiment avoir visité le pays à la bonne période. En particulier à Tallinn où la vieille ville médiévale possède un charme fou avec ses toits enneigés. L'été ce doit être rempli de touristes . Dans le reste du pays c'est le désert. Seul touriste sur l'île de Vormsi, seul dans le parc de Lahemaa, seul quasiment partout. D'accord certains sites sont fermés mais les avantages de la solitude l'emportent haut la main. Je conseille donc vraiment cette période pour celui qui veut se dépayser. Plus généralement je commence à devenir convaincu des attraits de la hors saison. Nous ne voyageons pas pour nous retrouver à faire la queue avec nos collègues touristes. Vivre à contre courant.

NIVEAU :

Un séjour pas si simple à organiser. J'ai passé beaucoup de temps à trouver un itinéraire correct. Le guide Petit Futé n'est pas si directif que ça et il est peu aisé de savoir exactement ce qu'il est indispensable de voir dans le pays. Et puis il faut jongler avec les horaires de bus et les ferrys. Pas mal de travail donc pour visiter le parc de Lahemaa ou les îles de l'ouest. Quelques aptitudes à la randonnée semblent nécessaires pour se promener dans ces lieux, en hiver, en faisant sa trace sur des sentiers parfois effacés par la neige. Quelques aptitudes au stop aussi et beaucoup de patience ...à moins d'attendre des heures les hypothétiques bus qui sillonnent les campagnes. Du travail aussi pour trouver des hôtes en couchsurfing ou des hôtels quand il n'y en a pas. Une fois le gros du travail réalisé en amont la vie sur place est assez aisée. Le système des bus est moderne. L'accès en wifi disponible quasiment partout permet à l'internaute nomade de facilement se renseigner. La plupart des gens jeunes parlent anglais sinon il vous faudra comprendre le russe ou l'allemand. Vraiment aucun stress dans les transports (vides!) . C'est assez simple de trouver sa voie ou les lieux que l'on souhaite visiter. Sentiment de sécurité fort dans les rues. Peu de monde et ambiance tranquille. Pays moderne et vivant à l'européenne avec de bonnes infrastructures et peu de monde.


HEBERGEMENT ET BUDGET (2012) :

Le voyage m'est revenu à 715 euros pour 14 jours ( 220 euros d'avion+guide à 15euros+40 euros de transfert pour l'aéroport+ 430 euros sur place). J'ai eu un bon prix pour le vol avec Lufthansa.
J'ai du payer 6 nuits au cours de ce séjour ce qui a un peu gonflé mon budget. Il n'y avait pas de couchsurfeurs dans certains endroits reculés où je tenais vraiment à dormir. Je payais aux environs de 20 euros pour la chambre et le petit déjeuner. Rapport qualité prix très bons et de bons moments à chaque fois.
Le budget bus est assez faible, les distances n'étant pas très importantes. Souvent entre 4 et 8 euros. Je n'ai pris le taxi qu'une seule fois ( 8 euros pour 10km) et parfois le tramway à Tallinn ( 1.6 euros le ticket pris dedans en 2012, ce qui est assez cher). La taille des villes permet de tout faire à pied.
Un peu de stop, parfois très aléatoire vu le trafic, comme à Sagadi ou sur les bords du lac Peipsi.
Pour les musées les entrées sont autours de 1 à 5 euros. Je ne conseille pas les pass de l'office du tourisme. Pas possible d'accumuler 10 musées par jour!
Je mangeais souvent dans des snacks, pub ou petits restaurants. C'est un peu plus cher que dans mon précédent voyage en Bulgarie mais je pouvais bien manger entre 4 et 10 euros. J'ai aussi très bien mangé dans la guesthouse de Vormsi ou à Sagadi. Quelques achats dans les supermarchés mais peu dans la rue. Pas trop de stands appétissants pour grignoter.

Pour préparer ce voyage j'ai utilisé :

SITES GENERALISTES

TRANSPORTS



TALLINN

Aéroport de Tallinn

Jour 1

Ce qui me stresse le plus cette fois, c'est le réveil très matinal : 5h10.Pour le reste j'ai l'impression de moins ressentir la " flemme " habituelle au moment de partir. La seule " violence " (quelle honte de dire ça!) sera donc physique avec une nuit très courte mais l'esprit est zen et apaisé. Je sais aussi que ce voyage est assez nécessaire. Pour que tout le monde se repose de moi à Dausse et pour que je me retrouve un peu avec moi-même au calme. Le break nécessaire pour revenir plus zen. Très bon moral donc et finalement le réveil se fera bien plus agréablement que prévu. Après de mûres réflexions je ne laisserai pas la voiture à Toulouse (60 euros de parking...c'est un peu abuser) mais opte pour un mix voiture-train-navette avec l'aide précieuse de ma mère. La France sort à peine d'un de ses plus forts épisodes neigeux depuis au moins 25 ans. J'ai eu ma dose de neige et de froid mais je suis quand même très excité d'aller plein nord, à l'extrême sud du nord de l'Europe comme dirait mon ami Nick. Train, navette, aéroport de Toulouse, Francfort...routine. Un sac un peu plus lourd que d'habitude, normal...le risque de grand froid n'est pas négligeable. Je vais en fait utiliser la moitié de mes affaires mais il fallait être prévoyant. Pas de Sorel aux pieds mais de l'oie hongroise de chez Mountain Equipment plus quelques accessoires douillets. Je pense déjà avec envie au futur voyage à Pâques avec la bande d'explorateurs, note le contraste entre mon état actuel, silencieux et seul et l'ambiance potache prévue. Mais j'apprécie mon présent. Loin de ce sentiment de vacuité parfois ressenti ces jours de départ. Je me sens plein et dans une démarche sensée. Vivre sa passion et étancher sa curiosité. Pas de décalage horaire, un passage au dessus de l'Allemagne qui ravive mes bons souvenirs. Brème, Rostock, Schwerin...toutes ces belles villes au-dessous de moi. Je vais poursuivre ma découverte des villes Hanséatiques...en poussant un peu plus au nord c'est tout. Le tapis nuageux s'estompe et c'est un paysage inhabituel qui s'offre à mes yeux: du blanc, du blanc et du blanc. Et je crois que c'est une première pour moi. L'avion passe à basse altitude au dessus d'un lac gelé, qui ressemble vraiment à une banquise. L'avion se pose proprement sur un piste gelée...les gens applaudissent ce qui est peu courant chez Lufthansa. Il faut dire que la vue du tarmac avec les volutes de neige, la poudreuse et le vent on pourrait croire un atterrissage en Sibérie.

Tallinn en hiver

Je suis vraiment surpris et excité par cette arrivée. L'aéroport est à l'image de ce que l'on s'imagine des pays nordiques: nickel, sentant le beau et le propre et ce qui est remarquable...au sol en plancher! J'attends Eeva ...scrutant toutes les blondes qui semblent attendre quelqu'un comme moi. Elle arrive avec un peu de retard, le vent souffle fort dehors ...impression d'être un expat envoyé en mission dans un endroit isolé dont personne ne veut. Le trajet sera court entre l'aéroport et le quartier d'Eeva, Kalamaja. Un quartier ancien avec de belles maisons en bois, avec encore visibles les étages sous le toit qui servaient d'entrepôts pour les marchandises. Un peu comme l'ancien quartier de Hambourg . Je reste impressionné par la neige dans les rues, le calme, les maisons tristes et noires. Transporté dans un film que je n'avais jamais vécu. Eeva vit avec ses deux fils de 15 et 22 ans dans une grande maison ancienne séparée en divers appartements. Beaucoup de chaleur et de caractère dans la décoration, une constante des pays nordiques. Du bois, des petites touches artistiques par-ci par-là, du design...J'aime beaucoup. Je vais loger dans une charmante pièce avec ma propre cheminée. Très chaleureux. Bon contact avec Eeva, je me sens très à l'aise avec sa façon de vivre. Thé, petit repas puis nous partons pour une visite nocturne du quartier. Un ancien quartier d'usine et de commerce forcément tenté par la gentryfication et déjà apprécié par les artistes. De supers cafés bien cosy dont un immense dans une ancienne fabrique dans lequel nous passerons le reste de la soirée. Discussions sur le couple, le désir d'enfant, la condition de la femme estonienne peu heureuse avec le mâle estonien , peu expressif et froid. Et surtout très peu entreprenant. Eeva regrette le peu de connexions entre les deux sexes. Il paraît que mon accent français serait un argument imparable ici en terme de séduction...Nous rentrons vers 22h, crevé, je me glisse dans mon lit confortable. Encore une fois je n'en reviens pas des mérites du voyage en couchsurfing. A peine arrivé on baigne, on plonge directement dans la vie locale, sans transition et c'est comme si l'autre soi, le français, restait ailleurs et que le soi international reprenait vie immédiatement. La France paraît si loin, dans le temps, alors que je viens à peine d'arriver.

Tallinn en hiver

Jour 2

J'avais prévu un réveil assez matinal, pour être aux environs de 10 h devant les sites. Je sais en effet que tout ouvre peu en hiver et que la période 10h-17h sera dense. Pourtant, sans réveil, je quitterai l'appartement autour des 11 h. Bien équipé cette fois (chaussures de randonnée, collants) je fonce vers la ville de bon train. Ambiance très particulière ce matin. Vraiment peu de monde dans les rues. Me dirigeant à vue, j'arrive vite vers la gare centrale des trains. Pas le coin le plus glamour forcément. Juste après, le Toompark, d'un blanc immaculé, sied au pied de la colline de Toompea, cœur de la vieille ville. Mon but ? Atteindre l'hôtel de ville, pour aller au centre d'information, afin de changer ma carte du Petit Futé, peu détaillée. Pas compliqué, la place de l'hôtel de ville étant le centre névralgique de l'ancienne ville on n'a qu'à suivre les rues et on finit par y arriver. Et là c'est le premier choc. J'en ai vu quelques unes de ces places en Allemagne, d'époques similaires...mais celle-là à une chose en plus...la neige! Quel cachet! VIDEO Grande place entourée d'anciennes maisons (la plupart transformées aujourd'hui en endroits touristiques). Quelques touristes mais vraiment un sentiment d'être là à la saison privilégiée. Je passe un petit moment près de l'Eglise Saint-Nicolas (grand édifice transformé en musée d'art religieux....je n'irai pas...) à observer les jeunes s'amuser sur la patinoire en plein air placée à son pied. De la neige partout et finalement un froid qui pénètre. Pas pratique de prendre des photos ou de lire son guide. Je cherche un endroit abrité pour manger un peu...je n'en trouverai pas. Je vais alors commencer un lent processus de refroidissement qui durera quelques heures. De la place je me rends sur la colline de Toompea par des ruelles vraiment fabuleuses. Les toits enneigés, les terrasses, les vues....je n'avais pas connu un tel choc depuis Prague je pense. Je vais d'ailleurs trouver beaucoup de similitudes entre ces deux villes. Tallinn est bien plus petit et moins riche je pense en bâtiments mais il y a dans l'air et dans l'architecture quelques similarités. Le monde en moins...mais j'imagine Tallinn en été...J'ai connu le Vieux Québec en juillet...je pense qu'on ne doit pas en être trop loin.

Tallinn en hiver

De la colline au pied de la Cathédrale Nevski ( bizarre ...il y en aussi une à Sofia...) je profite de superbes vues sur les remparts et la ville. La neige apporte vraiment sa touche de féerie en plus. La cathédrale orthodoxe est très belle et je me retrouve quelques mois en arrière en Bulgarie. Les mêmes cierges, les mêmes iconostases, la même odeur. Beau et dépaysant. Je poursuis ensuite par la visite du jardin proche du château Toompea, siège du parlement estonien aujourd'hui. Epaisse couche de neige et vent glacial. Je mange mes sandwiches et commence vraiment à avoir froid aux mains. Je vais ensuite errer dans la partie nord de la colline, à la recherche des plus petites rues et des nombreux panoramas sur la ville et sur la Baltique. C'est vraiment très beau et tout ce qu'un touriste peut chercher. Ok il y des magasins de souvenirs, les mêmes restaurants au design étudié( médiéval à 100%) mais cela ne me gêne pas. L'ensemble est de bon goût et l'absence de trop de touristes me convient. J'arrive bien souvent, en attendant un peu, à avoir les sites pour moi tout seul. Un luxe. Passage près de l'église du Dôme, fermée. Je redescends ensuite de là-haut pour fondre par la rue Pikk sur le Musée de la ville de Tallinn. Un très beau musée moderne avec tout ce que j'aime. Du calme, du son d'époque, des scénographies étudiées...Je vais me plonger 2 heures dans l'ancien temps, de la Ligue Hanséatique à l'occupation russe jusqu'à l'indépendance. De quoi reprendre des calories. Je continue par l'église orthodoxe qui lui fait face, descends la rue Uus avec ses venelles surprenantes et toujours autant de cachet. Tout ici me plait. 


J'oublie le magasin Esprit de la place de l'hôtel de ville et passe mon temps les yeux en l'air à chercher les détails de cette ville musée. Près de la tour de l'église St Olaf (fermée , dommage elle fut longtemps le plus haut édifice du monde...123 m au XIIIème siècle, impressionnant), je fais demi tour et me réfugie dans le café La Chocolaterie VIDEO, à l' ambiance très comtesse : lumière tamisée...et jeunesse locale qui s'y repose dans le calme ou y lit quelque roman. Mais où est-elle? La rue étroite que toutes ces cités se doivent de posséder? Je pense à la rue de l'or de Prague, à la rue du trésor de Québec...à la place du Tertre...Vous savez cette rue typique où l'on se doit de trouver des artistes? Ici c'est le passage Ste-Catherine. Charmant il est vrai avec 20 cm de neige sous les pieds et pas un chat VIDEO. Un luxe! La lumière baisse...je vais entamer la partie magique (je l'espère) .Tallinn sous la nuit.

Tallinn en hiver la nuit

Rien à redire....c'est beau. Des lampions un peu partout devant les lieux touristiques (bars, restaurants...), des artistes en tenue médiévale, parfois jonglant avec le feu essayent d'attirer les passants. Pourtant cela reste discret et agréable. Je ne supporte pas trop en général ce genre de business mais là cela reste distant. Eeva me racontera ce soir qu'elle habitait du temps des soviétiques juste au dessus d'un maintenant célèbre restaurant de la vieille ville. Un temps où le bon fonctionnaire estonien était logé selon ses services à la grande famille russe. Elle en a tiré un bon prix lorsqu'elle décida de quitter ce centre ville trop bruyant. Je vais ensuite poursuivre en longeant l'enceinte médiévale de la ville, dans Gumnaasiumi. Ambiance très feutrée VIDEO, des maisons bien plus délabrées que dans d'autres coins visités aujourd'hui. Un coin à l'écart de l'agitation, qui n'a pas encore été rénové mais qui le sera rapidement vu le cachet des lieux. Sous les arches de pierres, quelques cartons au sol. Je m'interroge…sont-ils frais ou ne servent -ils que l'été? Demain matin au même endroit un homme dormira emmitouflé dans plusieurs couvertures. Comment survivre dans ces conditions extrêmes? Il fait nuit, je commence à me dire : " que faire maintenant ? " alors je rentre tranquillement au chaud chez Eeva...pesant la chance que j'ai. Me perdre un peu, puis acheter quelques provisions dans un miteux centre commercial proche. Pas envie de ressortir ce soir. Cela tombe bien...Eeeva aussi. Elle aura pitié de mes achats et nous partagerons un bon plat de pâtes. Je tombe vite de sommeil, c'est devant la cheminée fumante que je vais lire et m'endormir. Très bonne journée. Moral au top.

Tallinn en hiver

Jour 3

Réveil naturel vers 10h.Un bol de muesli yoghourt envoyé et je pars pour la vieille ville. Grésil puis neige. Les chasses neiges miniatures ratissent la ville, les lycéens sortent de cours en tee-shirt! Disons que j'ai pu les observer depuis la promenade sur les remparts en face du gümnaasium qui semble être un lycée. Trois petites tours vides mais une belle vue sur la ville. Une église ensuite, l'église du Saint-Esprit. Un petit euro l'entrée et un bon endroit pour se sécher un peu. A noter un des plus vieux autels en bois d'Estonie, un lieu chargé d'histoire mais bon je ne la ressens pas plus que cela. Je poursuis par la visite d'un des plus vieux commerces du monde, la vieille pharmacie datant d'avant Christophe Colomb! Visite gratuite et agréable avec ces mains de momies, ces crapauds, ces potions magiques à base de mandragore et une belle vue sur la place de l'hôtel de ville. Prochain arrêt, la Tour Kiek in de Kok, l'une des plus grosses de la ville. Je me perds un peu pour trouver l'entrée, repasse par la colline de Toompea toujours aussi féerique avec la neige fraîche, me prends un gros bloc de neige venant du toit sur la tête mais finis par y rentrer pas trop mouillé. Beau musée avec ses instruments de torture, ses films avec acteurs pour expliquer les conquêtes danoises, allemandes, suédoises et russes, ses costumes d'époque et un très beau bar panoramique et design à son sommet. Belle visite. Il est temps de me reposer au chaud, ma portion de pizza froide au fond du sac ne m'attire pas trop. Je vais trouver un pub pas forcément typique mais très peu cher (3euros 90 pour une soupe et un plat de viande, le Karja Kelder .

Musée de Tallinn

De toute façon je n'ai pas à trop me presser...j'ai vu pas mal de la ville déjà. Toujours aussi heureux d'être là, dans une autre peau, dans une autre vie. Une double vie entre la routine de la vie lot et garonnaise et l'exaltation régulière due à mes périples. Un bon choix de vie. Je ressors de là presque sous la pluie, cela fond dans les rues et les trottoirs se transforment en bourbiers. Non loin de là je vais plonger dans la période d'occupation soviétique dans un petit musée qui lui est consacré. Musée moderne de part son architecture et sa muséographie. Je vais passer un bon moment à regarder de longs films sur les différentes étapes de l'occupation: le traité de non agression avec l'Allemagne, l'occupation russe puis allemande, les bombardements russes, le Stalinisme et au final l'indépendance en 1991. Un musée confidentiel et particulièrement intéressant. Il faut dire que la grande histoire de l'Europe me fascine. La seconde guerre et toutes ses conséquences, que ce soit en Hongrie, à Prague, en Allemagne...on en ressent tous les effets et c'est passionnant d'essayer de comprendre comment tout cela s'est déroulé. Je vais ensuite chercher la gare des bus, frôlant le nouveau Tallinn, avec ses immeubles ultra modernes et un côté Potsdamer Plaatz de Berlin parfois. Finir enfin par le port...en partie gelé sur les berges. Pas grand chose à voir...des bateaux restaurants, un terminal des ferrys pour Helsinki désert à cette heure...je vais rentrer tranquillement en dévorant ma pizza et en évitant de me vautrer sur le sol maintenant verglacé. Soirée tranquille, la dernière déjà, avec Eeva. Une bien sympathique et confortable étape

Palais de Kadriorg

Jour 4

Dur de sortir de ce lit douillet en face de la cheminée, vraiment un endroit comme on aimerait en avoir un chez soi. D'ailleurs...bonne idée...je vais me faire un chez moi tendance nordique...peut-être sans le sauna. Un léger mal de gorge, sûrement dû aux incessants contrastes thermique qui jalonnent la vie du touriste en pays froid: du musée surchauffé à la lecture de carte en plein vent, en passant par la pause café et le point de vue panoramique forcément venté. Je vais, sous un soleil radieux (à hésiter sur les lunettes de soleil) prendre un tramway pour Kadriorg, banlieue prisée des habitants (le président y habite, ainsi que de nombreux ambassadeurs) en bord de mer et de parc. Le tramway 1 longe d'abord des immeubles quelconques puis les maisons en bois commencent à apparaître. Je m'arrête au bord du parc et commence mes errements. Quelques mamies et papis qui se promènent, deux jeunes chinois aisés qui rentre devant moi dans la résidence de Mr l'Ambassadeur , des bourgeoises en doudounes qui promènent leur fils en luge...Bref du parc assez classique, chic sur les bords. Je vais vite arriver au palais de Kadriorg, bonbon sucré du temps des tsars, magnifiquement déposé sur un lit blanc de neige du plus bel effet. Loin de Versailles mais un château en hiver cela reste pour moi assez original. Je profite aussi de tarifs spéciaux ce mercredi...tous les musées de Kadriorg à 1 euros. Il y a en plus une intéressante exposition sur Bosh et Bruegel. 4 tableaux représentant la même scène mais lesquels sont les vrais et lesquels sont des copies ? J' y apprends beaucoup sur les maîtres hollandais du XV et XVI ème, sur les copistes, sur les techniques d'identifications des œuvres. Mais le musée contient d'autres belles choses en particulier de belles salles, ambiance blanche et miroirs. Des tableaux hollandais, des sculptures, des portraits...Un bon moment et de très belles vues sur le parc. D'ailleurs je m'y promène un peu en sortant, passant près du moderne musée d'art de Kumu que je ne me sens pas de visiter. Le parc est loin d'être sauvage sur ses premiers abords mais je vais profiter un peu de cette mise en bouche de forêt estonienne que je compte bien développer au cours de mon séjour. La mer semble proche, je vise une statue qui commémore un échouage de bateaux et ou quelques jeunes célèbrent avec du champagne un heureux événement. La plage proche est toute gelée, avec des gros blocs de glace vive sur les bords. Je ne peux m'empêcher de m'y promener, c'est la première fois que je vois la mer gelée VIDEO . Quelques oiseaux, des cygnes et personne.

Tallinn en hiver

Au loin je distingue Pirita (base nautique des JO de Moscou de 1980) , puis le départ des ferrys depuis Tallinn. D'autres musées à voir dans le coin mais je préfère rentrer en cherchant les quelques bonnes adresses d'Eeva pour me restaurer. Malheureusement je ne vais en trouver aucune et c'est un retour très moyen le long d'avenues grises qui m'attend. Au fond les deux tours de Viru et de nouveau la vieille ville. J'hésite, observe les prix des restaurants touristiques (comme chez nous) et reviens sans peine au Karja Kelder, le plus vieux pub de Tallinn dans sa cave voûtée. Pas cher et roboratif. A ma sortie le ciel bleu s'est mué en ciel tempétueux avec fortes bourrasques de neige. La vieille ville est si calme avec la couche de poudreuse qui s'accumule sans peine. Un plaisir de redéambuler dans la rue Pikk, sur la place de l'hôtel de ville, à la recherche des anciens bureaux du KGB, du monastère (fermé). Un plaisir même si je vais à la façon de Thalès qui scrutait les étoiles, choir élégamment sur le trottoir gelé. Direction la Tour canon Margareta pour visiter le musée de la Marine. Il sera bientôt transféré dans un immense hangar du port pour en faire un musée d'envergure. Une tour de plus, celle-ci bien large et robuste. Un intéressant musée à l'intérieur malgré beaucoup trop d'explications en estonien. Je retiendrai la vue en plein vent et en pull depuis le toit (très belle), de nombreuses maquettes, des histoires de naufrage...Pas indispensable quand même, il n'y pas de déclic qui me fait m'imaginer dans le monde des marins. Des objets mais pas la vie qui va avec. Il est temps de rentrer. Je dois récupérer mon sac chez Eeva puis repartir à la gare des trains pour quitter Tallin direction Rakvere. La gare est vraiment petite pour une capitale, pas bien plus grosse que celle d'Agen. Train lent et peu confortable mais pas cher. Moins de 4 euros pour près de 2 heures de trajet. D'un côté c'est très lent vue la distance. Autour de moi des militaires, des mamies en fourrures, des étudiants avec MP3 et un touriste...moi. Très belle journée donc...je quitte Tallinn avec une très bonne impression. Une journée de plus serait peut-être de trop mais quel cachet. Je me promets de pousser tout le monde à mon retour à partir hors saison. Le froid n'est rien comparé au dépaysement. Je pense que l'été cela doit être un vrai barnum dans les rues de la vieille ville. Très bon moral, un peu fatigué.

Plus de photos de Tallinn. Cliquer sur les photos pour agrandir et quelques commentaires.


Plus de photos de Tallinn


RAKVERE

Château de Rakvere

Je démarre une nouvelle page du voyage, Rakvere...où je ne passe que la nuit n'est qu'une étape avant le parc national de Lahemaa, je ne vais pas en voir grand chose. Je ne le sais pas encore mais je vais vraiment adorer, une belle surprise. Tout commence par une arrivée dans une minuscule gare sombre, genre Penne d'Agenais un dimanche soir. Et dire que Rakvere est la 5ème ville du pays. Maris et son mari m'attendent. Ils n'habitent pas loin, dans une ruelle au pieds du château. Je remarque d'entrée le silence de la ville, les rues désertes, l'énorme (pour un français du sud ouest) épaisseur de neige prête à tomber depuis certains toits et les toujours typiques maisons en bois. Un vrai décors de western. Ces façades en bois parfois roses semblent être des décors d'Eurodisney. Maris, son ami (qui ne parle pas anglais) et son fils (" un geek " m'avoue t-elle) vivent un rez-de-chaussée assez ancien dans sa conception . J'y remarque un énorme poêle très ancien et une gazinière brûlante qui me rappelle celle de mon amie Vonvon. Maris travaille comme traductrice " des trucs techniques pour les chinois " en ce moment. En free lance, libre et heureuse de son choix de vie. Un petit repas...où elle me signale qu'en Estonie beaucoup de familles mangent à leur rythme, chacun de son côté. Je l'avais déjà remarqué chez Eeva, cela se confirme. Notre " A table " semble donc une originalité culturelle pour certains européens. Maris m'apprend (entre autre) qu'il y a des loups pas si loin de Rakvere, des ours...J'ai du mal à y croire et pourtant ils prolifèrent. Elle m'apprend aussi que Thierry sera chez elle dans quelque jours.

Château de Rakvere

C'est assez surprenant de voir les deux amis se suivre parfois ainsi années après années. Elle me propose ensuite un petit tour en pour aller voir le château. Au fond de moi je suis très fatigué et ne pense qu'à dormir mais je suis aussi très curieux et donc j'accepte avec plaisir. Une petite balade nocturne dans un froid relatif. Ils ont eu -30°C fin janvier! Elle va m'amener sur la colline forcément déserte. Et là c'est le choc. D'un côté le célèbre taureau de Rakvere. En fait un auroch. Emblème de la ville. De l'autre un très grand château genre Bonaguil, avec brumes et neige. Un choc. Je me transporte tout de suite dans des temps anciens. Je m'imagine des siècles auparavant au pied de ces murailles avec toute la vie à l'intérieur. Je lui avoue que c'est exactement ce que je cherche lors de mes voyages. Un endroit féerique qui me fait rêver. Revenir un gamin devant un château fort. C'est si rare de s'exalter dans sa vie de tous les jours, là je suis en pleine conte. Elle me demande si je veux aller voir de plus près, entre deux reprises de souffle. Bien sûr que j'en meure d'envie. Elle a la gentillesse de me poursuivre la visite. Nous passons sur un sentier exposé au vent voir l'auroch. Impressionnant devant la ville glacée et éclairée. Le même endroit en été ...je ne sais pas...je pense vraiment que l'émotion en fut moins grande. Le château a été fortement rénové pour en faire une sorte de parc à thèmes médiéval avec les alchimistes, les jongleurs, et tous les métiers d'époque qui reprennent vie l'été avec de nombreux figurants. Il faut dire que l'endroit s'y prête vraiment bien. Je n'arrête pas de tarir d'éloges sur les lieux. Nous redescendons vers la ville par une succession d'escaliers amenant à une place ou de vieilles maisons ont récemment brûlé. A côté, une boutique de cordonnier dans un ensemble de basses maisons en pierre semblant sortir des plus hauts villages pyrénéens. En fait ici c'est la montagne dans la plaine. Je retrouve des ambiances, des odeurs et des bruits que l'on ne rencontre chez nous que lors de nos séjours en altitude. Je rentre enchanté et m'effondre sur l'épais matelas du salon.

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Plus de photos de Rakvere


PARC DE LAHEMAA: SAGADI, ALTJA

Jour 5

Réveil matinal pour attraper mon bus de 9 h pour Sagadi. Maris partage un café puis je pars en direction de la gare routière proche. Une étape courte mais très agréable. Quelques provisions pour le repas de midi dans une bonne boulangerie locale, traversée sans intérêt du centre ville pour rejoindre la petite gare de bus. -1°C, grésil. Une fois la ville quittée le bus s'enfonce dans une campagne de plus en plus blanche et de plus en plus clairsemée en habitation. Des arrêts au milieu de nulle part, à des carrefours déserts, où montent ou descendent les rares passagers de ce bus . Je vais moi -même me retrouver à l'arrêt Sagadi Mois, au bord d'une route déserte, en face du manoir de Sagadi , qui en impose avec son parc enneigé VIDEO. J'ai réservé une place à l'hostel pour la nuit. Un peu de mal pour la trouver...en fait c'est une dépendance de l'hôtel, beaucoup plus classe et non une entité indépendante. Tellement discrète que je ne la trouve pas. A l'accueil de l'hôtel une charmante jeune estonienne avec appareil dentaire m'annonce que l'hostel est " fully booked " et qu'ils me donnent en échange au même prix une chambre du bel hôtel. Le genre de bonnes nouvelles que l'on sait apprécier. Etre surclassé, un petit luxe. En fait je ne vais voir personne ni à l'hostel ni à l'hôtel. Je vais manger tout seul dans la salle de conférence. Je pense plutôt qu'étant le seul client de l'ensemble ils ne voulaient pas utiliser trop de personnel. Je me retrouve dans ma belle chambre, tout heureux. Il doit être 11 heures, le check-in est à 15h! Mais comme la jeune femme me dit... "Vous êtes le seul... " Vous pouvez y aller. Une petite pause, j'enfile ma tenue montagne et me voilà parti direction la Baltique.

Manoir de Sagadi
Castors en Estonie

La route qui relie Sagadi à Altja est bien couverte de neige, sauvage et déserte. Je prends mon pied à marcher tranquillement au milieu des champs et des forêts. 3 km plus loin, j'arrive à Oandu, pas un village mais plutôt quelques bâtisses autour de la maison du parc de Lahemaa. Un beau lac recouvert de neige, de la poudreuse jusqu'au genou, des aires de détente pour l'été...le tout en hibernation. Un local à qui je demande le sentier de Altja me propose de m'y amener. Je refuse poliment, étant là pour me promener. Rapidement un balisage me sort de la " route " qui fait pourtant office de bon sentier vu le sol et l'ambiance. Très agréable, peu difficile, au milieu de la forêt, longeant la rivière je profite de ce silence que je suis venu cherché. Je suis le seul marcheur du jour et même plus des derniers jours. Aucune traces dans tous les endroits foulés et ce tout au long de la journée. A la recherche d'une certaine virginité. Où alors le sentiment diffus de laisser sa trace dans le monde. Faire sa trace sur le sol plus que dans ma vie ? J'aperçois une sorte de vison noir qui m'observe et repart tranquillement dans son terrier. Un peu plus loin sur le circuit des castors je vais voir pour la première fois des troncs à moitié rongés VIDEO par le-dit animal à longues dents. Et dire que je n'avais vu tout ça que dans des dessins animés ! Cette journée est une mise en image de nombreux concepts d'enfance: se croire un trappeur guettant les animaux sauvages (j'attends le lynx!), revivre les romans de Jack London, repérer la hutte des gentils castors....Et luxe rare: personne. Il en suffirait d'une pour rompre le sort. Je suis tout seul dans ce parc national de Lahemaa. Le seul à marcher sur ces sentiers aujourd'hui. Pas trop froid, la neige se transforme en petite pluie...pas terrible avec mon duvet. Un peu plus loin, je vais passer un pont magnifique au-dessus d'un endroit visiblement prisé des castors VIDEO. Un grand moment d'émotion, c'est si beau et les flocons tombent maintenant gros comme des cerises. Féerique! Je ne peux m'arrêter de m'exalter.

Un peu plus loin encore, un autre choc. Le sentier arrive directement sur la plage VIDEO. Et contrairement à l'été : pas de transition. Le sol est blanc uniformément jusqu'au rivage où des gros blocs de glace sont visibles les quelques premières dizaines de mètre. Pas de sable, une plage glacée, encore une première pour moi. Je me place sur de ces gros blocs et repense immédiatement à ces plages de l'île de Poel, en Allemagne qui m'avaient si marqué. Je reconnais la Baltique, son calme, son absence de vague, sa pureté...mais l'ambiance banquise est inédite. Encore une fois exalté VIDEO.

Mer baltique en hiver, Estonie

Je me jure de revenir passer de vrais hivers dans ces terres nordiques qui m'attirent tant. Je vais longer lentement la rive, écoutant les nombreux oiseaux qui voguent en bordure. J'observe un grand rapace sûrement pêcheur. J'arrive ensuite au village d ' Altja par son côté le plus typique, des cabanes à toits de roseaux. Le reste du village est constitué de maisons habitées ou secondaires, sans intérêt pour moi. Pas un cachet énorme je trouve, je préfère les environs. Je vais ensuite rentrer d'abord par la route (passant devant le pub restaurant assez réputé mais fermé en hiver) puis par des sentiers pas souvent très bien marqués. Je vais à plusieurs reprises longtemps hésiter, finissant par deviner dans l'épaisse couche de neige un semblant de sentier. Toujours personne, une vieille trace de ski de fond mais c'est tout. Retour à Oandu où je me repose quelques temps dans une cabane en bordure du lac gelé. Lecture puis retour par la route à l'hôtel. Quel plaisir de se retrouve ce soir dans un tel confort. Je suis le seul client...sensation étrange. Je vais me régaler de mon repas pris dans la salle de conférence comme le restaurant est fermé. Avec grand soin, on me servira ma soupe au champignons et mes filets de haddock panés de la Baltique. Très bon et raffiné. Je vais passer ma soirée à répondre aux mails, devant un téléfilm russe sur Brejnev. Que faire d'autre ici...il n'y a rien. Une très bonne journée dans un bien bel endroit.

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LAC PEIPSI

Lac Peipsi, Estonie

Jour 6
Un peu la flemme de me lever aussi tôt mais le bus pour Rakvere ne passe qu'à 8h15 sinon c'est des heures d'attente. Sous un temps gris je me poste donc au bord de la route et attends. Pas un bruit, pas un mouvement à des kilomètres. Le son des oiseaux et rien d'autre. Très belle ambiance...Pourtant je vais vite comprendre que le bus ne passera pas. Nous sommes aujourd'hui un jour férié et le site des bus ne m'a pas indiqué le piège. 1 heure d'attente et toujours pas une voiture! Je commence à geler sur pied. Une Lada approche, s'arrête...mais ne va pas dans la bonne direction. Je me décide à quitter ces lieux déserts VIDEO pour tenter ma chance plus loin, à 2km, à un embranchement d'une route moins isolée. Rapidement une autre Lada me prend. Le gars ne parle pas un mot d'anglais. Je comprends qu'il va à Vosu, ce qui n'est pas ma direction, qu'il y fait une pause puis repart vers Rakvere. Je me retrouve devant chez lui puis chez lui. Il m'installe sur le canapé et m'offre un thé. A la télé une idiotie kitsch: une famille estonienne de la campagne des années 70 reçoit un enfant sauvage! Je suis vraiment surpris par les émissions entrevues depuis le début du séjour. On dirait une télévision des années 70. J'apprendrai plus tard que c'est un film de " jour férié " et que tout le monde l'adore. Un peu comme " Les Don Camillo " chez nous. Le type me proposait en fait de patienter chez lui avant un bus hypothétique qui partirait de sa ville vers Rakvere. Trop risqué et je manquerais ma correspondance. Je tente alors de lui expliquer que je vais partir en stop. Pas simple. Il ressort et me dépose en voiture à l'arrêt des bus. De là rapidement un gars anglophone me prend pour la prochaine ville. Une nouvelle attente puis une dernière dame m'amène à Rakvere juste à temps pour prendre le bus de 11h30. Moi qui pensais m'ennuyer ce matin...ce fut limite. Partir au bord du lac Peipsi avec ce temps, un jour férié...aurait été hasardeux. Trajet quelconque, les abords du lac ne semblent pas à première vue très sauvages. Je guète mon arrêt et me fait déposer à Piibumae, au bord de la route, au milieu de nulle part. Une grande ligne droite et un gros panneau Aarde Villa 1, 2 km .

Lac Peipsi, Estonie

Je quitte la route principale, passe un petit groupe de maisons puis arrive au terminus, en bordure du lac. Loin du resort, l'endroit ressemble plutôt à un repère de pêcheurs avec barques et 4x4. Plusieurs bâtiments, un parking payant, un filet de badmington. Le lac est là, je le repère grâce à un ponton...sinon...c'est la banquise ininterrompue entre la terre ferme et l'étendue d'eau. Je me retrouve dans une chambre avec vue imprenable sur le lac VIDEO. Il doit être 14h et je me sens un peu fièvreux, une petite sieste et je me décide à aller marcher sur le lac...je suis là pour ça. C'est assez impressionnant au début, la couche supérieure du lac est parfois en partie fondue. Pourtant des voitures et des moto neiges bien chargés passent …donc l'endroit est sans danger. Je décide de suivre une trace plein est, en direction de la Russie. Il y a des pêcheurs un peu partout, faisant des taches noires sur ce fond blanc. Ils se trimballent une petite pulka avec leur vis pour creuser la couche de glace et un petit siège pour s'asseoir. Le trou ne fait pas plus de 20 cm de diamètre, on ne pêche pas le gros ici. Au début je ne trouve pas l'endroit trop impressionnant. Disons que l'on ne fait pas trop la différence entre la campagne couverte de neige et le lac. Heureusement par-ci par-la on trouve des éperons de glace vives ou des étendues bleutées sans neige qui me rappellent qu'on est bien sur un lac. Il y a par contre une grosse impression d'immensité que l'on ressent lorsqu'on s'éloigne suffisamment du bord. Je m'amuse à quelques photos, quelques films VIDEO1 VIDEO2 puis je ne peux que faire demi-tour. Rien d'autre à faire. Il commence à neiger, la lumière tombe un peu, de nombreux pêcheurs rentrent. L'hôtel se transforme alors : du matériel de pêche partout, des bottes énormes qui rendraient les Sorel de Nick ridicules, du bruit, des apéros et des déchets un peu partout. Le cliché est bien là: des gars peu discrets qui envahissent la salle commune et laissent une table remplie de détritus! Je vais rester tranquille dans ma chambre. Un peu de travail : trouver des chambres pour mes 4 derniers jours vu que les hôtes de couchsurfing désertent les régions prévues, quelques cartes postales aussi. A 19 h je me rends dans la salle de réception (autre bâtiment) pour partager mon repas avec moi-même. Poulet-patates et crêpes à la confiture. Bon et j'aime toujours ces ambiances...seul dans une grande salle à manger. Au calme. Soirée lecture et écriture, au son d'un autre programme hallucinant avec des monstres de l'espace qui envahissent une ville. Kitschissime. Expérience originale mais peut-être qu'un jour entier ici serait un peu trop long. Je m'endors tranquille, jamais aussi proche d'une ... " banquise ".

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TARTU

Tartu en hiver

Jour 7

Depuis 4 h du matin les pêcheurs s'éveillent et quittent les lieux par vague. Le poisson n'attend pas. Mon petit déjeuner à 8h sera encore solitaire et silencieux...et bien moins perturbateur pour l'environnement de l'hôtel. Que de déchets encore dans la salle commune! Je pars motivé et de bon pied vers 9 h, sous la neige, pour rejoindre la route principale. Je pose mon sac sous l'arrêt de bus de Piibumae et commence le stop VIDEO. Un des pires de ma vie. Très peu de voitures et juste des gens en Audi ou BMW qui me toisent en passant. Alors je marche sur place, épuise mes chansons, trépigne ...Rien. Je suis bloqué. Les deux villes les plus proches sont à 12 km. J'en arrive, observant que le trafic dans l'autre sens semble plus important, à faire du stop dans les deux sens, juste pour échapper à cet endroit. Pourtant il est paisible au milieu de la campagne. Mais je vais perdre une journée de voyage pour rien. Finalement ce sont Bud Spencer et Terence Hill qui vont me prendre pour Mustvee. J'en rigole tout le trajet intérieurement: un gros barbu aux mains énormes et aux yeux à moitiés fermés et un blond maigre aux yeux bleus pétillants, sosies de mes acteurs fétiches. Ils me laissent à la gare des bus, à 12km. 3H30 pour 12 km! Le prochain bus part dans 3 h! Je suis vert, et décide de retenter le stop, en sortie de ville, face au port gelé. Les mêmes grosses voitures indifférentes, les mêmes excuses hypocrites " je vais à droite! " " je vais à gauche " " je vais tout droit! ".Je remarque ces sortes de traineaux sans chien que certaines personnes utilisent et poussent pour faire des courses. Original. J'abandonne et me rends au restaurant de la gare et me console avec des schnitzels , escalope panées, attendant mon heure en écoutant une dance de basse qualité. Super journée! Je dois arriver à 16h35 à Tartu, mes musées du samedi sont définitivement effacés. Une journée pour 60 km! Rare! J'y croise deux jeunes du village qui tuent le temps, vraiment. Deux pêcheurs en habits fluos. Une famille typée avec 2 canailles intenables. Le lac Peipsi coute cher en temps, définitivement. Me voilà enfin dans le bus pour Tartu, une petite heure plus tard et me voilà à attendre Margit dans la gare des bus.

Tartu en hiver

Quelques gars louches et des mall tout neuf dans les environs. Rien de spécial à dire sur cette arrivée. Commune. Margit travaille et vit à Tartu depuis 30 ans, en tant que manager. Elle organise des projets scientifiques dont certaines émissions de vulgarisation scientifique. Première étape: poser enfin ce sac qui m'encombre la vue depuis ce matin. Margit habite un quartier tranquille près du petit théâtre de Vanemuine. Un rez-de-chaussée d'une maison en bois assez typique avec son immense poêle, et ses hauts plafonds. Un thé, une présentation de la ville et alors que la nuit est déjà tombée, je pars pour une visite nocturne. D'abord la place de l'hôtel de ville. Originale car tout en longueur et non fermée comme celles des classiques cités hanséatiques (Tartu en était une pourtant....) . Un bel hôtel de ville forcément mais en partie caché par un immense drapeau estonien, résultat de la grande parade de la veille pour la fête nationale. Devant l'édifice " le baiser des étudiants " statue emblème de la ville mais pas bien vieille pourtant. Devant elle, une statue éphémère en glace. Remarquable aussi la maison qui contient le musée d'art, penchée d'un côté! Remarquable aussi le peu de monde pour un samedi soir. Margit me parlera du caractère double du peuple estonien: caché chez lui pendant l'hiver et dehors pendant les longues vacances d'été. D'ailleurs elle me demande elle-aussi pourquoi suis-je donc venu ici en février? Mes explications ne la convainquent pas...Ce que je recherche, le froid, l'ambiance, la solitude, le dépaysement est son quotidien ...forcément. Je tente ensuite de visiter l'église St-Jean, censée être ouverte jusqu'à 19 h....mais là elle est bien fermée. Imposante bâtisse dans un ensemble de vieilles rues désertes et enneigées. Cela reste charmant. Je rejoins ensuite Margit pour une petite visite guidée des autres grands lieux de la ville. D'abord l'université, fondée en 1632, et qui fût à une époque de renommée internationale, en partie à cause des sciences. Beau bâtiment bien rénovée. Un des pans d'une maison proche est drapé de photographies représentant les éminences grises de l'université. Des décédés et des contemporains... Original. Et cela ne semble pas figé...chacun pourrait avoir selon son mérite une place sur ce hall of Fame. Passage dans le pub ayant la plus grande hauteur au monde. Une ancienne remise pour la poudre à canon transformée en taverne. Très beau coin original mais un repère d'alcooliques selon Margit. Nous montons ensuite sur la colline de Toome .

Tartu en hiver

Et là c'est le choc. D'abord c'est très peu courant d'avoir des pentes aussi raides au milieu d'une ville et là cela ressemble à une station de ski par endroit. La luge est ici un passe temps national et on voit des circuits, des bowls, des traces, des bosses un peu partout. Il y a même des pentes qui me donneraient envie de chausser les skis. On passe sur le pont des anges, le pont du diable, deux ponts originaux pour piétons . Mais ce sont les ruines de la cathédrale du XIIIème siècle qui sont les plus marquantes. Une partie est rénovée pour le musée de l'histoire de l'université (que je visiterai demain), l'autre montre d'immenses piliers mais sans toit. Avec la neige, la nuit, le calme et le froid c'est assez magique. Je m'exalte en fait à chaque instant sur cette colline. C'est exactement ce que je recherche, un côté vieille université, mélangé à une certaine poésie des lieux: culture + atmosphère. Un cocktail magique. Je pense à Harry Potter ou à la Transylvanie de Polanski. Impressionné que je suis face aux bonhommes de neige et à ces pistes de luge Margit me propose de rentrer et de ressortir pour essayer tout ça. En passant devant le bâtiment des sciences naturelles on observe en ce samedi soir un chercheur bosser dans son laboratoire souterrain. Rat de laboratoire. Un métier. Il sera encore là demain après-midi. Stressé ou sur le point de découvrir quelque chose...On ne retrouvera pas la luge...mais c'est avec pommes de terre et autres biscuits que nous partirons pour le parc. Juste à côté de la statue de Hurt, sur la tête de laquelle les étudiants versent de la bière une fois l'an quand ils ont le droit de " posséder " la ville. Pas mal de traditions dignes d'Harvard ou d'Oxford ici. Pas simple de construire un bonhomme, je suis les conseils de la pro ...Faire une boule et la rouler. Snowman aura une pipe, une canne, une ceinture, un nez...mais pas de compagne pour la nuit! Une première dans ma vie. Faire un bonhomme de neige dans un parc Estonien. Je peux cocher...je l'ai fait. Moi qui était un peu crevé j'ai encore une fois bien fait de me faire un peu violence pour sortir. Journée qui a mal commencé mais qui se finit très bien. Tartu a du caractère. Bien différent de Tallinn. Plus intellectuelle c'est évident.

Tartu en hiver, musée de l'histoire de l'université

Jour 8

Pas de problème avec le chat qui pourtant avait une folle envie de faire ses griffes sur mon duvet. Réveil naturel, petit déjeuner à base de confitures maisons et de pains noir. Margit m'explique qu'elle a gardé une habitude des temps soviétiques où l'on faisait soi même beaucoup de couture, de conserves et de confitures. Mon programme aujourd'hui est culturel, avec 3 musées à visiter. Première action de la journée: vérifier que le bonhomme de neige va bien. Je lui remets son nez mais à part ça ...il tient bien le froid. Le scientifique de hier soir a déserté son poste (mais il y sera quand je rentrerai en fin d'après midi). C'est avec plaisir que je retrouve les sols glissants de la ville. C'est bizarre mais je marche en glissant depuis une semaine et chaque portion de route sèche me surprend par son adhérence. Un peu comme un marin qui repose le pied sur terre après des semaines de mer. La règle ici: de petits pas et tenir le corps bien droit. Je vais commencer par le musée de l'histoire de l'université, dans un des pans rénovés de l'ancienne cathédrale VIDEO. L'entrée en impose Universitas Tartuensis écrit sur du marbre. Du latin, est-on dans une corporation d'Harvard? Le musée explique la vie des étudiants de l'université au cours des siècles depuis le XVIIème. Ce qu'ils mangent, où ils dorment, ce qu'ils portent, les règles, les transports. Intéressant. On réalise bien le peu de confort de ces vies d'autrefois et l'austérité de leurs vies. Il y aussi dans les lieux un grand hall blanc qui doit servir pour les cérémonies, beaucoup d'histoire des différentes facultés et des chercheurs marquants. Je m'attarde bien sûr sur les quelques noms de physique et de chimie qui résonnent un peu: Ostwald, Jacobi, Lenz. Un laboratoire d'alchimie, une dissection reconstituée, du vieux matériel, des planches anatomiques... Enfin une belle bibliothèque qu'on ne peut pas vraiment voir de près en fait. C'est sympa mais je suis un peu déçu quand même. Il n'y a pas tant que ça l'atmosphère d'un collège anglais qui était annoncée dans le guide. On sent que tout a été rapporté et réassemblé ici. Les vues sur les ruines sont par contre particulièrement riches en émotions. Je poursuis ensuite par une nième visite du parc VIDEO, croisant parfois des skieurs de fond, des snowboardeurs (!) et des luges. Malgré tout...cela reste très calme, limite désert. Je redescends et m'en vais essayer un restaurant russe " Kalinka ". Il va m'y arriver une expérience assez bizarre. La salle est presque vide: un couple et deux gars dans un coin avec une table pleine de nourriture. Deux types sortis de films de gangsters: un, la cinquantaine, costaud, que j'appelerai le Boss et son sbire, plus jeune, genre Virgo Mortensen . Je suis en train de vérifier mes messages avec mon ordinateur quand l'un des deux gars se lève et essaye de communiquer avec moi .Ils comprends que je suis touriste, il dit " english " d'un air dépité et retourne s'asseoir en apportant la nouvelle à l'autre gars qui visiblement est énervé. Les deux ne parlant pas anglais, pourquoi le plus jeune s'est-il chargé de venir m'interroger et non l'autre?

Tartu en hiver, observatoire

On est en plein film de mafia. Le repas continue puis cela commence à mal tourner avec la serveuse. Je ne sais pas ce qui se passe, ne voulant pas trop me retourner mais le gars froisse et jette l'addition, presque à mes pieds, puis balance un plat par terre. Silence dans la salle. Puis les deux gars se lèvent et viennent vers moi en me disant " www " et me demandant de taper un site russe. Je reste souriant et pense à un vieux proverbe " si tu ne peux pas battre ton ennemi, fuis ou fais-en un ami! ". Je me sens tout d'un coup faible et à la merci. Ces deux gars ont l'air dangereux, tu le ressens simplement. Pas comme un gars bourré rencontré à Agen qui pourrait t'en mettre une mais là tu n'as pas envie du tout de rigoler. Je leur dis de disposer de mon ordinateur mais ils ne comprennent pas mon alphabet. Je continue de manger, le boss me dit " good apetite " puis ils abandonnent et partent sans rien dire. Cela a mis comme un malaise. Tu sens que tu es un agneau au milieu de loups. J'avais vu des reportages et des films sur la mafia russe, cela m'avait glacé et là je suis persuadé d'avoir eu affaire à deux gars du milieu. J'imagine les réseaux de prostitution, le racket et les violences gratuites. Pas cool, je sors de là et rase les murs pour me retrouver dans le musée de la maison d'un habitant de Tartu du XIXème siècle. Une petite maison devant l'église Saint-Jean. Vraiment un petit musée, je suis tout seul et vais prendre mon temps pour bien observer et ressentir le peu d'espace offerts. Une chambre, une salle à manger avec endroit pour coudre près de la fenêtre, cuisine. Bel endroit au calme pour ressentir l'ancien temps. Même si j'arrive peu à me transporter au XIXème finalement. Je poursuis enfin par la visite de l' observatoire, sur la colline, au-dessus de l'hôtel de ville. Endroit encore désert, le genre de musée où l'on se demande si la porte sera bien ouverte. Je vais beaucoup apprécier. J'apprécie toujours les observatoires d'ailleurs. On peut monter dans la tour pour voir un ancien télescope, on peut voir un sismographe en activité, de nombreux vieux instruments d'astrophysique et aussi une salle interactive qui explique les travaux fondamentaux de Struve sur les méridiens ou Opik sur l'étude des astéroïdes. De nombreuses notions d'astrophysique sont expliquées: l'expansion de l'univers, la formation et l'âge des comètes.

Tartu en hiver

Un bon moment et à la différence de nombreux musées de sciences : pas de scolaires ou d'enfant qui hurlent et touchent à tout. Apaisant. Je vais ensuite faire un petit tour dans l'un des shopping centers de la ville, histoire de voir s'il y a du matériel outdoor de qualité. Rien de spécial. Je m'arrête un coup acheter des gâteaux à " Chocolats de Pierre ", un endroit french style et chic de la place de l'Hôtel de Ville et rentre à l'appart pour 17H30. Nous devons manger tôt pour aller au théâtre ce soir. Je vais me régaler d'un plat de pâtes aux girolles, champignons cueillis et mis en conserves par Margit. Manger à 18h n'est pas une habitude mais je vais vraiment apprécier, délicieux. Le spectacle, la veuve joyeuse, commence à 19h au grand théâtre de Vanemuine. Je me plie aux coutumes locales : nous prenons un sac pour mettre nos chaussures de ville et nous nous changerons là-bas. Original de voir tous ces gens chics en train de se changer dans le hall. La salle est pleine et comme chez nous remplie de gens de moyenne d'âge assez élevée. On est au 6ème rang d'un opéra ...pour 9 euros! Très bon prix car Margit connait deux des acteurs de la comédie. Le spectacle commence et c'est toujours magique avec les décors et les lumières. Je suis sûr d'avoir déjà vu cette opérette, à Toulouse je pense avec mon père. Quelques refrains connus, les grisettes de Paris, sur fond de restaurant Maxim's. Marrant aussi d'entendre le français dans le texte. Il ne doit pas y en avoir beaucoup dans la salle. Entracte classique avec boissons et cake, moins de champagne que chez nous, et on repart pour un tour. Applaudissement plus silencieux qu'en France, typique du côté réservé de l'Estonien d'après Margit. Bonne soirée même si j'ai connu plus d'émotions. Nous rentrons dans le froid, fin de la journée. Puis Margit va beaucoup m'aider pour trouver mes bus et un itinéraire correct pour mes derniers jours . Pas simple de visiter l'île de Hiiumaa en hiver. Je vais peut-être devoir changer mes plans.

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VILJANDI

Jour 9

Que faire un lundi? Je dois ce soir me rendre à Parnu mais j'ai beaucoup de temps devant moi. La plupart des musées sont fermés...sauf celui de l'armée! Après avoir laissé mon bagages à la gare des bus et après avoir dit au revoir à la très sympathique Margit me voilà à acheter quelques cartes postales à la poste, à errer dans le centre commercial encore peu ouvert à cette heure matinale puis à tenter de pénétrer les secrets militaires de l'Estonie. Carte d'identité, badge et me voilà dans le minuscule musée, un militaire m'expliquant que ce n'est qu'une infime partie de l'histoire et de la gloire de l'armée nationale. C'est vraiment un endroit mortel pour tuer le temps: des armes partout, des masques à gaz, des photos horribles des dégâts de ces armes, des uniformes... Je prends le temps mais en ressors assez neutre. Je vais ensuite retrouver une dernière fois la place de l'Hôtel de Ville, puis je vais me poser un bon moment au café Vilde pour écrire et profiter de la chaleur d'un chocolat chaud et d'un très bon cookie. Bel endroit cosy genre Paul's Place à Bordeaux en beaucoup plus grand. Bus à 12h45 pour Viljandi. Il est temps de quitter Tartu.-5°c dehors, un peu de neige mais un grand ciel bleu. Paysages champêtres pendant plus d'une heure puis j'aperçois au loin un château d'eau sur une colline, repère marquant de la ville de Viljandi, où je vais m'arrêter cette après-midi. Je n'en attends pas grand chose et pense même m'y ennuyer. Et pourtant! Après un petit repas chaud acheté au supermarché et mangé comme un clochard sur un banc ( pas la mode ici l'hiver) je me rends à l'office de tourisme qui me fournit un circuit rassemblant tous les bons sites de cette ville de 700 ans. Tout commence par l'église Saint-Jean, un bel édifice tout blanc au bord de ce qui semble être une petite rivière gelée. Un manoir, une statue, un arbre sculpté...rien de bien extra mais l'hiver et seul dans cette atmosphère j'ai l'impression que le banal devient beau. Je suis sûr que le même endroit en été ne me procurerait guère d'émotions. J'en viens à me dire que ce sont moins les monuments que l'ambiance nordique qui me plait parfois dans ce voyage. Marcher sur un trottoir, monter des escaliers, une gouttière, un toit....avec la glace partout cela en devient dépaysant. Je suis alors un sentier qui m'amène au sommet d'une petite colline à un pont suspendu de bonne facture. Il mène aux ruines d'un château médiéval commencé au XIIIème siècle.

Château de Viljandi en hiver

Il n'en reste pas grand chose mais la vue y est superbe sur le lac de Viljandi. Assez froid là-haut et vraiment personne VIDEO. Je me promène lentement dans le coin, observant au loin les sportifs qui font du ski de fond ou courent sur les bords ou sur le lac. Le quartier de l'Hôtel de Ville avec son remarquable château d'eau vaut le coup d'œil. Des maisons en bois vraiment typiques, des grosses quantités de neige sur les trottoirs. Une ambiance vraiment désuète voir même tirée d'un film sur la ruée vers l'or.

Viljandi en hiver

Je ressens sûrement plus que dans certaines villes de l'ouest canadien le passé des pionniers. Tout est ici vieux ce qui ne doit pas être le cas à Anchorage ou Whitehorse. L'ensemble a donc énormément de cachet. On y verrait presque des calèches que cela ne choquerait pas. Je vais ensuite descendre par un escalier long et verglacé vers le lac. Des enfants en crampons partent s'entraîner, je verrai pas mal de jeunes faire du ski de fond. Peut-être une partie de leurs obligations. En tout cas il y a pire comme cadre. J'arrive à la base nautique de la ville VIDEO. Surréaliste. Je vais marcher sur la piscine, me tenir debout sous le plongeoir de 5 mètres...Tout est pris par les glaces. Il y a une piste de patins à glace sur le lac et je vais croiser un chasse neige qui dame et trace des pistes de ski de fond. Vraiment un spectacle étonnant. Je vais errer un moment dans le coin puis remonter en ville par des rues encore plus typiques. Il y a un gros potentiel immobilier ici. De grosses villas en bois mais en mauvais état trouveront un jour preneur . Je vais en parler avec des estoniens qui se rendent bien compte que le patrimoine architectural se laisse un dépérir et qu'il faudrait plus de fond pour le restaurer. Je continue par une visite de l'église Saint-Paul (fermée) mais qui en impose de l'extérieur. Plus grand chose à faire, un théâtre en face assez moderne et un cimetière allemand mais j'en assez vu pour aujourd'hui. J'attends mon bus pour Parnu dans un pub local.

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PARNU

Parnu en hiver

18H40 mais le bus est en mode nuit, bizarre, pas de musique et tout le monde semble assoupi. Je me berce donc en regardant les bas côtés couverts de neige et les forêts sombres. Je m'endors presque lorsqu' arrive le terminus de Parnu. Temps assez froid, sûrement du à la fatigue. Je me retrouve dans une ville quasi déserte à la recherche d'un endroit confortable pour dîner. Il est environ 20H30 et ici les gens mangent tôt. Je vais errer dans la rue centrale pour trouver enfin le restaurant populaire du coin, la pizzerria Steffani. Nik, mon hôte du soir, arrivant de Tallinn, m'y rejoindra pour prendre une bière. Il est moitié américain de Providence et moitié croate. Moitié business man moitié professeur d'anglais. Nous rejoindrons ensuite son appartement qu'il partage avec son ami estonien. Un appartement confortable avec encore un très beau poêle et une bonne senteur de bois dans la maison. Une bouteille de vin et une bonnes soirée dans la canapé devant la chaîne Sony sur fond de Marie-Antoinette ou des Tudors. Je tombe de fatigue mais tiens bon jusqu'à minuit. Nik me parle du Kazakhstan, des problèmes de Ryan Air et de sa ligne vers Tallinn, du métier d'enseignant en Estonie, des craintes de la décroissance des salaires des fonctionnaires. Bonne soirée....

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HAAPSALU

Haapsalu en hiver

Jour 10

Réveil naturel vers 10h. Nous partons avec son ami Keiho pour une visite de la ville. Temps pourri avec beaucoup de vent et de fortes bourrasques de neige. A un rythme effréné il me montre les parcs de la ville, les spas (énormes), le port (une banquise!) , son université, la porte de Tallinn, quelques églises, la cité de glace ( il y une grosse fête ici sur ce thème), les quelques belles maisons anciennes, les produits à acheter dans le centre commercial, une balade sur le pont…Nous passerons aussi un moment à nous sécher en prenant notre petit déjeuner dans une " boulangerie " locale. Vraiment un temps à ne pas sortir de chez soi. Je ne peux pas dire que j'apprécie vraiment la ville. Je passe mon temps à courber l'échine face au vent et à regarder mes pieds...Ici la basse saison est vraiment une basse saison. J'ai connu le Québec en été en ne pouvant m'imaginer les paysages pris pas la glace. On me disait alors : " tu verrais en hiver ! " Là tout le monde me dit : " tu verrais en été.. " alors que je ne vois que du blanc. Nous irons rejoindre une amie grecque, collègue de Nik, et qui enseigne aussi à Keiho. Original de sortir avec ses étudiants...pas si courant en France non? Nous la rejoignons chez Steffani, pour déguster des portions gigantesques de pâtes et de pizzas délicieuses à moindre cout. Nous parlerons beaucoup de la prochaine grève qui se prépare ici. Une heure ou 2 ….et ceci est très rare. Le salaire normal de 600 euros par mois pour un enseignant en est la cause. L'Estonien ne proteste pas, il se dit qu'il n'y a pas le choix. Un côté fataliste très peu ancré dans nos pays latins. Ils parlent aussi beaucoup de leurs projets d'échange avec l'Europe. Je vais garder contact avec elle pour essayer de vois si c'est possible. Moi qui voulais organiser un séjour avec mes élèves...Très bonne ambiance, j'aurai peu vu Parnu mais les gens sont là et font de tout arrêt un moment agréable à partager. Retour à l'appartement, de la poudreuse partout, Keiho casse la glace devant l'entrée au marteau pendant que Nik m'amène à la gare des bus sous les bourrasques. Routes enneigées, petit bus...c'est parti pour 2h30 de trajet. Je vais démarrer la partie la plus hasardeuse du séjour. Vais-je m'ennuyer? J'entame mon petit livre de Jerphagnon en intermittence, observant les alentours semblant plus sauvages qu'à l'habitude. Où est-ce la grande quantité de neige fraîche qui me trompe? Passage dans des forêts, groupes de cervidés nombreux dans les champs...j'arrive dans une ville d' Haapsalu en plein déneigement.

Haapsalu en hiver

Les gens s'occupent avec leurs pelles à neige à déblayer devant leurs portes, les chasses neiges passent et repassent et recouvrent parfois des voitures garées depuis trop longtemps. Atmosphère encore une fois réellement dépaysante dans ces rues tracées entres d'énormes tas de neige. Mon hôtel, Paeva Villa, est très bien située avec balcon et vue sur la mer. Pas grand chose à faire ce soir, balade nocturne très agréable, petit tour au supermarché (pas trop faim après le gueuleton de midi) puis correspondance avec en fond sonore Mac Gyver et Walker Texas Ranger qui sauve un enfant d'un incendie, Fast and Furious…que de la qualité ! Encore une fois je me dis que c'est très bon signe. Rien d'exceptionnel ce soir mais une certaine plénitude. Je ne me lasse pas de ces promenades dans la neige et le froid. Ma doudoune, mon bonnet, mes gants ne me quittent plus. En fait je n'ai jamais autant vécu dans des conditions de froid qu'ici. Mes vêtements, l'ambiance, tout est si différent. Comme si je vivais un autre personnage pendant 2 semaines. Tous ces fragments de vie ne formeraient pas une mosaïque agréable et sensée si ils n'étaient pas disposés de façon réfléchie. Tout prend sens et chaque voyage est plus maîtrisé que le précédent. Répondre à ses envies du moment.

Jour 11

Très bonne nuit, très confortable. Je me réveille, ouvre les rideaux et j'observe avec émerveillement la mer gelée et la poudreuse épaisse, le tout sous un grand ciel bleu. Hôtel avec une vue imprenable, vraiment VIDEO. Un gros petit déjeuner au buffet puis je me rends directement à l'office du tourisme pour faire ce qu'il y a de plus urgent: me trouver mes deux dernières nuits. L'office est bien tranquille et la jeune conseillère m'avouera qu'avant avril il n'y a pas grand chose à faire. Je souhaite passer mes deux nuits sur l'île de Vormsi. Plus petite qu'Hiiumaa je pourrais plus facilement me déplacer sur les côtes je pense. Pour 2 euros elle se charge de ma réservation ce qui n'est pas si simple. Les 3 premières guesthouses sont fermées....il n'en reste qu'une qui finalement pourra me recevoir et me fournir petit déjeuner et diner. Il n'y a qu'un petit magasin sur l'île. Pour être isolé, je vais l'être. Soulagé d'un poids je commence ma visite de la ville par le château, situé en plein centre. Un superbe endroit avec toute cette neige immaculée. Le musée n'est pas ouvert mais il reste une superbe balade au milieu des enceintes. D'une tour de garde la vue sur la ville est magnifique VIDEO. Des groupes de scolaires arrivent avec leurs luges afin d'en découdre avec la virginité du lieu. Ils y arriveront. Un bien bel endroit où je vais savourer le temps magnifique qui m'est offert aujourd'hui.

Haapsalu en hiver
Gare d'Haapsalu en hiver

Je redescends ensuite la rue Posti qui semble, avec la rue Karja, rassembler les principaux magasins de la ville. De petites échoppes plutôt que nos enseignes classiques. Des galeries d'art aussi. Bien tranquille. Je me rends au sud de la ville à l'ancienne gare qui reliait un temps la ville à Tallinn. Il y reste des anciennes locomotives, la réserve à eau, des aiguillages...Avec la neige le lieu ne manque pas de cachet. L'ancienne voie est transformée en promenade. Elle passe au milieu des roseaux dans ce qui doit être l'été un écosystème plutôt marécageux je pense. Superbes paysages sur la mer gelée. Je poursuis en longeant la bordure ouest de la ville. Haapsalu est comme une fine bande de terre entourée d'eau. J'en arrive à un grand lac, lui aussi entourée par la mer, d'ailleurs pas sûr qu'il soit rempli d'eau douce. Très beau et très calme. Quelques personnes promenant leur chien ou faisant leur footing, mais vraiment peu de monde. J'arrive à une marina en hivernation: bateaux sur cales...sauf un qui résiste à la pression de la glace. Une tour d'observation (dans quel but?) me permet d'avoir une magnifique vue sur les lieux VIDEO. J'essaye de m'imaginer l'été...mais pas tant que ça en fait. Je suis sûr que je suis là au bon moment. Des pontons se confondant à la surface blanche de l'étendue d'eau, des congères au pied des coques...Un bel endroit. Je redescends par Sadama et commence la promenade, le long de la plage africaine(?). Toute station qui se veut soit huppée soit un peu thermale se doit d'avoir sa promenade, ses pontons et ses bancs face à la mer. Beaucoup de choses à voir dans le coin. Un banc, à moitié enfoui sous la neige, en l'honneur de Tchaïkovski qui séjourna et composa ici. Une route balisée sur la glace avec ses panneaux totalement surréaliste...même si là elle est fermée...à cause de la " douceur " des derniers jours. De belles maisons en bois, une belle église, des statues pour finir à une assez haute tour d'observation des oiseaux.

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Haapsalu en hiver

Du sommet, vue magnifique sur les environs VIDEO. Le soleil baisse à l'horizon, il doit être 17h...j'ai sorti les solaires toute la journée, j'en ai profité et je pense maintenant me retourner à l'hôtel pour me reposer un peu et profiter de la vue de la terrasse. J'étais vraiment là le jour qui fallait. Les toits ruissellent de l'eau de fonte et les quelques degrés au dessus de zéro finiront vite à enlever le charme éphémère des lendemains de grosse chutes de neige.

Petite sortie nocturne pour aller manger. Rues désertes...je tombe sur une adresse du petit futé....et affirme que ce n'est pas une bonne adresse. Séduit par les pâtes aux champignons de Margit j'imaginais que c'était un plat national inratable ici...Et bien dans une pizzeria c'est possible. Je crois que les champignons étaient un peu rances...en tout cas, comme très rarement, je ne finirai pas, de peur d'être malade. Poursuivre par une traversée du parc du château en nocturne pour éliminer tout ça. Je remarque des petites lampes à huile régulièrement disposées et qui amènent au musée du château. Bizarre il est pourtant fermé...je n'enquêterai pas plus. Je profite de ma dernière soirée dans cette ville finalement très attachante et dont je n'attendais rien. J'avais eu quelques craintes pour la fin de ce séjour et pourtant chaque journée apporte son lot d'émotion. Je suis programmé malgré moi pour ne pas m'ennuyer en Estonie.

ÎLE DE VORMSI

Île de Vormsi en hiver

Jour 12

Je quitte mon hôtel sympathique pour rejoindre l'arrêt de bus, bus qui m'amènera au port de Rohuküla, à environ 10km du centre ville. Rues très tranquilles encore une fois ce matin. Ambiance village dans une ville de 10 000 habitants. Rien de remarquable sur ce court trajet à part les ruines du château d'Ugru. J'aime les ruines sous la neige. C'est comme la chantilly sur la glace. Un truc en plus qui rend tout plus savoureux. J'arrive au port et commence par me prendre la plus grosse gamelle du séjour sur un sol verglacé sous le regard du vieux chauffeur qui a du en voir d'autres. Je vais avoir mal à la poitrine toute la journée...Se casser une côte ici serait un peu ennuyeux non? Je vais attendre dans la salle d'attente une bonne heure et demi, seul avec la dame d'entretien, mon livre de pensées philosophiques et le tableau de bord de tout bon port: température de l'eau 0°C, de l'air -1°C, pas de vent et une forte humidité. Je rejoins ensuite le ferry pour l' île de Vormsi que je trouve assez petit vu la taille des deux ou trois camions qui attendent. Mais le Tetris est un jeu maîtrisé par les gens de port...Nous ne partirons même pas pleins. Drôle d'ambiance dans ce ferry avec 5 personnes dans le salon, un peu désuet. Je m'impressionne de ce départ VIDEO, seul touriste sur un bateau qui, sans être un brise glace, avance lentement dans un pack de plus de 50 cm d'épaisseur. Sensation grand nord unique pour moi. Vraiment impressionnant. On remarque des traces d'animaux le long du chenal libre qu'emprunte le ferry VIDEO. La patronne de ma chambres d'hôte (Elle-Malle) me racontera que les loups suivent parfois le gibier. Il y en avait un sur l'île l'an dernier! Assez surréaliste pour un français qui a vu son dernier loup disparaître en 1937. Je m'arrange à demander à un des passagers s'il y aurait moyen de m'amener au village de Hullo. Il existe bien un bus mais il semble si aléatoire et en plus l'arrêt est un peu loin de là où je vais. Pas de problèmes les 2 gars m'amèneront. J'observe aussi la route glacée, balisée par des branchages. Un 4x4 l'emprunte…malgré la fermeture officielle. Les gens d'ici connaissent les conditions et ne suivent pas trop les directives officielles ...malgré les quelques accidents qui arrivèrent par le passé. Arrivée un peu délicate du bateau. Il va s'y reprendre à 4 ou 5 fois pour se caler près du quai. Un gros paquet de glace l'empêche de bien approcher. J'observe l'engin fracturer ce bouchon et la coque comprimant ce mélange de glaçons plus ou moins gros. Un coup plus violent m'enverra percuter la rambarde...Encore un bleu et une tache de plus sur ma doudoune! Déposé sur ce bout de ponton désert, je retrouve les 2 gars dans un gros 4X4 Nissan tout neuf. Comme disait Keiho... " Les estoniens voient leur voiture comme une extension de leur sexe! Peu importe leur intérieur de maison, que personne ne voit…alors que la voiture... " . C'est un peu partout pareil, ce désir de paraître.

Île de Vormsi en hiver

Tout cet argent dans de la tôle...je vous laisse vos croyances. Je roule en Clio diesel 3 portes...L'un des gars, genre Hellfest, me demande ce que je viens faire ici en février. Je lui explique, comme à tous, mon désir de calme et de nature sauvage sans les hordes de touristes (les loups je veux bien). Plaute " L'homme est un loup pour l'homme ". Il me propose de venir voir la vie des vrais gens du coin. De quoi veut-il parler? Puis il m'offre de sa bière et me demande si j'aime la vodka...J'ai compris le genre de hobbys qu'il souhaiterait partager. En tout cas très sympa...ils me déposeront un peu après le village d' Hullo. Ils me proposeront même de me conduire quelque part si je tombe en rade. Très hospitalier l'insulaire! Je me retrouve à la pension Elle-Malle, entourée de bois. Je suis le seul client...de toute l'île donc. La patronne prolixe et serviable me procure une carte, m'installe confortablement et me conseille pour me promener d'emprunter son traîneau -luge. Comme un traîneau à chien sans chien. On pousse et on met un pied ou deux sur une fine tige en métal qui glisse sur le sol gelé. Exotique, je l'avais déjà vu ici, je vais maintenant l'essayer. Petit repas frugal dans ma chambre sur mes réserves puis vers 14 h je file à la découverte de l'île. Plusieurs possibilités, le nord, le sud...Pour la patronne tout est pareil : " il n'y a rien à voir en hiver! " . Je fonce vers le Nord...forcément...c'est psychologique et plus profond que ça sûrement. D'abord 4 km de route enneigées sans aucun trafic. Je vais les avaler rapidement avec mon traîneau. Fatiguant à pousser sur une jambe mais on avance assez vite c'est certain. De la forêt et du calme. Une église et un cimetière. J'arrive à Borrby, un village sur ma carte...3 maisons par-ci par-là en vrai. La route praticable s'arrête là pour moi . Le laisse la voiture du Père Noël au bord du chemin et suis une trace de 4x4 . 1 ou 2 km plus loin j'arrive au bord la plage. Plage...en fait je ne vois pas un seul galet ni un seul grain de sable mais elle est là sous mes pieds. Paysages que je trouve fabuleux VIDEO. La mer n'est pas prise par les glaces entièrement par ici et on voit de nombreux oiseaux (beaucoup de cygnes) volant et jouant la bande son de ce spectacle en cinémascope. Sentiment de plénitude renforcé par cette solitude souhaitée avec la nature en fond. Je vais partir vers l'ouest, vers la pointe de Austurgrunne que je vois à quelques km de là. Ce qui ne serait qu'une formalité en été sera vraiment éprouvant physiquement aujourd'hui. De la neige poudreuse non portante...Je fais ma trace dans la neige immaculée et m'enfonce à chaque pas parfois jusqu'au genou. C'est épuisant mais je me bloque en mode bourrin. J'en enlève ma doudoune tellement je chauffe. Il n'y aura d'arrêt qu'à la pointe. Le sentier longe d'abord la plage par la forêt puis se déroule sur un isthme légèrement plus roulant. Au fur et à mesure de mon avancée je m'imagine de plus en plus sur un paysage arctique.

Île de Vormsi en hiver
Île de Vormsi en hiver

Encore plus qu'au lac Peipsi où l'on voyait les pêcheurs en toile de fond un peu partout. Ici un seul promeneur à des kilomètres, de la glace et des oiseaux VIDEO. Au bout c'est l'exaltation. Un appel à ma mère pour qu'elle imagine où je suis. Glaçons dérivants, oiseaux, et la pointe qui se prolonge vers l'horizon en glace. Je vais passer un long moment dans ce coin à me ressasser la chance que j'ai de voir de telles choses. Je ne suis pas le premier à venir ici bien sûr mais la neige remet les compteurs à zéro et tout ici est pur et immaculé. Aucun signe de pollution, aucun signe visible de civilisation si ce n'est une antenne relais au loin...Un monde perdu dans le froid. Un monde qui devait être le même il y a des siècles. Un goût de passé dont je me régale assis sur un rocher. Un hélicoptère, une caméra HD et on y tourne Ushuaïa Nature VIDEO. Je vais rentrer tranquillement me servant de mes traces originales pour moins me fatiguer. Pas si sûr, marcher dans des trous profonds n'est pas si simple non plus. Derniers regards sur cette plage et sur cette mer qui commence à rougeoyer un peu avec le soleil plus rasant. Magnifique. La fin sera plus simple voir amusante. Je me lance à fond sur mon traîneau, manquant plusieurs fois de m'étaler...mais avalant les km à grande vitesse. J'arrive un peu avant la nuit. La grande maison vide, la cheminée, l'odeur de bois, le confort de ma chambre...tout est parfait. A 19 h la patronne me sert le dîner devant la cheminée et discute avec moi tout le long. Pas du couchsurfing mais encore un contact très intéressant avec l'habitant. Une soupe façon russe tout d'abord. Très bonne. Puis un haché de porc sauvage que son mari a chassé accompagné de purée maison, de carottes, et de cubes de citrouilles marinés. Une spécialité estonienne que je me dois d'essayer de retour en France. Un régal! Elle me questionne sur ma venue ici en février. Me demande si je suis là pour le travail, écrire un livre ! Bien la première fois qu'on me prend pour un enquêteur Lonely . Elle m'assure que je ne suis pas un touriste normal. Venir en février pour marcher! Une hérésie. Très sympathique dame. Et une étape merveilleuse. Saaremaa, Hiiumaa...oubliées. J'ai choisi la petite île et cela me correspond vraiment. Exactement l'endroit que je cherchais. Pas de wifi, tant mieux et aucunes distractions possibles. Je vais finir ce voyage si étonnant en beauté. Le mari de la patronne se fait un sauna ce soir et elle me propose d'essayer. Je ne vais pas manquer cette occasion. C'est une institution ici. Je ne trouve d'abord cela pas très chaud, je comprends vite qu'il faut lancer des louches d'eau sur les pierres chaudes pour remplir la pièce de vapeur brûlante. Au bout de 15 minutes environ, je sens qu'il est temps de sortir. J'ouvre la porte de la maison et m'allonge nu dans la neige, me frictionnant tout le corps. J'étais plus gêné par l'obscurité et les branches que par le froid. Reste que j'étais tout rouge en rentrant...mais la peau douce et purifiée! Fin de soirée à écrire, à écouter de la musique...Vraiment une étape chaleureuse et remarquable.

Île de Vormsi en hiver

Jour 13

Grand beau temps mais beaucoup de vent prévu. La patronne m'assure que regarder la météo est une chose primordiale ici: savoir si l'on part chasser, pêcher, en mer...Rien de moins normal pour des insulaires. Le déjeuner est servi et bien trop copieux pour moi. 3 omelettes, café, confitures, saucisses...je vais pouvoir m'en faire mes sandwiches de midi. Les petits déjeuners des guest houses, en France comme ailleurs sont toujours bien plus intéressants que les buffets standardisés des hôtels, sans imagination. 9H30: le sac prêt, gants, bonnets et pull supplémentaire, une ration de snickers et bounty pour le plaisir, une carte de l'île et me voilà parti avec le traîneau. La patronne m'avouera qu'elle ne pensait pas que je reparte avec. Elle avait dit à son mari que j'avais essayé poliment et que cela ne m'avait peut être pas plu. Erreur, j'adore, c'est facile, pratique, rapide, original, typique et physique VIDEO 1VIDEO 2. Tout ce que j'attends. Je vais partir pour un long périple dans l'île. L'avantage de Vormsi est sa taille. Un peu comme sur l'île verte au Québec, un piéton est plus à son aise sur des petites surfaces je trouve. Moins de frustration de savoir si ce n'était pas mieux à l'autre bout. Non pas que je vais voir toute l'île mais une bonne part de sa moitié ouest. Je commence par le cimetière de Hullo (celui du nord) , remarquable aujourd'hui par les édifices à moitié enterrées sous la neige et par ces croix typiques de l'époque suédoise. Je file à bon train vers le nord-ouest et atteint Kersleti. Comme pour tous les villages rencontrés, je parlerai plutôt de hameau. Un panneau d'entrée, un arrêt de bus et quelques maisons disséminées. Pas le village à la française. J'atteins ensuite Saxby d'ou je vais aller jusqu'au phare de l'île. Juste avant d'y arriver une tour (fermée) de météo ou d'observation se dresse face à la mer. Vent très fort et vagues qui bousculent les gros blocs de glace dérivant ou fixes. Pas envie de s'y baigner. Tout proche, le phare se dresse au sein d'une enceinte fermée avec quelque baraques, une maison et des niches de chien. Dommage je vais devoir m'enfoncer dans la poudreuse, accrochant ma doudoune dans les arbustes (grrr!) pour arriver au pied de ce phare. Beaucoup de vent VIDEO, et des tas de statues faites de pierres plates empilées. Elles me rappellent les statues utilisées par les Hurons de Wendake ( Québec) dont les bras indiquaient les directions et autres messages.

Île de Vormsi en hiver

Je remarque une baraque avec une fenêtre vers la mer , et sa lampe tempête juste à côté. Le genre d'endroit où tu as envie de rester des heures durant, observant les éléments. Retour par le même chemin vers Saxby. Et comme tout au long de la journée...une pause à chaque arrêt de bus. Toujours aucune voiture. Trafic nul sur Vormsi. Je reprends la route plein sud sous un soleil magnifique. J'avance à bonne allure, alternant marche et relance du traîneau. Quelques cervidés dans la bois semblent dérangés par ma présence, ce sont bien les seuls. Suuremoisa et ses maisons en ruine puis Hullo. Revenir à la guest house sera déjà la conclusion d'une bonne balade...mais je veux finir en beauté et une envie de me dépasser un peu me pousse à poursuivre vers Rumpo où je vais laisser le traîneau. La neige commence à fondre et le retour ne sera pas aisé en traîneau...très lourd dans la soupe. Rumpo est l'entrée d'une aire naturelle protégée. Je suis quelques traces qui s'arrêtent vite puis me lance dans un long périple harassant. La fatigue commence à arriver et la progression est difficile. Le " sentier " longe la mer mais n'offre que peu de vues. Heureusement quelques petites plateformes d'observation pas bien hautes permettent d'augmenter son champ de vision. C'est beau mais je n'ai pas le choc de hier. La mer est ici toute gelée et je trouve l'ensemble moins arctique. Je pars ensuite hors sentier longer le rivage. Une barque à moitié ensevelie sous la neige, des arbustes et d'énormes congères dans lesquelles je m'enfonce de manière continue.

Île de Vormsi en hiver

J'atteins enfin une dernière tour VIDEO. Il doit rester 500 m pour aller au bout de la pointe mais j'abandonne. Le paysage ne me semble pas en valoir la peine. L'intérêt de cette marche en devient un défi physique, en mode bourrin. Je me retrouve sur l'autre rive, en plein vent et dans une neige encore plus profonde. Conditions qui me rappellent celles du Cotopaxi ou crevé, je n'arrivais plus à avancer contre le vent. Le couvert forestier très dense ne m'inspire pas trop, je vais devoir longer hors sentier cette côte espérant trouver une ouverture quelques part. Me prenant pour Bear Grylls j'observe un fil de clôture et me dit qu'en le suivant je trouverai des piquets et qui dit piquets dit chemin un peu dégagé pour les planter. Bingo ...je peux retourner sur le sentier principal. Enfin cela ressemble plus avec les congères à des montagne russe. De là je vais rejoindre mon traîneau à l'entrée du parc, avec un peu le même sentiment qu'on a après une rando quand on rejoint la voiture. C'est une fin mais pas la fin. Il me reste 4 km de mauvaise route à m'avaler. La neige a bien fondu et j'ai le vent de face. Parfait....de quoi bien s'achever. J'arrive crevé et un peu rouge à la guest house. 8 heures de rando-traîneau pour environ 30 km selon la patronne et ma carte. " You're a superman! " me dit-elle. J'en rigole. Je vais passer quelques minutes à m'étirer et à reprendre forme humaine. Que retenir? Une superbe journée. Originalité absolue pour moi avec ce mélange traîneau et marche. Des forêts désertes, des animaux, le silence, la glisse, l'effort physique, les éléments, les paysages. Exactement ce que j'attendais. Vormsi dépasse même mes espérances. Ce voyage est à 100% à chaque instant en adéquation avec mes souhaits. J'en parlais hier soir par SMS avec Titi qui lui aussi a adoré. Un déclic de plus pour nous deux. Mais à force d'allumer des mèches...que va-t-il se passer? Deux semaines tellement enthousiasmantes. 18H30 le repas est servi. Un peu tôt pour moi, et je sais que cela va être bon et copieux. Délicieuse soupe de légumes, pâté de porc sauvage avec pommes sautées aux champignons (cueillis par la patronne), gâteaux russes... Elle me gave! Nous parlerons comme souvent des problèmes de revenus en Estonie. Sa sœur institutrice à 540 euros, sa voisine à 240 euros et son fils sans emploi à 76 euros par mois! Un salaire moyen entre 800 et 1000 mais bien peu le gagnent dans les campagnes me dit-elle. Et ces gens qui boivent et fument leurs maigres revenus...Comment font-ils pour survivre? J'ai dépensé plus de 400 euros en deux semaines...en étant souvent logé gratuitement. Et leurs voitures? Elle m'avoue qu'elle aussi ne comprend pas comment les gens peuvent se les payer. Ici sur Vormsi j'ai quand même vu quelques vieux tacots plus en rapport avec les revenus. Je m'endors facilement après quelques pages de Jerphagnon.

Île de Vormsi en hiver

Jour 14

Réveil matinal, comptes...la patronne m'offre une de ses conserves maisons de citrouilles. Elle doit vraiment me prendre pour un employé de Lonely Planet! Vraiment un accueil généreux, une très bonne adresse. Je rejoins l'arrêt de bus de Hullo...complètement désert, sous un ciel magnifique. Le bus local porte bien son nom ici. Le chauffeur connaît tout le monde (150 habitants en hiver), s'arrête devant une maison, hurle un truc, repart et l'on poursuit par la tournées des hameaux de la partie est de l'île. On n'y prendra personne mais j'apprécie une dernière fois cette visite offerte de Vormsi. Le ferry ne transportera aucune voiture aujourd'hui et nous serons 4 passagers! Le départ me réjouit. Rarement vu, peut-être dans le nord de la Norvège ou pour l'île verte au Québec, un embarquement aussi exotique. La mer gelée et un bateau. Quelques oiseaux. Je vais passer les 45 minutes de la traversée dehors, seul sur le pont, désirant savourer jusqu'au bout cette ambiance si exaltante VIDEO. L'île de Vormsi s'éloigne, je reconnais la pointe de Rumpo où je randonnai hier. Un 4X4 passe sur la route de glace, au loin le ferry pour Hiiumaa. Je suis à 100% comblé par ce que je vis et vois. Arrivée toujours délicate, comme la veille avec les gros paquets de glace qui entourent le ponton. Avec un peu de retard nous arrivons au port d'Haapsalu.

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Plus de photos de l'île de Vormsi


Île de Vormsi en hiver

Assez de retard pour manquer le taxi. Je vais en partager un avec une maman et sa fille, jusqu'à la gare des bus qui est en fait l'ancienne gare des trains désaffectée, ce qui est plutôt plus intéressant que les habituelles gares de banlieues. Un peu d'attente et en route pour Tallinn. Lumière intense et paysages blanc pour ce retour, pourtant je somnole tout le long. Arrivé dans la capitale, je laisse mon sac à la consigne et pars à la recherche de souvenirs dans la vieille ville. Trajet peu intéressant au milieu des hôtels d'affaires et de leurs boites à strip-tease forcément proches. L'effet Strauss Kahn semble être d'une banalité dans ces milieux. Là où dort l'argent, le sexe n'est pas loin. Un petit tour dans le Mall de Viru. Je remarque que les statues de glace de la semaine dernière sont en débris. D'ailleurs la neige a bien fondu ici mais les trottoirs sont de vrais patinoires avec le gel et le dégel. Rien de plus dans ce mall que ce que l'on peut trouver chez nous. Je ne suis pas convaincu du rayon alimentation. Je repars donc dans la vieille ville à la recherche de la maison du marzipan que j'avais repérée au début de mon séjour. Je note tout d'abord la présence d'un bien grand nombre de touristes en ville. La place de l'hôtel de ville, avec ce soleil, sans neige au sol...Je préfère ne pas voir et garde de Tallinn l'image de la ville froide et enneigée des premiers jours. Je persiste à me dire que l'été ce doit être le cirque ici. Achat de quelques douceurs puis je rentre prendre mon bus pour l'aéroport. Je suis passé en mode retour et plus rien ne doit m'enlever les images de ce matin, tranquille sur l'île. Premier réflexe à l'aéroport, changer de peau. Redevenir l'autre. Cela commence par ranger sa doudoune et ses chaussures de randonnée. Passer en mode aéroport. Le voyage se termine. Le trajet retour, Francfort puis Toulouse se fera sans aucun stress. Ma mère et ma sœur m'attendent dans le nouvel aérogare de Toulouse. Il est presque minuit. Pas de neige au sol. Retour à la maison.

CONCLUSION

Estonie en hiver

Un merveilleux voyage. J'étais parti voir le Nord de l'Europe dans ce petit pays méconnu pour trouver le calme et une atmosphère hivernale. Du temps pour lire, pour se promener seul dans la nature et pour se faire plaisir dans les musées et sites médiévaux du pays. Tout a dépassé mes espérances. Beaucoup de moments d'émotion comme dans le parc de Lahemaa, isolé à marcher en pleine forêt, ou comme sur l' Île de Vormsi, seul touriste, profitant du sauna , d'un chalet chaleureux en bordure de forêts et sillonnant les routes sur mon traîneau. Des étapes me comblant à chaque fois. Avec les estoniens qui m'ont reçu avec beaucoup d'hospitalité ou seul dans des endroits vraiment dépaysants, je me suis toujours senti au bon endroit. Le moindre site banal devenant presque pour moi source d'exaltation sous la neige et dans le froid. Et puis la sensation rare d'une pseudo virginité des sites rencontrés. Faire sa trace dans la neige n'est pas suivre un sentier. Tout paraît permis et on a l'impression revigorante d'être le premier. Etre seul au monde dans un endroit du monde. Pas si courant dans nos vies. Les locaux ont beau me dire " l'été c'est autre chose!", je répète, sûr de moi, que c'est cette saison qui me comble le plus. Et encore une confirmation sur le plaisir du voyage hors saison. La météo ne peut pas grand chose contre le plaisir d'être vraiment hors de la foule et des circuits touristiques. La meilleure manière de vraiment ressentir un pays sans être parasité par mes concitoyens. Un voyage 100% plaisir, avec ma doudoune et mon bonnet, et une ouverture certaine vers de futurs projets dans les régions septentrionales. Un grand cru à conserver à -5°C.

LE POUR: le calme, les joies de la hors -saison (pas de touristes en dehors de Tallinn), les joies de l'hiver, l'ambiance arctique parfois, le dépaysement (lacs et mer gelés, traineau, ambiance blanche), la nourriture et les transports bon marchés, l'accueil des estoniens, la culture (opéra, musées...), les villes médiévales, le hors sentier battus, l'isolement, le budget, l'incroyable île de Vormsi, le ferry.

LE CONTRE: presque rien...en cherchant un peu...les transferts en bus parfois peu aisés pour atteindre ou circuler dans les endroits un peu reculés, les quelques sites (surtout des belvédères) fermés en hiver, les chaussées glissantes en permanence, le froid ...pour celui qui part mal équipé.